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La crise ne change pas (encore) la donne

Publié le 6 décembre 2011

Par Armindo Dias
6 min de lecture
Aussi étonnant que cela puisse paraître, rares sont les sociétés de financement indépendantes à avoir revu leurs priorités et objectifs sur les exercices 2011 et/ou 2012. Ces derniers mois ont pourtant été marqués par une généralisation de la crise de la dette, une montée du chômage, une consommation en demi-teinte, une inquiétude grandissante quant à l’avenir de la zone Euro et une absence de sérénité du côté des industriels. Explications.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, rares sont les sociétés de financement indépendantes à avoir revu leurs priorités et objectifs sur les exercices 2011 et/ou 2012. Ces derniers mois ont pourtant été marqués par une généralisation de la crise de la dette, une montée du chômage, une consommation en demi-teinte, une inquiétude grandissante quant à l’avenir de la zone Euro et une absence de sérénité du côté des industriels. Explications.

La sérénité reste de rigueur chez la plupart des sociétés de financement dites indépendantes. Elles sont peu nombreuses à avoir revu leurs objectifs à la baisse sur l’exercice en cours au vu de l’évolution de leur activité depuis la fin juin. Cette période a pourtant été suivie par un été boursier très chahuté et une généralisation de la crise de la dette avec toutes les conséquences que l’on sait (montée du chômage, ralentissement de la consommation et inquiétude grandissante chez les industriels, notamment). Seuls CGI et Viaxel sont dans ce cas. Cette dernière financière reconnaît que la croissance de ses recettes sera sans doute plus proche des 3 % que des 7 %, restant tout de même dans le trend de production attendu à la fin juin sur l’ensemble de 2011 (de 3 à 7 %). Cette financière a réalisé un très bon mois de juillet, mais aussi un mauvais mois d’octobre, avec une baisse de son volume de nouveaux dossiers de l’ordre de 20 % par rapport à la même période de 2010. “Vu le retournement de conjoncture auquel nous avons assisté en octobre, notre croissance de production devrait être plus proche des 3 % que des 7 %”, déclare ainsi Jean-Marie Thierry, directeur de la distribution de Sofinco-Viaxel.

Les autres établissements ? S’ils craignent quasiment tous une fin d’année plus difficile que prévu, ils restent tous sur les objectifs qu’ils s’étaient fixés il y a quelques mois : Cetelem vise toujours une croissance de production d’environ 10 % et Financo de l’ordre de 20 %. Cetelem estime pouvoir y parvenir en maintenant son rythme d’évolution du premier semestre et Financo en conservant son trend de croissance enregistré de début janvier à fin juin, mais aussi en développant son activité avec les deux nouveaux apporteurs d’affaires que cette financière a séduits depuis la fin juin. Elle en avait fait tomber une quinzaine dans son escarcelle au premier semestre. “Ils font tous deux partie du Top 100* des groupes de distribution français”, précise Morgan Marzin, le directeur commercial prescripteurs de Financo. Et ce dernier en est d’autant plus satisfait que des nouveautés vont prochainement étoffer le portefeuille produits de la filiale du groupe Crédit Mutuel Arkéa.

“Des atouts supplémentaires face aux captives si ces dernières décident de rester très agressives”

Sur le premier semestre 2012, elle a prévu de lancer une solution de gestion de floor plans dédiée aux groupes automobiles et d’insérer dans son système informatique un module de consultation estampillé EurotaxGlass’s. Financo devrait en outre faire évoluer son offre d’extensions de garantie VN. GE Money Bank a décidé de son côté de récolter les fruits de sa nouvelle organisation et de revoir la segmentation de certains de ses produits, cette financière s’attendant cette année à afficher au minimum le même niveau de production qu’en 2010. Viaxel a programmé pour sa part le lancement de nouveaux produits associés, des prestations qui viseront aussi bien des particuliers que des professionnels, et qui pourront être souscrits aussi bien pour des VN que pour des VO. “Ils représenteront des atouts supplémentaires face aux captives si ces dernières décident de rester très agressives en 2012”, nous a déclaré Jean-Marie Thierry.

Du côté de Cetelem, la priorité va être, dans un premier temps, de capitaliser sur l’existant et notamment sur le partenariat scellé récemment avec Opel dans le domaine de la LLD à particuliers via l’entité Cetelem Renting. “Il convient par ailleurs de ne pas oublier que nous avons lancé récemment une offre de financement pour des jeunes en CDD sous l’appellation Cetelem Solution Auto”, rappelle Christophe Michaëli, le directeur du marché automobile de Cetelem France. Elle devait initialement prendre fin à la fin de l’année, mais elle sera finalement prolongée sur 2012. L’organisme aurait déjà reçu plusieurs milliers de demandes pour cette offre lancée courant septembre. De quoi affronter le nouvel exercice avec sérénité. Certains craignent que la chute importante du marché des particuliers à laquelle s’attendaient nombre de spécialistes en début d’année sur l’ensemble du présent exercice ne devienne surtout une réalité en 2012. D’autres estiment par ailleurs que leur activité sera tout sauf favorisée par la mise en place de la réforme prudentielle Bâle III en 2013. Son volet dit CRD 4 prévoit un renchérissement des fonds propres et l’instauration de nouveaux ratios de liquidité, l’un de court terme, c’est-à-dire inférieur à 30 jours (Liquidity Coverage Ratio) et l’autre de long terme, c’est-à-dire de plus d’un an (Net Stable Funding Ratio). “Le second pose problème aux établissements qui n’ont pas de collecte de dépôts de clientèle”, soulignait il y a peu Eric Spielrein, secrétaire général et membre du comité exécutif de RCI Banque, lors d’un colloque organisé par l’ASF (Association française des Sociétés Financières). En effet, cette absence va compliquer, pour ne pas dire restreindre très fortement, leur capacité à se financer sur les marchés.

*Voir le classement JA Top 100 dans notre Hors-Série de juin 2011.

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ZOOM - Stabilité en septembre !

Les inquiétudes apparues dans le monde de la finance en août n’ont, semble-t-il, pas eu d’incidence sur la production des établissements spécialisés dans le seul domaine des véhicules neufs. Leur production n’a pas décroché sur le mois de septembre, d’après les dernières données de l’Association française des Sociétés financières (ASF). Les financements d’automobiles neuves ont enregistré sur la période une croissance de 0,4 %, à 444 millions d’euros, avec, d’une part, une hausse de 5,5 % du côté de la LOA (161 millions d’euros) et, d’autre part, un recul de 2,3 % du côté du crédit classique (283 millions d’euros). Sur les neuf premiers mois de l’année, ces mêmes financements ont progressé de 4,4 %, à 4,6 milliards d’euros, avec 3 milliards pour le crédit classique (+ 6 %) et 1,6 milliard pour la LOA (+ 1,3 %). Qu’en a-t-il été du côté du VO ? Et bien, il y a eu des reculs aussi bien sur le seul mois de septembre que sur les neuf premiers de l’année. Les financements de véhicules d’occasion se sont contractés de 6 %, à 222 millions d’euros, en septembre et de 1,9 %, à un peu plus de 2 milliards d’euros, sur les neuf premiers mois de 2011. Tous types de produits et toutes techniques de financement confondus, la production de nouveaux crédits des établissements spécialisés a progressé de 1 % en cumul sur neuf mois et reculé de 2,1 % entre septembre 2010 et septembre 2011. “Le recul pour l’ensemble du troisième trimestre, qui s’établit à - 3,9 % sur un an, est moins accentué que celui calculé sur le cumul des trois mois précédents qui avait atteint - 6,7 %”, relève l’ASF.

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