Christine Oberdorff, Rédactrice en Chef du Magazine Ushuaïa TV
Journal de l'Automobile. Les constructeurs sont souvent mis au ban par les personnes engagées dans la protection de l'environnement…Comment les jugez-vous ?
Christine Oberdorff. Je vois les constructeurs automobiles comme des industriels qui sont au pied du mur. Ils ont mis du temps à se réveiller. Mais avec les nouvelles législations mises en place, (L'Europe exige notamment que les constructeurs atteignent une moyenne de 130g de CO2/ km d'ici 2012, NDLR), ils n'ont pas d'autre choix que de s'engager pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. J'ai une certaine estime pour les constructeurs et l'automobile en général, c'est un moteur dont nous avons besoin pour relancer l'économie. Ce secteur représente quand même des milliers d'emplois en France.
JA. La plupart des constructeurs ont diminué leurs émissions de gaz à effets de serre ces dernières années. Ils l'ont fait sous la contrainte des nouvelles réglementations mais également, assurent-ils, pour développer une politique de développement durable dans leurs usines de production.
CO. Ce n'est pas aux constructeurs de faire tout le boulot. Nous, citoyens, avons la responsabilité de nos actes. Pratiquer le co-voiturage ou l'éco-conduite en fait partie. Nous n'échapperons pas à cette prise de responsabilité. Par contre, l'écologie doit rester sexy. Par là, j'entends que les petits véhicules ne soient pas seulement des objets utilitaires, c'est le cas de la Fiat 500, ne serait-ce que parce que ce sont souvent les femmes qui conduisent ces petites voitures. Et j'espère que les véhicules électriques que les constructeurs nous préparent, auront un design attractif !
JA. Avez-vous conscience des difficultés en terme de coût et de temps qu'ont les constructeurs pour mettre sur le marché des véhicules électriques à grande échelle ?
CO. Je pense que nous allons vivre une période de transition. Avant d'accéder aux véhicules électriques, nous irons vers des véhicules plus légers, ce qui est déjà le cas, émettant moins de 114 g de Co2 /km, c'est déjà bien. En attendant que les constructeurs aient le temps de produire ces véhicules et que les infrastructures (bornes électriques, NDLR) soient mises en place, les citoyens devront s'adapter et faire du co-voiturage , du vélo ou utiliser tout autre mode de déplacement alternatif favorable à la protection de l'environnement. Ce serait bien que les constructeurs fassent des campagnes sur l'éco-conduite et l'autopartage….
JA. Ce n'est pas dans leur logique industrielle…
CO. Oui. Mais ils pourraient vendre davantage de véhicules sur les marchés publics d'autopartage, ce qui compenserait les baisses des véhicules vendus au grand public. Mais pour que cela fonctionne, l'autopartage doit se développer et devenir beaucoup plus facile d'utilisation.
En ce qui concerne les véhicules électriques je reste quand même réservée quant à leur impact qu'ils auront sur l'environnement. Je me demande s'il n'y aura pas, à terme, une surconsommation d'électricité… Et puis, en tant que mère de famille, je ne me vois pas investir 20 000 euros dans une voiture électrique. Alors en attendant, je me déplace autant que possible à vélo et je choisis de prendre les nationales plutôt que les autoroutes pour aller en Bretagne…
JA. Avez-vous rencontré des constructeurs pour leur faire part de vos doléances ?
CO. Pas pour le moment mais nous sommes ouverts à la discussion. Nous organisons au mois de novembre une semaine spéciale sur Copenhague et à cette occasion, je souhaiterais que des grands patrons de PSA et Renault soient à mes côtés sur le plateau. Ils seront les bienvenus.
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