Le secteur va plutôt bien, merci !

...qui n'avance pas chaque jour, recule chaque jour", déclarait Confucius. Partant de ce constat, les constructeurs sont toujours plus nombreux à souhaiter imposer leur propre offre d'assurances dommages dans leurs réseaux. Et ils veulent y parvenir d'autant plus rapidement que ce secteur n'a pas encore subi les affres de la crise. Pour preuve : le marché français des assurances de biens et de responsabilité a enregistré une croissance de 2,6 % avec 43,8 milliards de cotisations en 2007, l'activité globale des sociétés d'assurances ayant baissé de 0,9 % sur la même période (195,4 milliards d'euros de cotisations). Et il ne s'agissait vraiment pas d'une année hors normes, cette tendance ayant été confirmée en 2008. D'après les dernières données de la Fédération Française des Sociétés d'Assurances (FFSA), les cotisations d'assurances de biens et de responsabilité ont augmenté de 2,5 % l'an dernier à 44,8 milliards d'euros, le marché global, c'est-à-dire incluant également les assurances de personnes, ayant chuté de 6,2 % à 183,6 milliards d'euros. Le seul marché de l'assurance automobile a, lui, confirmé son redressement (+ 1,3 %), après deux années de baisse (- 0,7 % en 2006 et - 0,1 % en 2007). Logiquement, certains constructeurs s'attachent donc à développer et imposer leur offre d'assurances dommages dans leurs réseaux, chaque offre faisant l'objet d'un partenariat. Peugeot propose ainsi une offre baptisée Peugeot Assurance concoctée en partenariat avec le groupe Altima, un produit prescrit par la moitié de son réseau et qui a fait l'objet de 6 000 contrats en 2008 (+ 15 % par rapport à 2007). "Nous travaillons en marque blanche pour les constructeurs Volkswagen, Hyundai et SsangYong", indique pour sa part Pierre-Henri Schecter, directeur général de Nexx Assurances, une société spécialisée dans la vente directe de produits d'assurances, filiale de Maaf Assurances. "Ils nous sollicitent afin de concevoir des offres spécifiques qui leur permettent à la fois de fidéliser leurs clients et d'assurer une activité après-vente à leurs réseaux", poursuit le responsable, Nexx Assurances travaillant également pour d'autres marques mais via des courtiers ou des intermédiaires. Et les résultats semblent peu à peu pointer le bout de leur nez, même si la vente d'assurance en concessions reste marginale dans l'Hexagone selon Pierre-Henri Schecter : Nexx Assurances a déjà engrangé quelque 20 000 contrats via son canal de vente indirecte, l'assureur en totalisant en portefeuille de 100 000 à 120 000. Les montants moyens des primes chez les constructeurs ne sont, il est vrai, pas excessifs, leur objectif étant moins de prélever une marge sur les assurances que de fournir de l'activité aux ateliers.

Des offres surtout prescrites par des commerciaux

BMW participe à cette tendance qui privilégie l'activité. "La prime annuelle y oscille dans une fourchette allant de 700 à 800 euros chez BMW", indique Marc Lanvin, le président d'April Premium, le partenaire assurance de la marque et filiale du groupe April, la plupart de ses produits étant distribués via un réseau de 1 400 professionnels (courtiers et d'agents d'assurances, pour l'essentiel). "Nous travaillons avec cette marque depuis trois ans, poursuit le responsable d'April Premium. Elle nous a sollicités afin de concevoir des offres abordables et dotées de niveaux de garanties très élevées." Elles sont toutefois prescrites par les commerciaux des concessions et non vendues directement, comme c'est le cas chez certains distributeurs, un dernier choix fait par encore très peu de marques en France : cette activité nécessite un minimum de formation (150 heures doivent être suivies pour être habilité à commercialiser des produits d'assurances dans l'Hexagone). Volkswagen a néanmoins opté pour cette solution avec Volkswagen Assurance, la plupart des autres constructeurs préférant s'appuyer sur les plates-formes téléphoniques de leurs partenaires assurances. "Nous avons déjà formé une quarantaine de leurs collaborateurs de Volkswagen Assurances", souligne Pierre-Henri Schecter, de Nexx Assurances. Ce nombre ne devrait pourtant pas en rester là, le constructeur ayant l'intention de former à ses produits d'assurances un maximum de Finance Managers (voir encadré ci-après). "La vente d'assurances en concessions est légitime, juge le directeur général de Nexx Assurances. En effet, elle peut être considérée comme un complément normal à la vente d'un véhicule et de son financement." Pas étonnant donc si Peugeot souhaite continuer à promouvoir son offre auprès de ses points de vente par un accompagnement des conseillers commerciaux, en plus de mettre en place des opérations ponctuelles (plusieurs mois d'assurances offerts, par exemple). Les sociétés d'assurances traditionnelles et les mutuelles n'en vont pas moins rester très actives. Des projets d'envergures et de nombreuses opérations doivent voir le jour courant 2009. "Nous devrions travailler avec des courtiers de l'Ile de la Réunion, révèle ainsi Marc Lanvin, d'April Premium. Les véhicules haut de gamme y sont de plus en plus appréciés." Nexx Assurances devrait, lui, privilégier de nouvelles opérations commerciales, même s'il estime que les distributeurs "vont subir une très forte pression" afin de se concentrer d'abord sur la vente de véhicules et de financements. Cela ne les empêche pas, bien sûr, d'y avoir aussi leur intérêt. "Des couvertures de contrats d'assurances multirisques ont pu être réajustées à la demande de nos clients avec la hausse des stocks", témoigne Philippe Kuntzmann, le directeur d'Aviva Assurances.

Photo : Pierre-Henri Schecter, directeur général de Nexx Assurances.