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Mathias Hioco, Carizy : "La priorité doit être donnée au financement en ligne"

Publié le 21 octobre 2020

Par Gredy Raffin
6 min de lecture
Le président et fondateur de la plateforme Carizy s'exprime sur les développements prochains du service de transaction de véhicules d'occasion entre particuliers. Son chantier majeur concerne un module de financement digital.
Mathias Hioco, fondateur de Carizy, la filiale de Renault spécialisée dans les petites annonces.

JA. Deux après l'entrée de Renault au capital, quels ont été les changements en coulisse ?

Mathias Hioco. Nous étions une équipe de 20 personnes pour délivrer ce service alors inédit de prestation clé en main. L'arrivée de Renault nous a permis de nous développer et de recruter des ressources pour compter presque 70 salariés. En 2019, nous avons triplé les volumes de transactions, ce qui nous a donné la possibilité de structurer le service et de le faire connaître, notamment avec des campagnes publicitaires.

 

JA. Quelles sont les statistiques d'activité de Carizy ?

MH. Nous réalisons plusieurs centaines de vente par mois, grâce à un volume de 700 annonces qui passera à plus de 1 000 avant la fin de l'année. En termes de fréquentation, nous enregistrons plus de 10 000 de visiteurs uniques par jour. Le portrait-robot de notre client se rapproche de celui des utilisateurs de service digitaux. Il a un peu plus de 40 ans en moyenne et le taux de féminisation frôle les 50 %, alors que nos études en amont, notamment sur Leboncoin, nous amenaient à observer que la proportion d'hommes était bien plus élevée.

 

JA. Quel regard portez-vous sur le métier d'infomédiaire et son évolution ?

MH. Le périmètre n'a pas beaucoup évolué. La grande majorité des acteurs est toujours en place et solidement installée. En revanche, il y a eu une multiplication des services sur ce qu'on peut désormais considérer comme des plateformes. Certains proposent désormais l'estimation de la valeur ou la sécurisation du paiement en ligne.

 

JA. Partant de cette analyse, quelle place tient votre plateforme ?

MH. Nous avons une véritable valeur ajoutée par rapport à ces sites qui demeurent généralistes. En tant que seul acteur du service clé en main, nous apportons un autre niveau de prestation et d'expérience utilisateur. Dans une logique de convergence des solutions à disposition, nous réalisons l'inspection à domicile en moins de 24 heures, traitons les aspects administratifs et assurons la livraison entre autres étape. La capacité à opérer une telle chaîne de valeur constitue une barrière à l'entrée.

 

JA. Vous n'êtes pas totalement seul, il y a de la concurrence…

MH. Peu après notre lancement il y a plus de 5 ans, de nombreuses startups ont tenté l'aventure mais peu ont réussi à se structurer car le métier reste complexe à opérer et les investissements sont importants. Il reste aujourd’hui des intervenants plus matures qui continuent de se développer car le potentiel du marché est très important. Nous entendons bien garder notre position de leader en continuant d'innover et d'accompagner au mieux les clients.

 

JA. C'est aussi une question de coût opérationnel. Est-ce le principal enjeu ?

MH. L'organisation dans son global est un sujet primordial, en effet, pour délivrer la prestation de manière profitable. Le véritable défi désormais sera marketing. Nous devons trouver les moyens de faire connaître le service au plus grand nombre. Les gens ne connaissent pas forcément malgré l'élan de démocratisation. Nous ne sommes pas beaucoup sur ce segment et nous faisons face à une foule d'annonceurs automobiles qui ont chacun un type de service à proposer. Nous devons émerger de cette masse.

 

JA. Contrairement à ce que l'on observe dans la culture anglo-saxonne, la prestation de service n'est pas toujours appréciée à sa juste valeur, en France. L'évangélisation ne constitue-t-elle pas aussi un défi de taille ?

MH. Les choses sont plus simples aujourd'hui qu'il y a six ans, quand nous n'avions à faire qu'à des early adopter. Nous avons un parcours très digitalisé et nous passons beaucoup de temps avec les clients pour leur expliquer le fonctionnement, les bénéfices et les étapes de la vente qui sont franchies.

 

JA. En janvier dernier, Renault France avait fait l'annonce, dans nos colonnes, d'un schéma impliquant Carizy. Aux dernières nouvelles, il a été gelé. Qu'en est-il à ce jour ?

MH. En effet, nous avions lancé Renault entre particuliers qui apporte les bénéfices de Carizy aux clients de la marque, en s'appuyant sur les concessions. Nous savons qu'il a du potentiel. Mais les différents événements de 2020 nous ont poussé à nous recentrer temporairement sur des projets propres à Carizy.

 

JA. Que préparez-vous concrètement ?

MH. La priorité, selon moi, doit être donnée au financement en ligne. Il y a un très gros potentiel qui attend d’arriver à maturité. Nous avons ouvert un chantier avec la Diac pour proposer un parcours 100 % digital aux consommateurs, qui pourront retrouver tous les documents en ligne la signature électronique. Ce service verra le jour dans les prochaines semaines et apportera un bénéfice important. Nous serons en mesure de proposer toutes les formules de financement classiques, comme dans le réseau physique traditionnel.

 

JA. Quel sera le modèle économique et quels seront les objectifs ?

MH. Je ne peux pas livrer le secret du modèle d'affaire, mais retenez que nous serons rémunérés sur l'activité. En termes d'objectif, nous souhaitons monter en puissance progressivement pour atteindre une pénétration à terme de 50 %.

 

JA. Quels sont les autres services qui pourraient faire leur apparition ?

MH. Durant la période de confinement, notre activité a subi un coup d'arrêt, comme dans tout le secteur. Mais en adaptant l'offre nous sommes parvenus à relancer la machine et maintenir 40 % de notre volume habituel. Parmi les mesures adoptées, il y avait la gratuité de la livraison. Le succès de ce service nous a donné à réfléchir. Désormais, nous offrons les 50 premiers kilomètres. Le résultat se mesure : le taux de souscription est passé de moins de 20 % à plus de 60 %. Dans un autre registre, nous nous penchons sur les contrats d'entretien. Le dossier sera bientôt ficelé et nous sortirons une solution prochainement.

 

JA. Vous aurez bientôt 1 000 annonces sur votre site. Pourriez-vous devenir une passerelle d'approvisionnement de VO pour les professionnels prêts à faire du rachat cash ?

MH. Nous gardons cette idée en tête, après l'avoir testée. Notre priorité reste cependant le service originel. Carizy va poursuivre dans l'accompagnement des particuliers avec la promesse de tirer une plus grande somme dans un délai raisonnable, selon les exigences de chacun des clients.

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