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Les priorités et attentes des concessionnaires

Publié le 27 novembre 2009

Par Armindo Dias
10 min de lecture
Tous les distributeurs ou presque ont intérêt à travailler avec leurs captives. Elles représentent les marques et les rémunèrent de façon plus conséquente s'ils atteignent leurs objectifs. Les sociétés de...
Tous les distributeurs ou presque ont intérêt à travailler avec leurs captives. Elles représentent les marques et les rémunèrent de façon plus conséquente s'ils atteignent leurs objectifs. Les sociétés de...
...crédit indépendantes n'en ont pas moins une carte à jouer… surtout en ce moment, où les concessionnaires privilégient la proximité et la conquête de nouveaux clients.

Les concessionnaires ont-ils le choix ? Pas vraiment. Ils se doivent absolument de travailler avec les captives des marques qu'ils représentent s'ils souhaitent à la fois afficher des niveaux de ventes dignes de ce nom, être soutenus financièrement en cas d'opérations de croissance externe ou de "coups durs" et être rémunérés de façon conséquente sur les dossiers de financement "écoulés". "Nous privilégions notre captive car elle connaît bien les modèles de la marque, nous forme correctement à ses différentes offres de financement et nous rémunère de façon plus conséquente si nous affichons des taux de pénétration élevés", confirme Pierre Ginot, président de DAPG, une société d'une trentaine de collaborateurs qui compte actuellement deux infrastructures Citroën basées à Gex dans le département de l'Ain (01). "Nous travaillons pour l'essentiel avec Citroën Financement, nos autres dossiers de financement étant surtout "écoulés" auprès de Cetelem", poursuit Pierre Ginot. Les autres concessionnaires semblent sur la même longueur d'onde que le président de DAPG. "Nous travaillons à 95 % avec BMW Financial Services et à 5 % avec CGI et Viaxel", indique Eric Szczepaniak, directeur général de la concession BMW-Garage du Bac, une entité qui distribue des véhicules de marques BMW et Mini dans trois infrastructures situées respectivement à Chennevières-sur-Marne (94), Nogent-sur-Marne (94) et à Paris dans le 12e arrondissement. Le groupe Bernard s'attache lui à toujours privilégier la Diac dans ses 6 points de vente Renault et 5 points de vente Nissan, ce groupe travaillant avec Viaxel au niveau de ses sites labellisés Bernard VO (il s'agit de son partenaire privilégié en matière de VO). "Notre captive nous connaît bien, intervient régulièrement auprès de notre force commerciale et est un soutien incontournable de notre activité, y compris lors de nos différents développements, explique Jean-Christophe Vanier, directeur général de la branche Renault-Nissan du groupe Bernard. Nous pouvons par exemple envisager de lui demander de nous accompagner suite à un pic d'activité ou encore dans le cas d'une opération de croissance externe. La captive est notre première banque." Mais attention : le groupe Bernard travaille également avec d'autres organismes comme le CGI, ces organismes étant essentiellement sollicités lorsqu'il entre en contact avec certains clients ou lorsqu'il a déjà atteint certains niveaux d'encours. "Nous ne disposons pas de contrats annuels avec ces organismes", précise néanmoins Jean-Christophe Vanier. Une chose est sûre : tous les concessionnaires sont incités à travailler fortement avec leurs captives pour des raisons de rémunérations, les distributeurs étant commissionnés à la fois au dossier et sur le volume d'affaires annuel qu'ils réalisent avec les captives.

"Les campagnes à taux compétitifs ont soutenu nos activités VN et VO"

Les commissions au dossier dépendent pour l'essentiel des taux affichés et de la commercialisation ou non de prestations annexes (assurances, extensions de garanties…). "Les niveaux de commissionnement au dossier sont à peu près identiques entre tous les organismes de financement, qu'il s'agisse de captives ou de sociétés de crédit indépendantes", estime Eric Szczepaniak, ce dernier reconnaissant néanmoins que sa captive est particulièrement rémunératrice au niveau de ses produits d'assurances. Il admet aussi qu'avec la crise, ses points de vente se sont attachés à commercialiser plus d'offres de crédit à taux promotionnels, à savoir des offres sur lesquelles les distributeurs sont relativement peu commissionnés. "Nous ne gagnons presque rien sur des offres affichant des taux de l'ordre de 2,90 %", confirme Philippe Walker, le P-dg du groupe PWA, ce dernier regroupant 4 infrastructures Citroën et 2 infrastructures Fiat-Lancia-Alfa Romeo, les premières ne travaillant qu'avec Citroën Financement et les secondes à parts égales avec Fiat Crédit France et CGI. "Nous les proposons néanmoins car elles sont synonymes de vente et d'activités après-vente", poursuit Philippe Walker. Elles semblent en tout cas avoir permis à un certain nombre d'acteurs de soutenir leur activité depuis le déclenchement de la crise à la fin 2008. "Les campagnes à barèmes compétitifs ont soutenu nos activités tant VN que VO depuis début 2009", reconnaît ainsi Eric Szczepaniak, les ventes VN du Garage du Bac ayant dévissé d'environ 30 % sur les onze premiers mois de l'année (BMW + Mini). "BMW Financial Services a, en revanche, vu son taux de pénétration passer de 29,98 % à 38,29 % entre la fin août 2008 et la fin août 2009", relève le directeur général de la concession BMW-Garage du Bac. Un véritable motif de satisfaction pour ce responsable : la commission annuelle touchée par ce dernier est d'autant plus importante que sa captive affiche un taux de pénétration élevé. "Le volume global de production de financements avec notre captive nous permet d'atteindre des paliers de rémunération intéressants en fin d'année et des taux d'intérêts financiers plus bas au quotidien", indique Eric Szczepaniak. "Nous estimons que notre niveau de commissionnement devient intéressant lorsque notre captive commence à afficher un taux de pénétration de 35 %", estime pour sa part Pierre Ginot. Citroën Financement affiche actuellement dans ses deux infrastructures un taux de pénétration de 40 %.

"Nous souhaiterions aussi que les coûts de portage de stocks soient moindres"

Les sociétés de crédit indépendantes n'en ont pas moins un rôle à jouer, même si certains distributeurs regrettent aussi le fait que certaines d'entre elles relancent elles-mêmes les clients arrivant en fin de contrats. Les concessionnaires et groupes de distribution sont en effet très nombreux à considérer qu'elles leur permettent à la fois de bénéficier d'une alternative aux captives et d'afficher régulièrement des offres à taux attractifs. Et autant dire que cela tombe plutôt bien, les distributeurs souhaitant continuer à bénéficier de campagnes de financement à taux attractifs. "Si nous devons surtout continuer à miser sur les packs, nous devons aussi pouvoir concurrencer les banques", souligne ainsi Pierre Ginot, le président de DAPG. Les attentes des concessionnaires et groupes de distribution ne se limitent pourtant pas aux seuls taux proposés aux clients finaux, quel que soit le statut de leurs partenaires financiers. "Nous souhaiterions aussi que les coûts de portage de stocks soient moindres", indique Jean-Christophe Vanier, du groupe Bernard, ce dernier estimant qu'ils sont globalement trop élevés de 1 %. "Ils doivent également assurer une plus grande présence terrain et continuer à former régulièrement nos équipes commerciales", ajoute pour sa part Philippe Walker, du groupe PWA. Y compris si certaines infrastructures envisagent de recruter un F&I. C'est notamment le cas du groupe PWA pour ses 2 infrastructures Fiat-Lancia-Alfa Romeo : le taux de pénétration de la captive n'y est que de 25 %. "Nous aimerions y atteindre rapidement les 35 % ou 40 %", révèle Philippe Walker. Le groupe Bernard "teste", lui, depuis un mois un F&I sur son site Renault de Valence. "Nous souhaitons pouvoir tenir tête aux banques", indique Jean-Christophe Vanier.

QUESTIONS À

CAROLE MARC, F&I de la succursale BMW Distribution qui comprend un site à Paris et un site à Vélizy (78)

"Ma fonction est complémentaire de celle des vendeurs"

Journal de l'Automobile. Avec quels partenaires financiers travaillez-vous et quel est votre rôle ?
CAROLE MARC. En tant que succursale du constructeur, nous ne travaillons qu'avec BMW Financial Services. Mon rôle consiste à intervenir auprès des clients lorsque ceux-ci désirent monter un dossier de financement, ce qui signifie que ma fonction est complémentaire de celle des vendeurs. J'agis en tant que conseil auprès de la clientèle car ce service devient de plus en plus une affaire de spécialiste. Pour preuve : depuis ma prise de fonction en mars dernier, nous avons enregistré une hausse de production tant en volume qu'en qualité, une augmentation significative ayant aussi été constatée au niveau des services associés. Hors loueurs, nous réalisons aujourd'hui un taux de pénétration d'environ 50 %, nos sites ne commercialisant que des VN. Avec les loueurs, il est d'environ 35 %.

JA. Quel a été l'impact de la crise sur vos offres de financement ?
CM. Nous avons globalement traité un peu moins de dossiers en crédit classique et beaucoup plus de dossiers en LOA, notamment en LOA ballon "Select". Sur les 30 à 40 dossiers de financement que nous réalisons aujourd'hui tous les mois sur le site parisien, il y en a à peu près 4 en crédit classique et de 26 à 36 en LOA et LLD. Rien d'étonnant donc si les taux de pénétration de nos différentes prestations sont relativement élevés, ceux de nos prestations entretien et perte financière étant respectivement de 75 % et 70 %.

JA. Quelles offres phares sont actuellement en cours sur vos sites et quels sont vos objectifs pour la fin de l'exercice ?
CM. Nous proposons entre autres des offres de LOA sur des véhicules d'entrée de gamme, le loyer mensuel pour une BMW 116d 3 portes étant par exemple de seulement 255 euros. En ce qui concerne nos objectifs, nous souhaitons d'abord et avant tout maintenir notre taux de pénétration avec loueurs, à savoir 30 % ou 35 %. Nous restons au final plutôt confiants, même si en tant que succursale, nous devons adhérer à tous les programmes de BMW Financial Services. Mais ils sont très compétitifs.

QUESTIONS À

SEBASTIEN KRAUSS, Chef des ventes financement du distributeur Audi Galaxie à Arpajon (91)

"Nos volumes de financement ont augmenté de 8 %"

Journal de l'Automobile. Avec quels partenaires financiers travaillez-vous sur vos quatre sites (Skoda à Brétigny-sur-Orge, Audi + VW à Sainte-Geneviève-des-Bois, à Arpajon et aux Ulis) ?
SEBASTIEN KRAUSS. Nous travaillons contractuellement avec Volkswagen Bank et GE Money Bank et au coup par coup avec Cetelem et CGI. Nous privilégions donc Volkswagen Bank et GE Money Bank, cela étant d'autant plus vrai que je suis le seul habilité à déclencher l'ouverture de dossiers auprès de Cetelem et de CGI. Nos 1 085 livraisons VN + VO réalisées entre le 1er janvier et le 25 septembre ont ainsi fait l'objet de 155 dossiers auprès de Volkswagen Bank, de 98 dossiers auprès de GE Money Bank et de 20 dossiers auprès de Cetelem et de CGI. Nous allons pourtant continuer à valoriser notre production auprès de Volkswagen Bank, notre volonté étant de faire rapidement passer son taux de pénétration de 14 % à 20 %. Nous serons alors mieux rémunérés par notre captive que par GE Money Bank, les prestations annexes étant déjà très bien rémunérées par Volkswagen Bank.

JA. Vos rapports avec vos partenaires financiers ont-ils évolué depuis le déclenchement de la crise ?
SK. Ils se sont quelque peu renforcés. Volkswagen Bank et GE Money Bank se sont ainsi proposés de nous aider à financer nos stocks, une aide à laquelle nous n'avons toutefois pas eu recours. En effet, nous avons disposé de suffisamment de trésorerie pour traverser les quelques mois difficiles de la fin 2008 et du début 2009. Nous ne privilégions pourtant pas nos partenaires contractuels uniquement pour des raisons financières. Nos vendeurs privilégient aussi la captive car elle chapeaute une offre de LLD.

JA. Quelles sont les opérations actuellement en cours dans vos infrastructures ?
SK. Nos clients peuvent souscrire depuis peu un crédit classique à un taux intéressant afin d'acquérir un VN ou un VO de moins de 2 ans, cette campagne locale ayant été élaborée en partenariat avec GE Money Bank. Nous travaillons sur une autre opération locale, mais nous n'avons encore défini ni la technique de financement ni le partenaire financier, cette campagne devant elle aussi se tenir jusqu'à la fin de l'année. Il n'en convient pas moins de noter aussi que depuis la création de mon poste, nos volumes de financement ont augmenté de 8 %.

Photo : Eric Szczepaniak, directeur général de la concession BMW-Garage du Bac.

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