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Le marché des lubrifiants à la hausse

Publié le 28 mars 2022

Par Marc David
5 min de lecture
Sans véritable surprise, le marché des lubrifiants a repris des couleurs sur l’ensemble de l’année 2021, avec une progression de 6 % par rapport à 2020, année la plus perturbée par la crise sanitaire.
La reprise d’activité des ateliers en 2021 et notamment sur le 1er semestre a permis au marché de rebondir sur 2020.

Les toutes dernières statistiques du CPL (Centre Professionnel des Lubrifiants) viennent d’être mises en ligne sur le site de l’organisme professionnel. Avec un mois de décembre particulièrement porteur (+ 6,1 %, soit 21 450 tonnes), l’exercice 2021 s’est donc bouclé sur une progression de 6 % exactement, soit l’équivalent de 291 430 tonnes. Il s’agit bien sûr du secteur relatif à l’Automobile, les lubrifiants industriels accusant pour leur part un recul de presque 2 % (1,9 % exactement). 

 

Reste que, si cette progression reflète une (relative) bonne santé du marché intérieur, un suivi assidu de ces statistiques montre qu’à fin juin 2021 (mois pourtant à – 8 %), la progression se situait à pas moins de 14 %, selon les estimations du CPL. Autrement dit, le deuxième semestre s’est avéré moins porteur que le premier. Un écart à mettre sans nul doute au crédit d’un phénomène de rattrapage constaté dans les ateliers sur les six premiers mois de l’année, dû pour une grande part aux conséquences du pic de la crise sanitaire de 2020. Par ailleurs, d’aucuns ne manqueront sans doute pas d’évoquer une progression en trompe l’œil ! En effet, si l’on se réfère à l’année 2019 (synonyme d’un volume de 297 200 tonnes), la véritable référence, le marché intérieur accuse bel et bien une régression « dans la normalité » de 1,9 %.

 

Un premier plein à la baisse par rapport à 2019

 

Mais, retour à 2021. Sur le volume global de 291 430 tonnes, les moteurs des voitures de tourisme pèsent 162 855 tonnes, dont 141 920 tonnes pour le segment Essence et mixtes (+ 7,7 %), toujours largement majoritaire. A noter la bonne tenue du segment diesel tourisme (+ 5 %), de celui des moteurs diesel utilitaires (+ 4,1 %) et surtout de celui des transmissions automatiques (+ 13 %). Sur l’ensemble des segments, les pétroliers représentent 57,87 % des parts, contre 35,21 % des parts pour les IG (Indépendants du Graissage) et 6,92 % pour les autres sociétés. 

 

Evidemment, comme de coutume, certains éléments entrent en ligne de compte, à commencer par le premier plein relatif aux véhicules neufs, pris en compte par le CPL. Certes, pour rappel, le marché des VN a enregistré l’an passé une progression infime de 0,5 % par rapport à 2020, avec 1 659 004 unités. Seulement, par rapport à 2019, la baisse s’établit à 25 %. Certes encore, en terme de parc roulant, le tout électrique ne représente que 1 %. Mais au niveau des immatriculations, les VE se sont adjugés près de 10 % du marché 2021 avec 162 106 unités (+ 46,2 %). 

 

Le coût des huiles de base relativement stable

 

Maintenant, une question s’impose. Face à l’envolée du cours du baril de brent (+ de 129 dollars le 08 mars, encore 115 dollars le 21 mars) et ses répercussions à la pompe, quid du secteur des lubrifiants ? D’abord, côté additifs, les additiveurs ont déjà passé deux hausses depuis le début de l’année, chacune comprises entre 5 et 15 % suivant les produits. "Plutôt à la hausse l’an dernier, le cours des huiles de base est resté relativement stable ces dernières semaines, indique Olivier Lafarge, responsable Communication & Marketing de Minerva Oil. Pour le moment, le conflit ukrainien n’a pas eu d’impact réel à ce niveau mais on peut s’attendre à ce que la situation évolue dans les semaines à venir, et de façon très marquée." 

 

Une réflexion argumentée par Eric Lhomer, directeur général de Lubexcel. "Le fait que la Russie demeure un gros producteur d’huiles de base devrait engendrer prochainement une baisse des volumes disponibles, pense-t-il. Cela dit, outre le cours du brut, la situation est liée à bon nombre de paramètres, tels le cours du dollar qui a repris de la valeur par rapport à l’euro, la maintenance des raffineries à nouveau à l’ordre du jour, et aussi la stratégie de ces mêmes raffineries qui ont tendance à produire davantage de gazole au détriment des huiles de base."

 

La flambée des emballages métalliques

 

Une certitude. Si l’an dernier, les huiles de bases synthétiques ont vu leur cours grimper de manière moins brutale que celui des huiles minérales, aujourd’hui, le phénomène s’inverse. A titre d’exemple, l’huile de base synthétique de type mid 6 cSt référencée par l’ICIS (Independent Commodity Intelligence Services), a augmenté d’environ 84 % de janvier 2021 à février 2022, passant de 840 euros la tonne à 1555 euros la tonne. Bref, toujours est-il que d’ici avril, la plupart des acteurs, pétroliers ou IG, auront passé une hausse moyenne comprise entre 5 et 8 %, soit l’équivalent de 20 à 30 cts sur un prix moyen au litre de 4 euros, prix d’achat professionnel bien sûr.  

 

Reste que, au-delà du produit en lui-même, d’autres éléments et non des moindres sont à prendre en considération. Comme le souligne Olivier Lafarge. "Dans le contexte haussier figurent en bonne place les coûts de transport du fait du prix des carburants, mais aussi et surtout le coût des emballages, fait-il remarquer. Sur les quatre derniers mois, soit d’octobre 2021 à février 2022, le prix des emballages métalliques et en particulier des fûts, a augmenté de 17 % (l’équivalence de 5 à 6 euros), les prévisions misant sur une hausse de 40 %." Et d’ajouter : "au-delà du prix des matières premières, un faux problème dans la mesure où nous le reportons, certes avec un certain décalage au détriment de nos marges, au final, il faut bien se dire que c’est le consommateur qui est impacté." 

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