La bancassurance gagne du terrain

Les assureurs traditionnels et les mutuelles sans intermédiaires sont prévenus. Ils vont à nouveau devoir compter avec la concurrence des bancassureurs, ces derniers s'étant accaparés une grande partie de la croissance en 2007 selon le dernier benchmark du cabinet de conseil  Facts & Figures ("Benchmark 2009 Croissance x Rentabilité des 30 premiers groupes d'assurance en France")*. En effet, il révèle que les 550 millions d'euros de croissance nette enregistrée sur le segment des assurances de dommages aux particuliers ont bénéficié pour près de trois quarts aux seuls opérateurs Crédit Agricole, Caisse d'Epargne, Crédit Mutuel et BNP Paribas. Résultat : nombre de ces intervenants ont vu leur part de marché progresser, celle du Crédit Mutuel ayant gagné 0,2 point à 4,1 % et celle du Crédit Agricole 0,5 point à 3,9 %**. "Ils ont beaucoup investi ces dernières années, l'assurance dommages restant rentable pour nombre d'opérateurs", explique Cyrille Chartier-Kastler, président fondateur de Facts & Figures. Est-ce à dire que le marché de l'assurance dommages aux particuliers sera très prochainement chamboulé, nombre d'assureurs traditionnels et de mutuelles sans intermédiaires ayant enregistré des pertes de parts de marché de 0,2 point entre 2006 et 2007 ? Pas vraiment, ces acteurs affichant encore de confortables parts de marché en la matière : Covéa, la SGAM réunissant la GMF, la Maaf et MMA, dispose ainsi d'une part de marché de 18,3 % en assurances de dommages aux particuliers selon Facts & Figures (14 % pour Axa, 11,7 % pour Groupama, 8,9 % pour AGF, 8,6 % pour la Macif, 6,1 % pour Maif et 5,9 % pour Generali).

120 000 à 150 000 contrats supplémentaires

"Avec une moyenne de 120 000 à 150 000 contrats automobiles supplémentaires par an en portefeuille au cours de ces dernières années, la Matmut connaît une dynamique de croissance supérieure à celle induite par sa part de marché, souligne Cyrille Chartier-Kastler, ladite part de marché s'étant stabilisée à 3,9 % de 2006 à 2007. Son portefeuille de contrats automobiles s'est développé de 6,2 % en 2007, notamment grâce aux réductions de tarifs pour les véhicules de plus de 5 ans et au lancement du bonus Matmut pouvant aller jusqu'à 65 %." Autant de données qui confirment aussi par ricochet la position dominante de l'ensemble des assureurs traditionnels et des mutuelles sans intermédiaires au niveau du seul segment auto, ce qui est confirmé dans le classement des quinze premiers groupes d'assurance en automobile établi par Facts & Figures (tous les types de véhicules sont pris en compte, y compris ceux des flottes) : Covéa y arrive en tête avec une part de marché de 19,6 %, devant Axa (15,6 %), Groupama (11,4 %), la Macif (10,2 %), les AGF (8,2 %), la Maif (6,6 %), Generali (5,3 %) et la Matmut (4,6 %)***. Une dernière entité qui ne domine pas le marché mais qui a continué à afficher son dynamisme en 2008 : à l'occasion de la présentation de ses résultats, le groupe a annoncé qu'il totalisait 2,8 millions de sociétaires et assurait 2,7 millions de véhicules (+ 3,5 % par rapport à 2007). "Les mutuelles sans intermédiaires restent très présentes dans le secteur automobile", conclut Cyrille Chartier-Kastler, leur part de marché y étant d'ailleurs de 44,7 %. Quelles sont les parts de marché des autres réseaux de distribution ? Elles sont de 27,7 % pour les agents généraux et de 16,5 % pour les courtiers, les bancassureurs arrivant en quatrième position avec un modeste 8,2 %. Mais attention. Ce pourcentage est en augmentation…

*Il a été réalisé à partir des comptes des opérateurs arrêtés à la fin 2007.
**Une partie est liée à l'effet mécanique du rachat des 60 % du capital des Assurances Fédérales Iard auprès des AGF.
***La Macif, la Maif et la Matmut réunies affichent une part de marché de 21,4 %, ces trois entités ayant annoncé récemment leur volonté de créer une SGAM (voir JA n°1078).