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Les nouveaux défis des captives

Publié le 22 mai 2009

Par Armindo Dias
5 min de lecture
Les financières des constructeurs vont devoir s'attacher à rester rentables, à maintenir leurs capacités de refinancement et à conserver de bons ratios de rentabilité. Des défis que certaines devraient relever sans problème...
Les financières des constructeurs vont devoir s'attacher à rester rentables, à maintenir leurs capacités de refinancement et à conserver de bons ratios de rentabilité. Des défis que certaines devraient relever sans problème...
...à en croire l'agence de notation Standard & Poor's.

Les captives des deux constructeurs français pourraient affronter sans problème une paralysie du marché des liquidités pendant plusieurs mois. C'est l'une des bonnes nouvelles annoncées à l'occasion de la conférence annuelle sur l'automobile de l'agence de notation Standard & Poor's. Et elle l'est d'autant plus que les captives sont globalement moins sensibles à l'évolution du marché que leurs maisons mères. "Les captives sont moins sensibles à la baisse des ventes que les constructeurs et bénéficient de l'accès au refinancement via la banque centrale et du plan de soutien gouvernemental en cette période de fermeture partielle des marchés", a expliqué Bernard De Longevialle, managing director responsable de la notation des banques chez Standard & Poor's, ce responsable estimant néanmoins que les nouveaux défis des captives vont plus que jamais résider dans leur capacité à rester rentables, à se refinancer et à maintenir de bons ratios de rentabilité. "Elles vivent sur un stock de crédits et sont sensiblement moins impactées par les augmentations de spreads", a poursuivi Bernard De Longevialle. Pour la plupart, elles ont aussi vu leur taux d'équipement en produits d'assurance augmenter au cours de ces dernières années. "Toutes les captives ont toutefois enregistré une hausse de leur coût du risque depuis la fin 2008", a également souligné le managing director responsable de la notation des banques de Standard & Poor's. Mais cela n'inquiète pas outre mesure l'analyste, en tout cas en ce qui concerne les captives des deux constructeurs français : il a estimé que Banque PSA Finance pouvait très bien "encaisser" cette détérioration et continuer à couvrir à terme jusqu'à trois fois son coût du risque, RCI Banque pouvant pour sa part afficher un ratio inférieur à trois (Banque PSA Finance et RCI Banque pouvaient couvrir respectivement 6,7 fois et 3,4 fois leur coût du risque à la fin 2008, selon Standard & Poor's). "A court terme, ces établissements sont au final relativement bien protégés en matière de liquidités, a souligné Bernard De Longevialle. Ils pourraient d'ailleurs continuer leur production pendant au moins six mois s'il y avait demain une paralysie du marché des liquidités." Rappelons que dernièrement, le gouvernement français a consenti des lignes de refinancement publiques de deux milliards d'euros à Banque PSA Finance et RCI Banque via la Société de Financement de l'Economie Française (SFEF). Rien d'étonnant donc, si au global, les notations de la plupart des captives sont généralement situées un cran au-dessus de celles de leurs maisons mères, ce qui est notamment le cas pour FCE Bank, VW Bank, RCI Banque et Banque PSA Finance (voir tableau). "Certaines financières ont aussi terminé l'année 2008 avec de bons ratios fonds propres sur encours et de bons niveaux de rentabilité sur fonds propres (RoE), a indiqué Bernard De Longevialle. Ils se sont élevés chez Banque PSA Finance et RCI Banque à hauteur de respectivement 14,08 % et 16,06 %." Les perspectives sont bien évidemment tout autres chez les constructeurs, leurs notes à long terme étant d'ailleurs le plus souvent assorties de perspectives "stables" ou "négatives" (voir tableau).

1,8 million d'unités en France

"Il y a une forte corrélation entre le niveau des immatriculations et l'évolution du PNB", a justifié Maria Bissinger, responsable du secteur automobile pour l'Europe chez Standard & Poor's, le secteur étant également impacté, et ce, de façon non négligeable par l'évolution des taux de chômage et d'inflation. L'agence de notation ne s'attendant pas à une embellie dans le secteur auto avant 2010, elle estime que les ventes mondiales de véhicules neufs devraient baisser de 14,9 % en 2009 (56,847 millions d'unités). "Si l'on se réfère à un scénario un peu plus pessimiste, elles pourraient diminuer de 20 % à 53,4 millions", a-t-elle ajouté, toutes les hypothèses avancées par l'agence intégrant la mise en place de mécanismes de type "prime à la casse". Et si embellie il y a l'année prochaine, elle ne concernera pas forcément tous les marchés : si l'agence de notation estime que le marché russe pourrait enregistrer une croissance de l'ordre de 10 % en 2010, elle considère aussi que le marché français pourrait baisser de 4 % avec 1,8 million d'unités (- 1,7 % au niveau européen). Marie Bissinger a aussi tenu a rappelé que les groupes Volkswagen, Daimler et BMW sont sensiblement plus vulnérables sur certains marchés que les Renault, Fiat et autres PSA, ce qui est bien évidemment le cas aux Etats-Unis. "Les ventes de voitures neuves devraient y passer de 13,1 à 9,7 ou 9,8 millions d'unités entre 2008 et 2009", a d'ailleurs indiqué Gregg Lemos Stein, responsable de la notation constructeurs et équipementiers auto chez Standard & Poor's New York. Si tel était le cas, cela représenterait un niveau identique à ceux enregistrés dans les années 70. Standard & Poor's a enfin estimé que la crise n'avait pas totalement chamboulé les parts de marché des constructeurs, seul un léger déclin ayant été constaté chez des marques de luxe : elles n'auraient pas vraiment su tirer parti des mesures d'incitation gouvernementales.

Photo : Bernard De Longevialle, managing director responsable de la notation des banques de Standard & Poor's.

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