Bourdais à pieds

...Hongrie jusqu'à ce qu'on me notifie le contraire". Au micro de TF1, Sébastien Bourdais montre son agacement. Un agacement légitime pour celui qui vient d'abandonner dans le 18e tour du GP d'Allemagne, victime d'un problème hydraulique lui ayant fait perdre l'accélérateur, la direction assistée, ainsi que la commande de boîte de vitesses de sa peu performante (et souvent peu fiable) Toro Rosso-Ferrari. Le Manceau est comme ça. Direct, franc, parfois sans aucune réserve face à la presse. Toujours est-il que la rumeur, qui courait avec insistance dans le paddock du circuit du Nürburgring, vient malheureusement de prendre une tournure officielle : Toro Rosso se sépare du français, avec effet immédiat.

Le message de Franz Tost, le directeur autrichien de l'équipe, ne souffre d'aucun détour, si l'on peut dire. "Lors de la deuxième année de Sébastien avec nous, la collaboration n'a pas répondu aux attentes et en conséquence, nous avons décidé de le remplacer pour la prochaine manche du championnat du monde, le Grand Prix de Hongrie".

On pourrait crier à l'injustice, dans la mesure où le quadruple champion de ChampCar (la "F1 américaine") était sous contrat jusqu'à fin 2009. Malheureusement, la F1 est un univers impitoyable, et Bourdais n'est pas la première (ni la dernière) victime du système. Notre sentiment est surtout que l'écurie italienne aurait pu attendre le résultat du GP de Hongrie pour prendre cette décision irrévocable, dans la mesure où sa STR4 devait justement bénéficier d'évolutions majeures issues de l'écurie sœur Red Bull, tel le diffuseur à double étage dans sa version définitive et tout ce qui va avec…

Des évolutions que le Manceau, fort de son expérience, aurait été à même de jauger. Au lieu de cela, Toro Rosso risque d'introniser Jaime Alguesari, un jeune pilote ibérique issu des FR 3.5 des World Series by Renault, qui pourrait amener avec lui un partenaire de poids, le pétrolier Repsol. Là, on touche au problème financier, un aspect sur lequel le français ne pouvait s'aligner. Mais, que lui reproche-t-on exactement ? D'avoir marqué seulement six points en 27 courses disputées (dont deux points cette saison) ? D'avoir été dominé par ses jeunes équipiers ? Vrai pour Vettel, moins vrai pour Buemi. Des qualifications ratées, suite à des décisions pourtant prises de façon collégiale ? De n'avoir pas su saisir certaines bonnes occasions en course ? Son manque de chance certain ? Sans doute un peu tout à la fois. Reste ce constat, affligeant. Après la disparition du GP de France du calendrier, c'est désormais au tour du seul pilote français en activité de disparaître de la grille des Grands Prix. Une situation déjà vécue, il y a peu de temps. Retour à la case départ, une fois de plus.

Photo : Comme pressenti, la saison de Sébastien Bourdais s'est arrêtée le week-end dernier au Grand prix d'Allemagne.