15 millions de Français en situation de mobilité précaire
La situation s’aggrave et inquiète. Dans la troisième édition de son baromètre biannuel des mobilités du quotidien, l’association Wimoov, active en faveur de la liberté de déplacement pour tous au quotidien, brosse un portrait peu reluisant de la mobilité en France.
En effet, d'après l’enquête réalisée sur un échantillon de 12 500 personnes, rapporté à la population totale, 15 millions de Français âgés de plus de 18 ans seraient en situation de précarité de mobilité. Un chiffre qui connaît une forte croissance par rapport à la précédente édition, qui dénombrait 13,5 millions de Français dans cette situation.
"Cette situation est le reflet d’une combinaison complexe de facteurs économiques, sociaux et environnementaux. Cette enquête laisse apparaître également en filigrane d’importantes disparités socioculturelles et territoriales", précise le Laboratoire de la mobilité inclusive. Une précarité qui touche toutes les générations, que ce soit en ville, en banlieue ou à la campagne, que les personnes aient un emploi ou pas.
A lire aussi : Réemployer les véhicules essence Crit'Air 3 mis au rebut pour soutenir les ménages les plus modestes
Mais l’association constate cependant que le manque de moyen de mobilité touche surtout les personnes dépendantes à la voiture individuelle, celles n’ayant aucun moyen de mobilité, celles qui perçoivent de faibles revenus, sensibles à la hausse du prix des carburants, celles qui parcourent de longues distances et celles sans alternatives à la voiture.
Une précarité qui s’aggrave
Selon l’étude menée par Wimoov, 40 % des répondants précisent avoir renoncé au moins une fois à un déplacement du quotidien dans les cinq dernières années. En parallèle, 38 % ont renoncé régulièrement à un déplacement et rencontrent des difficultés persistantes à se déplacer.
Parmi eux, 25 % sont des étudiants et 31 % sont des demandeurs d’emploi de courte durée de moins de six mois. Une précarité qui impacte différents types de déplacement. Ainsi, une part non négligeable ont déjà renoncé à la visite d’un proche (23 %), à un rendez-vous médical (25 %), à un rendez-vous administratif (18 %), voire à un emploi.
A lire aussi : Le groupe Mary aide les demandeurs d'emploi à se véhiculer
D’après l’étude, la précarité trouve ses causes dans une forte dépendance au véhicule individuel. Wimoov recense ainsi une baisse de la connaissance des transports en commun régionaux de 12 %. Par ailleurs, 45 % des personnes interrogées affirment ne pas avoir le choix de leur mode de transport. Un indicateur stable alors que ce dernier a chuté de dix points en 2019. Notons que le taux de possession de voiture des Français est de 74 %.
Une méconnaissance des dispositifs antipollution
Par ailleurs, les différentes réglementations destinées à limiter la pollution impactent les populations les plus défavorisées, révèle l’étude. Par conséquent, 73 % du panel assurent ne pas connaître les règles des zones à faibles émissions (ZFE). 13 % assurent par ailleurs qu’ils sont prêts à enfreindre la loi et 21 % sont même prêts à ne plus se déplacer.
En parallèle, la conscience des enjeux environnementaux se trouve en baisse. De fait, la préoccupation de la situation environnementale chute de huit points depuis 2019 pour aboutir à 75 %. Même constat en ce qui concerne la question "pensez-vous que les déplacements contribuent à la dégradation de l’environnement", les réponses positives décroissent de neuf points pour finir à 36 %.
La précarité s’accélère, mais les Français sont de moins en moins au courant des dispositifs d’aide à la conversion dont ils peuvent bénéficier. 67 % des interrogés ont donc une connaissance insuffisante ou inexistante des aides financières pour passer au vélo ou à la voiture électrique. D’autre part, 69 % ne connaissent pas le site primealaconversion.gouv.fr. Notons que 71 % des Français n’envisagent pas d'acquérir un véhicule électrique du fait d’un coût à l’achat bien trop élevé.
Des propositions pour lutter contre la précarité mobilité
Wimoov ne se contente pas seulement de constater. Il émet aussi des propositions dans l’objectif de lutter contre cette problématique. L’association propose de créer une ligne budgétaire pérenne allouée à la mobilité solidaire dans la loi d’orientation des mobilités (LOM). Elle suggère aussi de mieux sensibiliser les jeunes en matière de mobilité et en déployant le métier de conseiller mobilité sur tout le territoire.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.