Les priorités et attentes des concessionnaires
Les concessionnaires ont-ils le choix ? Pas vraiment. Ils se doivent absolument de travailler avec les captives des marques qu'ils représentent s'ils souhaitent à la fois afficher des niveaux de ventes dignes de ce nom, être soutenus financièrement en cas d'opérations de croissance externe ou de "coups durs" et être rémunérés de façon conséquente sur les dossiers de financement "écoulés". "Nous privilégions notre captive car elle connaît bien les modèles de la marque, nous forme correctement à ses différentes offres de financement et nous rémunère de façon plus conséquente si nous affichons des taux de pénétration élevés", confirme Pierre Ginot, président de DAPG, une société d'une trentaine de collaborateurs qui compte actuellement deux infrastructures Citroën basées à Gex dans le département de l'Ain (01). "Nous travaillons pour l'essentiel avec Citroën Financement, nos autres dossiers de financement étant surtout "écoulés" auprès de Cetelem", poursuit Pierre Ginot. Les autres concessionnaires semblent sur la même longueur d'onde que le président de DAPG. "Nous travaillons à 95 % avec BMW Financial Services et à 5 % avec CGI et Viaxel", indique Eric Szczepaniak, directeur général de la concession BMW-Garage du Bac, une entité qui distribue des véhicules de marques BMW et Mini dans trois infrastructures situées respectivement à Chennevières-sur-Marne (94), Nogent-sur-Marne (94) et à Paris dans le 12e arrondissement. Le groupe Bernard s'attache lui à toujours privilégier la Diac dans ses 6 points de vente Renault et 5 points de vente Nissan, ce groupe travaillant avec Viaxel au niveau de ses sites labellisés Bernard VO (il s'agit de son partenaire privilégié en matière de VO). "Notre captive nous connaît bien, intervient régulièrement auprès de notre force commerciale et est un soutien incontournable de notre activité, y compris lors de nos différents développements, explique Jean-Christophe Vanier, directeur général de la branche Renault-Nissan du groupe Bernard. Nous pouvons par exemple envisager de lui demander de nous accompagner suite à un pic d'activité ou encore dans le cas d'une opération de croissance externe. La captive est notre première banque." Mais attention : le groupe Bernard travaille également avec d'autres organismes comme le CGI, ces organismes étant essentiellement sollicités lorsqu'il entre en contact avec certains clients ou lorsqu'il a déjà atteint certains niveaux d'encours. "Nous ne disposons pas de contrats annuels avec ces organismes", précise néanmoins Jean-Christophe Vanier. Une chose est sûre : tous les concessionnaires sont incités à travailler fortement avec leurs captives pour des raisons de rémunérations, les distributeurs étant commissionnés à la fois au dossier et sur le volume d'affaires annuel qu'ils réalisent avec les captives.
"Les campagnes à taux compétitifs ont soutenu nos activités VN et VO"
Les commissions au dossier dépendent pour l'essentiel des taux affichés et de la commercialisation ou non de prestations annexes (assurances, extensions de garanties…). "Les niveaux de commissionnement au dossier sont à peu près identiques entre tous les organismes de financement, qu'il s'agisse de captives ou de sociétés de crédit indépendantes", estime Eric Szczepaniak, ce dernier reconnaissant néanmoins que sa captive est particulièrement rémunératrice au niveau de ses produits d'assurances. Il admet aussi qu'avec la crise, ses points de vente se sont attachés à commercialiser plus d'offres de crédit à taux promotionnels, à savoir des offres sur lesquelles les distributeurs sont relativement peu commissionnés. "Nous ne gagnons presque rien sur des offres affichant des taux de l'ordre de 2,90 %", confirme Philippe Walker, le P-dg du groupe PWA, ce dernier regroupant 4 infrastructures Citroën et 2 infrastructures Fiat-Lancia-Alfa Romeo, les premières ne travaillant qu'avec Citroën Financement et les secondes à parts égales avec Fiat Crédit France et CGI. "Nous les proposons néanmoins car elles sont synonymes de vente et d'activités après-vente", poursuit Philippe Walker. Elles semblent en tout cas avoir permis à un certain nombre d'acteurs de soutenir leur activité depuis le déclenchement de la crise à la fin 2008. "Les campagnes à barèmes compétitifs ont soutenu nos activités tant VN que VO depuis début 2009", reconnaît ainsi Eric Szczepaniak, les ventes VN du Garage du Bac ayant dévissé d'environ 30 % sur les onze premiers mois de l'année (BMW + Mini). "BMW Financial Services a, en revanche, vu son taux de pénétration passer de 29,98 % à 38,29 % entre la fin août 2008 et la fin août 2009", relève le directeur général de la concession BMW-Garage du Bac. Un véritable motif de satisfaction pour ce responsable : la commission annuelle touchée par ce dernier est d'autant plus importante que sa captive affiche un taux de pénétration élevé. "Le volume global de production de financements avec notre captive nous permet d'atteindre des paliers de rémunération intéressants en fin d'année et des taux d'intérêts financiers plus bas au quotidien", indique Eric Szczepaniak. "Nous estimons que notre niveau de commissionnement devient intéressant lorsque notre captive commence à afficher un taux de pénétration de 35 %", estime pour sa part Pierre Ginot. Citroën Financement affiche actuellement dans ses deux infrastructures un taux de pénétration de 40 %.
"Nous souhaiterions aussi que les coûts de portage de stocks soient moindres"
Les sociétés de crédit indépendantes n'en ont pas moins un rôle à jouer, même si certains distributeurs regrettent aussi le fait que certaines d'entre elles relancent elles-mêmes les clients arrivant en fin de contrats. Les concessionnaires et groupes de distribution sont en effet très nombreux à considérer qu'elles leur permettent à la fois de bénéficier d'une alternative aux captives et d'afficher régulièrement des offres à taux attractifs. Et autant dire que cela tombe plutôt bien, les distributeurs souhaitant continuer à bénéficier de campagnes de financement à taux attractifs. "Si nous devons surtout continuer à miser sur les packs, nous devons aussi pouvoir concurrencer les banques", souligne ainsi Pierre Ginot, le président de DAPG. Les attentes des concessionnaires et groupes de distribution ne se limitent pourtant pas aux seuls taux proposés aux clients finaux, quel que soit le statut de leurs partenaires financiers. "Nous souhaiterions aussi que les coûts de portage de stocks soient moindres", indique Jean-Christophe Vanier, du groupe Bernard, ce dernier estimant qu'ils sont globalement trop élevés de 1 %. "Ils doivent également assurer une plus grande présence terrain et continuer à former régulièrement nos équipes commerciales", ajoute pour sa part Philippe Walker, du groupe PWA. Y compris si certaines infrastructures envisagent de recruter un F&I. C'est notamment le cas du groupe PWA pour ses 2 infrastructures Fiat-Lancia-Alfa Romeo : le taux de pénétration de la captive n'y est que de 25 %. "Nous aimerions y atteindre rapidement les 35 % ou 40 %", révèle Philippe Walker. Le groupe Bernard "teste", lui, depuis un mois un F&I sur son site Renault de Valence. "Nous souhaitons pouvoir tenir tête aux banques", indique Jean-Christophe Vanier.
QUESTIONS ÀCAROLE MARC, F&I de la succursale BMW Distribution qui comprend un site à Paris et un site à Vélizy (78) "Ma fonction est complémentaire de celle des vendeurs" JA. Quel a été l'impact de la crise sur vos offres de financement ? JA. Quelles offres phares sont actuellement en cours sur vos sites et quels sont vos objectifs pour la fin de l'exercice ? |
QUESTIONS ÀSEBASTIEN KRAUSS, Chef des ventes financement du distributeur Audi Galaxie à Arpajon (91) JA. Quelles sont les opérations actuellement en cours dans vos infrastructures ? |
Photo : Eric Szczepaniak, directeur général de la concession BMW-Garage du Bac.
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