“Le stock demeure le mal absolu”

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Quelles sont les spécificités de la logistique automobile ?
FRANCK LHEUREUX. Elles sont nombreuses et la première réside dans les évolutions techniques qui rendent une même pièce incompatible d’un modèle à un autre ou d’une version à une autre. Cela oblige à être particulièrement réactif, d’autant que les références, chez les constructeurs, se comptent par centaines de milliers. Il y a également un impératif de traçabilité puisque chaque produit est susceptible d’être rappelé en cas de problème, ou adapté, selon les réglementations locales. La dernière contrainte concerne la volatilité des véhicules, notamment d’occasion, qui se transportent dans des pays inattendus parfois, créant une demande à un endroit non desservi et obligeant la supply chain à s’adapter.

JA. En quoi le stock constitue-t-il l’élément fondamental d’une bonne logistique ?
FL. Dans l’automobile, le stock demeure le mal absolu. Avoir la bonne pièce au bon moment est un idéal. De par son obsolescence, sa maintenance et la place qu’il nécessite, un stock immobile constitue un investissement à perte. Nous, notre but consiste à le faire tourner et à fluidifier la rotation pour permettre à l’entreprise de dégager un profit, mais aussi d’améliorer son service client.

JA. Peut-on envisager, à l’avenir, une supply chain totalement “déshumanisée” ?
FL. Soyons clairs : si l’utilisation d’outils informatiques est nécessaire, ces derniers ne pourront jamais se substituer à une intervention humaine. Bien que la logistique d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle d’il y a vingt-cinq ans. Les activités se sont mondialisées, complexifiant et multipliant les connexions, et obligeant chacun à avoir une vision transversale de son secteur. Cela oblige à modifier le profil des employés, confrontés à un métier plus spécialisé et plus technique, mais en aucun cas à supprimer leur présence. La logistique reste un métier d’avenir.