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La voie des garages

Publié le 15 janvier 2014

Par Romain Baly
4 min de lecture
Longtemps absent du débat environnemental, le monde de l’automobile tente depuis plusieurs années de se refaire une image, en sensibilisant ses acteurs aux enjeux du recyclage. Mais aujourd’hui, où en sont vraiment les choses ? Quel bilan tirer de cette évolution ? Etat des lieux.
Bien qu’en progrès constant, le recyclage n’est effectué que par deux tiers des garages.

Prenant conscience que l’image qui leur était attribuée, à tort ou à raison, n’était pas très valorisante pour eux, les professionnels de l’automobile s’attellent, à la modifier pour se donner le contenant et le contenu de gens sérieux et respectueux. Respectueux de leurs clients, de leur profession, mais aussi de l’environnement. Un changement à mettre en premier lieu au crédit des grands acteurs de ce milieu. “Tous les grands groupes ont aujourd’hui pris le sujet au sérieux en mettant en place un responsable environnement, une politique environnementale, des incitations au tri des déchets.”, confie Julien Salive, responsable commercial de Chimirec, l’un des leaders du recyclage en France. N’hésitant plus à mobiliser des centaines de milliers d’euros pour l’environnement, ces entreprises imposent cette nouvelle donne à tous leurs collaborateurs. Une manière de s’assurer que les pratiques sont bien en adéquation avec le message diffusé. Résolu dans les grands groupes, le problème demeure intact dans toutes les structures indépendantes. “Imaginez-vous la charge de travail d’un petit patron qui doit s’occuper de son activité, de son administratif, de son stock, qui doit se tenir au courant des changements de réglementation. La question du recyclage peut facilement passer à la trappe”, relève Jean-Louis Pech, président du GIE France Recyclage Pneumatique (FRP). Ainsi, en 2012, sur les 36 000 garages que compte l’Hexagone, on dénombrait 23 610 “recycleurs”, et ce, alors que la législation oblige pourtant toutes les structures à s’y plier.

Sensibiliser encore et encore

A bien y regarder, le problème demeure même encore plus important : si ces 23 610 garages ont déclaré avoir recyclé au moins un déchet, le garage modèle, imaginé par plusieurs organisations, préconise la collecte de cinq déchets dangereux et trois déchets non dangereux. Dans ce cas présent, la statistique tombe de suite beaucoup plus bas puisque seulement 1 979 garages réussissent à s’y plier. Une situation qui s’explique par le coût induit par le recyclage. Un travail de sensibilisation, mais aussi d’explication est alors nécessaire, et qui revient aux différentes organisations, comme le souligne Marie-Josée Deleau, de chez Praxy, société qui gère les déchets d’un réseau d’entreprises : “C’est à nous d’expliquer aux professionnels que, par exemple, des pare-chocs accumulés au fond d’une cour vont coûter beaucoup plus cher pour être éliminés au bout de dix ans que s’ils l’avaient été au fur et à mesure.” Autre facteur à problème : la place que nécessitent les bacs de tri. Si la loi précise qu’il doit y avoir dans chaque garage un conditionnement par déchet, sur certains sites, leur nombre peut facilement monter à dix, voire quinze bacs.

Flexibilité et visibilité au cœur du débat

Pour limiter le problème, certains comme Sevia, filiale de Veolia, proposent à leurs clients de réaliser un audit précis de leurs besoins. Saïd Hadjaz, responsable marketing, explique : “Chez nous, l’offre est calibrée sur le nombre de personnes qui travaillent dans le garage et sur le volume de manipulations. De là, on propose des contenants de différentes tailles, ce qui permet de résoudre le souci de place sans rogner sur un ou plusieurs déchets.” L’autre solution consiste à intensifier le nombre de collectes, notamment dans les grandes villes, là où la place est souvent limitée, pour libérer les bacs le plus rapidement possible.

Récompenser les bons élèves, contrôler les mauvais

Une manière très concrète d’aborder le sujet et de faire de cet effort un atout. Plusieurs organisations incitent désormais leurs clients et adhérents à se vanter de leur comportement éco-responsable, d’eux-mêmes ou par le biais d’un label. Praxy, Sevia ou encore Autoéco, société chargée de récupérer et de normaliser les statistiques des collecteurs, tous suivent ce principe pour récompenser leurs bons élèves et les inciter à continuer. L’une des pistes souvent évoquée pour améliorer la situation, consisterait à intensifier les contrôles. “Malheureusement, il faut que la démarche soit répressive pour être efficace, souligne Olivier Fort, fondateur d’Autoéco. Aujourd’hui, les contrôles sont encore trop peu nombreux pour inciter les derniers récalcitrants à se plier aux règles.”

Malgré cela, si la situation reste encore imparfaite, de grands changements ont déjà eu lieu et une vraie prise de conscience s’est faite chez la plupart des acteurs. Julien Salive se montre optimiste : “On pourrait toujours faire mieux. Mais les choses progressent. Constructeurs, réparateurs, distributeurs, tout le monde joue désormais le jeu du recyclage. Ce n’est pas pour autant qu’ils le font bien, mais ils sont tous investis.” Sur la bonne voie, la donnée environnementale mettra encore du temps à rentrer définitivement dans les mœurs de l’automobile. Mais à force de travail, nul doute qu’elle y parviendra.

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