Le marché toujours en retrait
Tandis que le premier trimestre de l'année en cours s'était bouclé sur une note négative de 3,9 % selon le CPL (Centre Professionnel des Lubrifiants), les mois suivants n'ont fait qu'amplifier la courbe de régression puisqu'à fin juin, le retrait s'établirait à un peu plus de 6 % selon nos sources. En année mobile, il faut même parler d'une régression de 7 %.
Pourtant, et il s'agit là d'un constat encourageant, dans son dernier baromètre d'activité réalisé avec Solware sur la base de 944 ateliers de mécanique, Mobilians annonçait une hausse d'activité de 5,5 % au 1er semestre. Dans le détail, le chiffre d'affaires généré par les pièces a augmenté de 4,5 % tandis que celui de la main d'œuvre augmentait de 7,7 %.
Autre donnée d'importance, celle qui concerne le trafic. En dépit d'une hausse de 1,8 % de la consommation de carburants routiers en juin (+ 8,3 % pour les supercarburants), les chiffres du CPDP (Comité Professionnel du Pétrole) trahissent toutefois une baisse de 1,1 % par rapport au premier semestre 2022, sans doute en raison des prix des carburants à la pompe.
Dans ce registre, viennent s'ajouter deux éléments défavorables à la consommation tant au niveau des carburants qu'à celui des lubrifiants : le télétravail d'une part, en hausse depuis la crise sanitaire, et le covoiturage d'autre part. Un phénomène en nette progression sur le territoire avec près de 40 000 trajets par jour, liés pour une grande partie à l'inflation galopante.
Des espacements de vidange plus longs qu'en temps normal
Un état de fait non démenti par Éric Candelier, le président de Yacco. "Il est clair que le contexte inflationniste important, même si la France s'en sort un peu mieux que d'autres pays, joue un rôle substantiel au niveau des résultats économiques, pense-t-il. En particulier, le budget des ménages en baisse peut jouer sur les espacements de vidange, qui peuvent être un peu plus longs qu'en temps normal". Et celui-ci d'indiquer que Yacco enregistre toutefois une légère hausse de ses ventes au global à fin août, grâce à un fort développement à l'export.
Autre élément en mesure d'influencer le marché intérieur des lubrifiants, celui du premier plein. Pour rappel, celui-ci est pris en compte au niveau des volumes par le CPL. Or, au-delà du cas Toyota à Valenciennes, les best-sellers du marché national (Clio V et 208) sont désormais produits à l'étranger.
Certes, sur un marché national VN en croissance de 15 % à fin juin, les véhicules électriques ont connu un doublement de leurs immatriculations selon AAA Data. Toutefois, Cédric Blanc, Responsable Marketing et Grands Comptes de Motul, de relativiser le phénomène. "Même si les immatriculations des VE progressent fortement, ces véhicules entreront en atelier un ou deux ans après leur mise en circulation, justifie-t-il. En outre, en dépit des aides gouvernementales (bonus écologique) pour l'acquisition de ces véhicules et des solutions de leasing, il existe toujours un frein conséquent dicté par leur coût toujours élevé. D'où une situation d'attentisme".
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Effectivement, toujours selon AAA Data, le coût d'un VE a progressé de 8 % sur le 1er semestre, pour atteindre 41 413 € en moyenne. De quoi peser indirectement sur la physionomie du parc français. En effet, si la part du VE représente désormais 1,5 % sur un volume de 41,238 millions de voitures particulières en circulation, le parc automobile atteint désormais 11,3 ans d'âge moyen, contre 11 ans en 2021. En fait, sur les 41,238 millions d'unités, près de 27 millions de VP ont plus de dix ans. Un état de fait qui explique que les huiles de grade de viscosité 5W30 tiennent toujours le haut du pavé (40 % des parts), devant les huiles de grade 0W (20 % des parts) et les huiles de grade 5W40 (14,9 % des parts).
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