Le rôle des biocarburants dans la décarbonation des transports

Dans l'Hexagone, les transports se dressent en tête des émetteurs de gaz à effet de serre depuis 1998, reléguant les autres secteurs à l'arrière-plan de cette préoccupation cruciale. En 2021, ces émissions représentaient 30 % de l'empreinte carbone nationale, soit l'équivalent de 126 millions de tonnes de CO2. Une progression inquiétante, puisque les transports sont les seuls à avoir vu leurs émissions augmenter depuis 1990.

Parmi les modes de transports intérieurs, la route trône en maître incontesté, responsable de la grande majorité des émissions polluantes. À elle seule, elle accapare 94,9 % des émissions, soit 119,6 millions de tonnes de CO2. Les voitures particulières en sont les principales émettrices, représentant 53 % des émissions, suivies des véhicules lourds avec 27 %, et des véhicules utilitaires légers avec 15 %. De plus, les véhicules diesel engendrent 74 % des émissions imputables au secteur des transports.

L'année écoulée a enregistré une consommation finale d'énergie dans le secteur des transports atteignant les 501 térawattheures (TWh), sur un total de 1 618 TWh (soit 31 %). Les transports se hissent ainsi au sommet de la hiérarchie en tant que principaux consommateurs d'énergie finale. Cependant, leur dépendance aux énergies fossiles et aux importations énergétiques est devenue un enjeu majeur.

La solution des biocarburants

"Nous sommes convaincus que les énergies vertes et les biocarburants joueront un rôle important dans la décarbonation des transports", avance Vincent Capo-Canellas, Sénateur de la Seine-Saint-Denis (Union Centriste), dans une conférence sur le sujet mardi 4 juillet 2023. Dans cette quête impérieuse de décarbonation de l'économie, et plus particulièrement du secteur des transports, l'utilisation de biocarburants, de carburants synthétiques durables et d'hydrogène vert constitue une partie de la réponse tant attendue.

Néanmoins, face aux difficultés liées à la concurrence des ressources et à la disponibilité de la biomasse, de l'électricité et des matières premières, d'autres leviers doivent être actionnés. Parmi-eux, l'optimisation de l'efficacité énergétique, la promotion des alternatives modales ou encore la modération des pratiques. Il est toutefois indéniable que ces carburants et vecteurs énergétiques durables sont indispensables pour atteindre les objectifs ambitieux que la France et l'Union européenne se sont fixés.

L'Union européenne a été confrontée à de nombreux défis lors de l'élaboration d'un cadre réglementaire adapté. Les divergences stratégiques entre États membres, notamment en ce qui concerne la reconnaissance du nucléaire comme source décarbonée légitime pour ces carburants et vecteurs énergétiques durables, ont donné lieu à des discussions houleuses. Cette situation de transition chaotique n'a pas favorisé l'investissement. Parallèlement, le cadre réglementaire national français, qui devra intégrer les nouvelles réglementations européennes, sera révisé dans le cadre de la loi quinquennale sur l'énergie et le climat. Le temps est venu de faire un choix éclairé.

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L'hydrogène questionne

Plus en détail, les biocarburants de première génération, débattus avec passion, offrent une lueur d'espoir à l'agriculture française, créant une filière industrielle robuste comptant près de 29 000 emplois. Toutefois, les biocarburants de deuxième et troisième génération posent des défis complexes en termes de mobilisation de la biomasse et de transition vers l'industrialisation.

L'utilisation de l'hydrogène comme vecteur énergétique pose des questions relatives à l'efficacité par rapport à l'électrification directe, aux enjeux techniques et à la sécurité. Les carburants de synthèse, produits à partir d'une combinaison d'hydrogène et de dioxyde de carbone ou d'azote, jouent un rôle important dans la décarbonation des carburants routiers et aériens.

La transition vers des transports décarbonés nécessite un travail de recherche et de transition industrielle. Les différentes technologies se trouvent à des stades de maturité différents et soulèvent des débats techniques et scientifiques. Les règles européennes actuelles limitent la part des biocarburants de première génération dans la consommation d'énergie des transports routier et ferroviaire à 7 %. En revanche, elles fixent des objectifs croissants pour les biocarburants avancés et l'utilisation du biogaz à l’intégration de l’énergie renouvelable dans le secteur des transports : 0,2 % en 2022, 1 % en 2025 et 3,5 % en 2030, au moins.