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Dépannage - Une profession qui s’interroge

Publié le 14 mai 2014

Par Jean-Marc Felten
6 min de lecture
Dépanneur, un métier reconnu depuis 1975, avec un décret qui fixe les codes de l’activité. Pourtant, les professionnels qui ne pratiquent que cette activité n’ont toujours pas de code APE ! Dommageable pour faire valoir des droits auprès des pouvoirs publics.
Dépanneur, un métier reconnu depuis 1975, avec un décret qui fixe les codes de l’activité. Pourtant, les professionnels qui ne pratiquent que cette activité n’ont toujours pas de code APE ! Dommageable pour faire valoir des droits auprès des pouvoirs publics.

Les dépanneurs sont entre 2 000 et 3 500 en France, selon les organisations qui fournissent les chiffres. Mais le plus important à souligner, c’est qu’ils ont été jusqu’à 6 500 en 1996 et qu’en 2006, il y en avait encore 5 000 (chiffres F.N.AA). Ces nombreuses fermetures d’entreprises résultent notamment de regroupements dans des structures couvrant des régions entières. Les raisons de cette diminution sont également expliquées par plusieurs évolutions de l’automobile : les véhicules présentent une fiabilité croissante et les campagnes de sécurité routière associées au contrôle de vitesse entraînent une baisse significative des pannes et accidents sur la route. Comme les carrossiers, les dépanneurs voient ainsi leur activité chuter de jusqu’à 10 % par an. Le changement des habitudes concernant les services aux automobilistes tient également sa part dans l’évolution de la profession. Pour les usagers de la route, le recours à un service référent, un service obligatoire de bornes d’appel sur autoroute ou une assistance liée à un contrat d’assurance est devenu une évidence. Les dépanneurs qui travaillaient auparavant en direct ont donc vu arriver des intermédiaires qui imposent des normes qualitatives importantes et des tarifs compétitifs. Certains renoncent, alors que la course aux agréments, une garantie (coûteuse) sur l’activité, ne fait que s’accroître pour les plus importants.

Activité unique ?

Il faut distinguer deux types de dépanneurs, ceux qui en font leur activité principale, et ceux dont le dépannage constitue un complément d’activité. Alors que les spécialistes sont aptes à répondre à la totalité des missions, pour une faible rentabilité, ils reprochent aux réparateurs de n’accepter que les missions génératrices de business ultérieur dans les ateliers. Dans les zones urbaines, ce sont les assisteurs qui prennent les appels et missionnent les dépanneurs. Ils contactent en priorité des entreprises qui répondent à un cahier des charges intégrant la disponibilité (des interventions en moins de trente minutes), le service (une prise en charge des personnes dépannées) et la qualité du matériel (véhicules de moins de 10 ou 12 ans, 5 places assises…). Pour prétendre à ces agréments, il faut des locaux pour loger pendant plusieurs jours ou semaines des véhicules en attente de transfert vers un dépanneur, un nombre suffisant de dépanneuses de plusieurs modèles pour répondre aux nombreux types de missions (sous-sols, espaces réduits, véhicules lourds…) et un personnel en nombre et en compétences suffisants pour assurer l’ensemble des dépannages et transports. Ce dernier point est d’ailleurs une faiblesse du système qui entraîne des conséquences sur l’équipement et sur la rentabilité de l’activité, mises en avant par l’ensemble des acteurs.

L’équilibre tarifaire précaire

Sur le modèle des prestations assurées par les carrossiers, les dépanneurs sont soumis à la bonne volonté des sociétés d’assistance, qui les rétribuent sur des bases souvent jugées insuffisantes. Un dépannage est en moyenne rémunéré 60 euros, qui doivent inclure l’amortissement de l’équipement, le salaire et les charges de l’employé pour une durée moyenne d’une heure trente, soit une rémunération de 40 euros l’heure, tout juste comparable à celle du carrossier. Pas de quoi être suffisamment attractif pour attirer un personnel dont on exige pourtant des compétences très diversifiées et une disponibilité 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Un métier exigeant

Pour intervenir sur la totalité des missions, le dépanneur doit disposer du permis poids lourds, qui lui permet de conduire les plateaux de dépannage chargés d’un véhicule de moins de 3,5 tonnes. Il doit également être capable de déterminer rapidement une panne réparable sur place avec des compétences de mécanicien.

Les sociétés d’assistance demandent un taux de réparation sur place de 85 %, déduction faite des véhicules irréparables accidentés ainsi que des demandes impératives des propriétaires ou des services publics d’un transport vers un réparateur ou un centre de stockage. Ces chiffres sont à la fois réalistes (si l’on retire les cas particuliers) et loin d’être atteignables, compte tenu de l’évolution technique des voitures, de l’obligation de résultat du réparateur et du manque des pièces détachées nécessaires dans un camion de dépannage.

Le matériel, des véhicules en surcharge permanente

Par ailleurs, les dépanneuses sont de plus en plus lourdes. L’équipement imposé diminue d’autant la charge utile. Les véhicules de dépannage sont soumis à des normes, reconnues par l’attribution, par les DRIEE, DREAL ou DEAL, d’une carte dite “carte blanche” autorisant la circulation des véhicules spécialement aménagés pour l’activité de dépannage, le transport de véhicules ou le remorquage. Malgré ces homologations impératives, à l’arrivée, le transport d’une voiture de 1 700 kg (le poids moyen d’un VL aujourd’hui), entraîne une surcharge sur la flèche du porteur, qui compromet la sécurité. Les projets d’évolution des réglementations sont donc en débat entre les différentes parties. Loin de rassembler l’ensemble des professionnels, ces questions sont actuellement l’objet de dissensions marquées.

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FOCUS - Débat sur l’eCall

L’arrivée prochaine de l’eCall, ou appel d’urgence, attise des convoitises. Les constructeurs souhaitent bien sûr pouvoir intervenir dans le débat, garants du bon fonctionnement des véhicules, et surtout pouvoir rapatrier dans leurs ateliers les voitures en panne. Mais avant d’arriver chez eux, ce sont les sociétés d’assistance et les dépanneurs eux-mêmes qui voudraient se poser en interlocuteurs privilégiés des services publics.

Voir les assisteurs intervenir signifierait pour les dépanneurs tomber sous le joug de tiers qui n’ont pour seule mission que d’être des intermédiaires, au détriment de l’usager. Les circuits de gestion des appels étant déjà en place avec les services des pompiers, les dépanneurs revendiquent leur légitimité. Mais pour se faire entendre, il faudra qu’ils passent sur d’autres divisions…

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Le salon des dépanneurs de l’Adaf

L’association des dépanneurs automobile de France (Adaf) organise du 14 au 16 mai le 17e rendez-vous des dépanneurs, salon et lieu de rencontre pour les professionnels, leurs fournisseurs et donneurs d’ordres. Pour la 6e année, deux halls du parc des expositions de Saint-Etienne (42), soit 6 000 m2, seront mis à la disposition des exposants, plus de 60 sociétés, pour accueillir entre 2 500 et 3 000 visiteurs.

Les plus grands fournisseurs doivent y exposer, fabricants de véhicules spéciaux, équipementiers, accessoiristes et fournisseurs de services.

L’Adaf réunira ses adhérents en assemblée générale le mercredi, et une soirée de gala est prévue pour les visiteurs au stade Geoffroy-Guichard de Saint-Etienne le jeudi 15.

Les exposants profiteront de cet événement pour exposer leurs principales fabrications et pour montrer leurs nouveautés, mais le salon sera également l’occasion pour chacun de se rencontrer, concrétiser des projets, promouvoir les avancées techniques et évoquer les nouvelles orientations du secteur.

Côté matériel, les fournisseurs pourront mettre en avant les “feux de sécurité”, flashs qui étaient jusqu’à présent interdits mais désormais autorisés, et qui assurent une plus grande sécurité pour les opérateurs.

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