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Lavage : Coup de frein sur le marché

Publié le 8 octobre 2013

Par Marc David
11 min de lecture
D’un marché relativement calme sur lequel Kärcher compte devenir l’un des acteurs majeurs, au secteur de l’exploitation, toujours soumis aux caprices de la météo en passant par des développements technologiques à prestation de haut niveau… Autant d’éléments liés au lavage.
Le nouveau Primus Vitesse C169 de Christ présenté à Francfort, portique haut de gamme, permet d’augmenter la capacité de lavage jusqu’à 20 %.

Absent d’Equip Auto sur les trois dernières éditions, Kärcher fera son grand retour sur le site de Villepinte le 16 octobre prochain. Et la firme de Bonneuil-sur-Marne de rejoindre dans le hall 5 les principaux acteurs du secteur, à savoir Christ, Lavance, WashTec, Tecnolec Lavages, Madic et autre Heurtaux, sans oublier les spécialistes de la chimie Flowey et Kiehl ! “Sachant qu’il existe depuis 2010 une réelle volonté du groupe de devenir un acteur majeur sur le secteur du lavage avec l’obtention de 15 % du marché mondial d’ici l’horizon 2020, et que nous disposons désormais d’une vraie gamme, notre présence sur cette édition 2013 d’Equip Auto se justifie pleinement, souligne Jean-Marc Lasserre, directeur commercial France de Kärcher. Maintenant, nous espérons que l’événement nous donnera l’occasion de faire passer tous nos messages.” En particulier celui qui consiste à rappeler que l’offre du fabricant allemand ne se limite pas aux seuls nettoyeurs haute pression ou assimilés (autolaveuses, etc.) !

Fort de sa présence, Kärcher présentera sur son vaste stand sa nouvelle gamme d’armoires de lavage, d’aspirateurs self-service et de portiques CB, développés pour un lavage complet de voitures de tourisme et véhicules utilitaires standard de 2 à 3,05 m de hauteur. En particulier, le modèle CB 5 présenté en fonctionnement disposera du système de lavage de roues dévoilé au public à Automechanika sous la forme d’un prototype.

Un début d’exercice ­compliqué

Au-delà des nouveautés qui seront présentées à la mi-octobre, quelle température sur le secteur ? L’heure serait plutôt à la morosité. Fabrice Collet, directeur grands comptes et produits de lavage au sein de WashTec France SAS, résume la situation. “Globalement, on constate une légère baisse de l’activité depuis le 1er janvier, note-t-il. Le constat est vrai pour ce qui concerne les ventes en volume côté matériels, et il l’est d’autant plus sur le plan de l’exploitation du fait d’une météo peu clémente. Cela dit, il est difficile de tirer des conclusions dans la mesure où, contrairement à toute logique, les portiques de haut de gamme et même de très haut de gamme se vendent toujours bien.” Un état de fait que ne dément pas Christ, acteur qui capitalise justement sur ce segment. Mais Patrick König, le directeur commercial de la société, de nuancer : “Si le premier semestre s’est montré plus compliqué pour ce qui est du renouvellement, la démarche de création ou d’extension de stations demeure stable, précise-t-il. Maintenant, il est certain que des verrous de plus en plus marqués existent au niveau des banques et que l’obtention de prêts devient de plus en plus difficile, d’autant plus pour un investisseur qui n’a pas encore de bilan et qui s’appuie sur du prévisionnel.”

Autre son de cloche, celui de Lavance, par la voix de son directeur général Guillaume Roux. “En ce qui nous concerne, le premier quadrimestre a quelque peu pâti du ralentissement de nos prises de commandes sur la fin de l’année 2012, indique-t-il. En revanche, nous avons bien facturé sur mai/juin, ce qui nous amène quasiment au même niveau d’activité que celui de l’année passée. A fin août, le carnet de commandes est même très supérieur à celui de la même période 2012, sachant également que nous traitons de belles affaires reposant sur des centres complets, soit des investissements de l’ordre de 200 000 à 250 000 euros HT.” Reste que, dans tous les cas, la notion de nouveauté joue un rôle. Le nouveau portique M’Start de Lavance présenté en avant-première à Francfort (en remplacement du M7) en septembre 2012 en donne un bel exemple. Celui-ci connaît un vif succès puisque Lavance en a déjà commercialisé 70 depuis le début d’année. De même, la notion de conquête rentre en ligne de compte, Kärcher, sur une phase ascendante, avouant connaître actuellement une croissance à deux chiffres.

Toujours les caprices de la météo

Maintenant, sur le strict plan de l’exploitation, la situation se révèle pour le moins perturbée, comme souvent. Bien placé pour ce qui est des “remontées terrain”, Patrick Mary, le directeur commercial d’Hypromat France, dresse un bilan du premier semestre. “L’activité lavage s’est révélée plutôt porteuse en juin et beaucoup plus en juillet, explique-t-il. En août, la courbe s’est légèrement infléchie, probablement dû au fait que bon nombre de consommateurs étaient en congés.” Et de poursuivre : “Pour ce qui concerne plus globalement le premier semestre, mis à part le mois d’avril exceptionnel, tous les autres mois se sont révélés désastreux (avec une baisse de l’activité pour certains comprise entre 15 et 20 %, N.D.L.R.), à commencer par mai, bien sûr. Raison pour laquelle l’exercice demeure légèrement négatif par rapport à la même période de l’an passé, quand les mois d’avril, juin et juillet ont permis de redresser quelque peu la situation. De même, la tendance sur septembre est plutôt favorable.” Ainsi selon lui, désormais, seul le bilan de l’activité sur les trois derniers mois de l’année va faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre, ceci dans la mesure où le dernier trimestre 2012 s’était révélé très en deçà des objectifs. La météo relative à l’automne a donc toutes les cartes en main !

Au-delà du business, quelles tendances, d’un point de vue technologique ? Selon Fabrice Collet, le véritable challenge dans le temps, côté fabricants, est de trouver des développements à même de faire la différence avec la concurrence. “Par comparaison, les machines d’aujourd’hui n’ont pas vraiment apporté de révolution par rapport aux machines d’il y a dix ans, affirme-t-il. Certes, globalement, elles ont permis d’améliorer la qualité de la prestation. Qu’en sera-t-il dans dix ans ? Selon nous, l’avenir du lavage passe en priorité par la recherche et le développement, le marketing venant ensuite.” La détection du suivi du profil du véhicule constitue néanmoins une avancée. Sur les portiques de haut de gamme, celle-ci est assurée par des photocellules de plus en plus performantes, légèrement décalées des éléments mobiles afin d’anticiper la détection. “Nous n’en sommes pas encore à détecter le profil du véhicule par ultrasons, notamment”, précise toutefois Patrick König.

Ainsi, le principal cheval de bataille des fabricants réside aujourd’hui au niveau du temps de lavage. Si un portique double permet de ramener à moins de 3’ un lavage/séchage contre 4’30’’ sur un portique standard, le vrai défi consiste à réaliser un programme complet sous les 7’30’’ ! La démarche n’est pas si simple, dans la mesure où d’autres critères viennent brouiller les cartes. “Le vrai challenge technique est de maintenir une qualité de lavage optimum tout en augmentant la vitesse des machines. En outre, il faut également tenir compte d’un autre phénomène, de plus en plus à l’ordre du jour sur le territoire, les nuisances sonores”, explique Patrick König.

Service et convivialité

Selon lui, une machine moderne repose essentiellement sur trois développements basiques : le prélavage HP via les jets spécifiques, les brosses et les différentes solutions qui s’y rapportent, et le séchage. “Le fait que le prélavage HP soit généralement associé au cycle de lavage permet de ne pas perdre de temps, reprend Patrick König. En revanche, le séchage demeure une opération relativement lente. Or, vouloir obtenir un gain de temps substantiel à ce niveau reviendrait à augmenter de façon significative la puissance des turbines, une démarche en contradiction avec l’abaissement du niveau sonore, actuellement de 80 dB en moyenne sur les pointes.” Et celui-ci de rappeler fort justement que le problème ne se situe pas tant au niveau du nombre de décibels absolu, mais plutôt au niveau de la différence du niveau sonore émis par rapport à un niveau sonore ambiant. “Zone résidentielle ou zone commerciale, la perception du bruit n’aura rien à voir”, relève-t-il.

Autre voie explorée dans le lavage, l’aspect convivial des stations. Le nouveau concept Vocaliss d’Heurtaux (déjà présenté dans nos colonnes), soit un accueil musical doublé d’une assistance vocale, en donne un bel exemple. Outre le fait de plonger le client dans une ambiance musicale agréable, la démarche le guide dans le choix des options, fonctionnalités, paiements (monnaie, carte d’abonnement, carte bancaire). Chez Kärcher, on croit beaucoup à cette notion de convivialité et de services. “Demain, le véritable enjeu sera de pouvoir fidéliser le client en lui offrant davantage de services, notamment au travers de la monétique, des bornes communiquantes en mesure de lui proposer des promotions ciblées pour le faire venir à une période plus creuse, etc., explique Jean-Marc Lasserre. Au-delà du prix et de la productivité, le véritable challenge est de rendre les stations plus “fun”, ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui. Nous avons quelques idées à ce niveau, et même quelques projets plus ou moins avancés.” A suivre de près !

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FOCUS - Tecnolec/Autoequip se démarque

Plus que jamais, le discours est d’actualité. A l’heure où la révolution n’est pas encore au goût du jour dans le domaine du lavage à brosses et où tous les matériels offrent un niveau de prestation quasi équivalent, l’une des solutions pour se démarquer de la concurrence passe par des développements attrayants, originaux. Le fabricant italien Autoequip l’a bien compris, lui qui enchaîne les nouveautés en jouant la carte de l’exclusivité. Ainsi, fin 2012, son distributeur Tecnolec Lavages présentait un nouveau portique Rain-X Wash, dont la principale caractéristique repose sur le développement d’un programme spécifique de haut de gamme, le “traitement anti-pluie”. Puis, en début d’année 2013, l’heure était au lancement du tout nouveau système de lavage de roues sans brosses, le Discover. Un concept qui repose sur un plateau oscillant sur lequel sont agencées des buses de lavage haute pression (60 bars)…

Des développements que Tecnolec Lavages ne manquera pas de mettre sur le devant de la scène lors du prochain salon Equip Auto, à l’instar du tout nouveau portique NET (pour New Extreme Technology) présenté en avant-première. Sa principale caractéristique réside au niveau de son look, issu de la planche à dessin de Giugiaro ! Une première dans le secteur. “Outre ses lignes particulièrement fluides et exclusives, ce nouveau portique bénéficie d’évolutions techniques dans tous les domaines, explique Luc Mezzalana, le directeur commercial de Tecnolec Lavages. Il en va ainsi, notamment, des armoires électriques, de la gestion des câbles, du séchage, de la détection/suivi de profil, etc. Parallèlement, la robustesse a été améliorée avec une structure tout inox.”

Développé en trois brosses classiques ou double en cinq brosses, ce nouveau portique sera en outre équipé du lavage de roues sans brosse Discover, et pourra également disposer en option du programme Rain-X. Partant de là, le NET sera disponible auprès de Tecnolec dans une fourchette de prix qui devrait se situer entre 40 000 et 70 000 euros HT en fonction des versions et autres options, soit à un niveau de prix équivalent au TK qu’il va remplacer.

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FOCUS - Le revers de la médaille

Qu’on se le dise, une technologie de pointe nécessite des techniciens hyper pointus en mécanique, électricité, électronique (pour les automates) et bien sûr hydraulique (pour la brosserie). Et là, problème : “En dépit de moyens importants déployés en communication et de l’augmentation du taux de chômage, le recrutement de techniciens se révèle extrêmement difficile dans notre secteur, regrette Patrick König, de Christ. Ces techniciens doivent être capables d’intervenir sur site quelle que soit la météo, dans le cadre d’horaires très irréguliers puisqu’une panne ne se prévoit jamais à l’avance ! En outre, leur formation préalable sur le terrain s’établit au moins sur trois mois, avec un accompagnateur.” Conséquence directe, une “chasse” ouverte aux techniciens, y compris entre les différents fabricants. Pas toujours de bonne guerre… à la manière des plus grands ingénieurs de Formule 1 ! A titre d’exemple, Christ dispose d’une trentaine de techniciens sur un total de quelque 250 sur le territoire, tous fabricants confondus. Amenés à entretenir un parc “portiques” de quelque 5 500 machines, auxquelles s’ajoutent les systèmes HP, ces techniciens ont généralement suivi des études menant à un BTS.

C’est précisément à ce niveau que Lavance jette son dévolu aujourd’hui, via son programme “100 % clients satisfaits” (déjà présenté dans nos colonnes) mené avec SAV’O, sa structure intégrée d’installation et de maintenance des équipements. Outre la qualité de l’intervention de sa hotline technique et de ses techniciens (délais, prestations, clarté des explications), le leader ne néglige aucun détail, puisque les techniciens disposeront prochainement d’un catalogue de pièces détachées (flexibles, lances, gâchettes, raccords, buses, etc.) pour répondre aux attentes des gérants de stations de lavage adeptes du “do-it” pour ce qui concerne l’entretien courant de leur matériel. “A ce jour, 60 pièces ont été identifiées, et leur prix a été renégocié avec nos fournisseurs pour gagner en compétitivité”, explique Christian Chausse, directeur général adjoint du groupe Lavance en charge des activités de services. Une démarche positive s’il en est.
 

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