S'abonner
Services

Knave lève un milliard d'euros pour propulser les constructeurs chinois en Europe

Publié le 3 juillet 2025

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
L'entreprise française spécialisée dans l’activité de paiement à l'usage a bouclé il y a quelques jours un contrat d’envergure avec des partenaires chinois. Le milliard d'euros ainsi récolté servira à financer les deux projets de Knave : créer sa captive financière et une filière de recyclage de batteries.
knave chine
L'accord trouvé par Knave doit favoriser l'importation de marques automobiles chinoises. ©AdobeStock-Shutter Din

Knave n'en finit décidément pas d'affoler les compteurs. Moins d'un an après avoir attiré des investisseurs britanniques dans un projet à 225 millions d'euros, la société française vient de signer un nouvel accord majeur. Cette fois-ci, les cofondateurs, Jérôme Beillevaire et Edouard Vaujour, se sont tournés vers l'Asie et, plus précisément, la Chine.

 

En effet, l'entreprise spécialisée dans l’activité de paiement à l'usage a noué un accord portant sur un montant d'un milliard d'euros. Une levée de fonds à laquelle ont contribué la région du Fujian et la Free Trade Zone de Xiamen. Autrement dit, un consortium d’entités chinoises de premier plan qui représente les intérêts d'industriels, à commencer par des constructeurs de voitures et de véhicules utilitaires.

 

De ce partenariat stratégique, qui a demandé six mois de préparation, le duo d'entrepreneurs ressort avec une ambition grandie. Dès le troisième trimestre 2025, une filiale détenue à 100 % par Knave va s'ouvrir sur la Free Trade Zone de Xiamen. Elle positionnera la société tricolore comme une plateforme financière pour soutenir l’activité de groupes chinois en Europe.

 

"Nos moyens financiers vont nous conduire à soutenir des marques chinoises souhaitant s'implanter durablement en Europe", confirme Jérôme Beillevaire au Journal de l'Automobile. Interrogé sur les pistes les plus sérieuses, il évoque des noms tels que Skyworth ou encore SAIC.

 

Une simili-captive non régulée

 

De quoi s'agit-il exactement ? L'entreprise parisienne dispose d'une réserve d'environ 900 000 millions d'euros pour assurer le portage des véhicules et dérouler son traditionnel modèle économique de paiement à l'usage pour les consommateurs. Un schéma de service de mobilité que Volvo France et Ligier ont déjà adopté avec la fintech depuis 2023.

 

Mais cela ira en réalité plus loin dans la réflexion. "La tension économique bloque les concessionnaires dans leurs projets. Ils peinent à prendre des panneaux de nouveaux constructeurs et à acheter des stocks. Nous viendrons résoudre cette problématique en limitant à long terme leurs risques", explique Jérôme Beillevaire.

 

 

Il présente cette approche sous la forme d'une structure qui s'apparente à une captive non régulée au service du commerce automobile. Elle donnera aux néoconstructeurs la possibilité de constituer des parcs de voitures de démonstration, de courtoisie et d'assistance sans mettre davantage les concessionnaires sous pression.

 

La bataille du recyclage

 

Pour accepter ce rôle, Knave a posé des conditions. Il n'est pas question de servir de cheval de Troie, mais de défendre la souveraineté. Aussi, dans toutes les coentreprises qui découleront de l'accord, la fintech détenue et gouvernée en majorité par des intérêts français prendra la majorité des parts. Ses actionnaires de la première heure l'y aideront.

 

Autre contrepartie intégrée aux tractations, celle de créer des emplois qualifiés en Europe. En effet, Knave va employer une partie des fonds pour identifier des sites industriels où les constructeurs et équipementiers chinois effectueront du recyclage de batteries de voitures électriques. Et le cofondateur de présenter le plan : "Nous allons assister à un transfert de technologie pour faire de notre continent un véritable lieu d'expertise, capable de traiter les métaux rares".

 

 

Si la bataille de la domination du marché des voitures électriques neuves semble bien mal engagée pour les constructeurs européens, la direction de Knave affiche sa confiance pour celle du recyclage. "Nous estimons, décrypte Jérôme Beillevaire, qu'au bout de cinq à six ans, la valeur de la batterie est supérieure à celle du véhicule. Il est donc crucial d'intégrer le recyclage dans l'équation économique".

 

Entre les lignes, il faut lire une allusion à la problématique des valeurs résiduelles qui touche l'Europe. "Un sujet qui concentre l'attention des groupes et leur ferme les yeux à l'innovation", interprète le cofondateur de Knave. Pourtant, selon ses dires, des grands groupes signeront prochainement le déploiement de sa solution. La fintech interviendra pour que le paiement à l'usage s'applique sur des VE lors des deuxième ou troisième cycles de vie.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle