Le lavage HP à l'eau froide en question

Le sujet se révèle moins essentiel que celui des fermetures administratives liées à la sècheresse. Pourtant, lors de la dernière édition d'Equip Auto, le lavage haute pression à eau froide alimentait les conversations au sein du pôle Lavage. Et pour cause. Sur les premiers mois de la guerre en Ukraine, le prix du gaz naturel avait été multiplié par cinq, soit au bas mot 350 € le mégawattheure.

Or, dans le lavage haute pression, le gaz entre en ligne de compte pour le chauffage de l’eau : 60°C au niveau de la chaudière, 45° C environ en sortie de lance. D'où l'idée du lavage à l'eau froide. Même si le prix du gaz est redescendu à 70 € au début de l'année 2023, son plus bas niveau depuis le début des hostilités en février 2022.

Et quand bien même, l'Union européenne a activé un nouveau mécanisme visant à plafonner les prix de gros du gaz dès qu'ils dépasseront 180 € le MWh, le sujet reste d'actualité.

Une nette progression de la chimie

Mais le moins que l'on puisse dire est que la démarche, pourtant répandue Outre-Rhin, divise. Pendant que certains émettent les plus grandes réserves, évoquant la nécessité d'une chimie plus agressive (y compris pour l'environnement), d'autres effectuent des tests en catimini. Néanmoins, certains y ont déjà souscrit. Le cas d'une cinquantaine de clients de la marque de produits chimiques Kiehl.

"Globalement, la chimie a nettement progressé, notamment grâce aux produits liquides, et la nôtre fonctionne parfaitement à l'eau froide y compris au niveau d'un nettoyage de jante, justifie François Pouzergue, directeur des ventes Car Wash de Kiehl France. En outre, à une certaine température, l'eau chaude peut dégrader certaines matières actives. Reste que, aujourd'hui, le vrai challenge est de convaincre notre clientèle, celle-ci devant elle-même arriver à convaincre le consommateur".

Un lavage moins agressif

Par ailleurs, selon lui, le lavage à l'eau froide serait moins agressif envers certains composants, telles les membranes d'électrovannes ou encore la partie caoutchouc des flexibles inox. On ajoutera, au chapitre avantages, que le lavage haute pression à l'eau froide pourrait être compatible avec le recyclage, mais avec un traitement spécifique (ultra-violet, ultra filtration) dans une proportion d'environ 30%. En effet, partant du principe que la croissance des légionelles est très rapide lorsque la température de l'eau est comprise entre 25 et 42°C (avec une croissance maximale à environ 37°C), le recyclage se révèle quasi-impossible à l'eau chaude du fait des risques accrus de légionellose à la fois pour l'exploitant et le client final.

Reste que, chez Kärcher, grand spécialiste du lavage HP, on demeure pour le moins circonspect. "En ce qui nous concerne, nous disposons de toutes les solutions mais tout dépend du résultat que l'on veut offrir au client final, souligne Giovanni Barret, chef de produit au sein du département marketing de Kärcher France. A la base de tout figure le cercle de Sinner, soit le rapport température/pression/temps/chimie. En fait, celui-ci est lié à la réaction chimique et physique, sachant aussi que le nettoyage à l'eau chaude procure un gain de temps substantiel et par voie de conséquence une économie d'eau".  

Tests de température

Il faut rappeler que le lavage HP ne consomme en moyenne que 60 l d'eau. Maintenant, au niveau de la chauffe préalable, deux écoles existent : soit le principe du ballon d'eau chaude, soit la chauffe instantanée. "Cette solution présente l'avantage d'éviter de stocker l'eau chaude et donc d'éviter les pertes de calories durant le stockage, explique Giovanni Barret. De toutes façons, il est possible d'ajuster en fonction, sans être obligatoirement à 60°C".

Chez Eléphant Bleu, des tests très concrets sont actuellement en cours sur la température en sortie de lance : "Nous étudions plusieurs pistes pour baisser les consommations énergétiques et baisser la température de l'eau chaude en est une, explique Jean-Christophe Rogez, responsable du réseau de franchise de l'enseigne. Plus précisément, nous réalisons des tests à une température comprise entre 30 et 40 °C afin de conserver la performance du savon mais en étant en capacité de baisser les consommations d'énergie".

Pléthore de chaudières ancienne génération

Ainsi selon lui, l'objectif est de "trouver le bon compromis entre la consommation d'énergie et la qualité de lavage". Toutefois, pour Luc Mezzalana, directeur commercial de Tecnolec Lavage qui distribue la marque Autoequip, le gain en énergie peut reposer sur une solution radicale.

"Certains peuvent aujourd'hui être amenés à diminuer le temps de lavage en jouant sur les programmes (5 à 6 € en moyenne, NDLR), mais le remplacement d'une chaudière ancienne par une chaudière de nouvelle génération procure un gain en énergie substantiel, de l'ordre de 30 à 50 %. Un investissement de l'ordre de 15 à 25 000 € HT, pouvant néanmoins être amorti en un an et demi. Une démarche on ne peut plus rentable", explique-t-il.

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Selon lui, il existe encore bon nombre de chaudières anciennes dans la profession, sachant que la durée de vie de ce type d'équipement se situe entre 20 et 30 ans. Dans ce registre, Heurtaux revendique une consommation d'eau et d'énergie trois fois moindre que la moyenne.

"Dans le cadre de notre cycle de lavage mousse, notre matériel nous permet de chauffer 3,5 l d'eau/minute quand d'autres doivent en chauffer 10 à 12 l pour le même résultat, souligne Bertrand Heurtaux, président de la société. Il en va de même pour la finition à l'eau osmosée".