Et si nous faisions fausse route ?
C’est une passion très franco-française. Un passe-temps qui consiste à critiquer, à tort ou à raison, tout ce qui ferait la fierté de bien des pays. Et ces dernières années, l’auto-flagellation a pris le parti et l’habitude de s’attaquer à l’enseignement. Des bacheliers aux doctorants, en passant par les écoliers et les collégiens, il n’y a plus que les nouveau-nés désormais pour échapper aux soubresauts des critiques. Dépassé, inefficace, abscons sont les reproches le plus souvent adressés au système éducatif français. Des reproches qui prennent également naissance sur la foi de divers classements mondiaux, plus ou moins crédibles, où la France a pris l’habitude de rouler en queue de peloton depuis plusieurs années. Le classement Pisa 2013 de l’OCDE, qui évalue tous les trois ans le niveau des élèves de moins de 15 ans du monde entier, révélait que la France, déjà mal classée, avait encore régressé. En plaçant celle-ci au 25e rang, l’OCDE faisait apparaître d’importantes lacunes en mathématiques, mais aussi un système particulièrement inégalitaire entre les bons et les moins bons élèves. De quoi donner des arguments aux détracteurs du système éducatif français. Dans un autre registre, l’enseignement supérieur était lui aussi récemment sous le feu des critiques. La faute au dernier classement de Shanghai des meilleures universités du globe, dans lequel ne ressortaient que quatre représentants tricolores dans le Top 100, dont le premier, l’université Pierre et Marie Curie, à une maigre 37e place. Nonobstant ces analyses et la mauvaise image qu’elles véhiculent, notre enseignement n’est pas aussi titubant qu’il y paraît.
Les meilleurs éléments étrangers dans le viseur
Par-delà la quantité se trouve la qualité. En dehors d’un Top 20 outrageusement dominé par les Etats-Unis, le classement de Shanghai oublie de montrer que la France compte autant d’universités dans le Top 100 que des pays comme l’Allemagne, le Canada ou la Suisse et progresse comparé aux précédents rapports. En élargissant jusqu’au Top 500, elle se classe au 6e rang avec 20 représentants, soit autant que le Japon. Par ailleurs, si l’on s’attache au seul et unique secteur automobile, objet de ce dossier, on s’aperçoit de l’intérêt grandissant des professionnels français pour l’étranger et des acteurs étrangers pour le personnel tricolore. Une tendance qui n’émane pas du ciel, mais qui résulte davantage des efforts des écoles pour adapter leur enseignement à la mondialisation de l’automobile. Maîtrise poussée de l’anglais, deuxième ou troisième langue conseillée, ouverture à l’international et stages à l’étranger sont autant d’atouts pour les élèves que les écoles spécialisées recherchent et développent. Travaillant de concert avec les entreprises, celles-ci ont compris l’intérêt qui était le leur à standardiser leurs cursus sur les besoins de l’industrie. Quitte à frôler le conflit d’intérêt entre le monde de l’entreprise et celui de l’enseignement. Et pour renforcer leur crédibilité mise en danger, nombreux sont les établissements à vouloir attirer la fine crème estudiantine mondiale dans leurs rangs. Cela ne sera peut-être pas suffisant pour faire taire les mauvaises langues, mais aura au moins le mérite de les calmer.
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