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Industrie

Véhicules électriques et hybrides : entre interrogations, évolutions et objectifs

Publié le 2 mai 2011

Par Armindo Dias
5 min de lecture
Plusieurs experts, exposants, fournisseurs et constructeurs sont intervenus à l’occasion du deuxième congrès international eCarTec. Ils se sont exprimés sur la technologie mais aussi sur les défis qui restent à relever, et leurs ambitions en matière de véhicules électriques ou véhicules hybrides.
OLIVER NASS, directeur général d'ESG France.

C’est sûr. Tous les intervenants de l’électro-mobilité vont devoir suivre l’évolution de la législation et de la technologie s’ils souhaitent s’accaparer une part importante du marché des véhicules électriques et/ou hybrides. Des évolutions majeures sont actuellement à l’œuvre dans ces deux domaines si l’on en croit certains intervenants du deuxième congrès international eCarTec (il s’est tenu les 30 et 31 mars derniers à Paris). ESG France, société d’ingénierie, de conseil et de formation, y a notamment rappelé que les instructions générales de sécurité d’ordre électriques, NFC 18-510, et les instructions de sécurité pour opérations sur véhicules électriques, UTE C 18-550, allaient prochainement évoluer. “Tous les employeurs vont donc devoir s’assurer que leurs collaborateurs travaillent dans le respect de ces normes”, indique Oliver Nass, le directeur général d’ESG France. Et bien évidemment les premiers concernés seront les garagistes. Ces derniers vont non seulement devoir fournir un minimum d’équipements à leurs collaborateurs - casques et gants, notamment - mais aussi et surtout s’assurer de leur habilitation. “La norme UTE C prévoit une hiérarchie des responsabilités”, rappelle Oliver Nass. Ainsi, seules certaines tâches pourraient à l’avenir être réservée à des techniciens ayant suivi une formation en électricité. “Les formations que nous avons assurées ont, par ailleurs, montré que beaucoup de responsables n’avaient pas conscience du danger des véhicules électriques”, relève le directeur général d’ESG France. Ils ne sont pourtant pas les seuls à encore devoir relever des défis. FCI a par exemple reconnu que dans son domaine d’activités, à savoir la fabrication de prises et d’interconnecteurs pour véhicules électriques ou hybrides, son principal “challenge” consistait à fournir des équipements à la fois très efficaces et très accessibles financièrement. Dans ce domaine comme dans d’autres, les constructeurs regardent aussi les prix ! “Les équipementiers doivent s’impliquer même s’il n’y a pas de normes à notre niveau et que l’on ne sait pas vraiment ce que représentera, à plus ou moins long terme, le marché des véhicules électriques et hybrides”, souligne Marc Cusset, le responsable marketing et commercial de FCI.

“Il faut encore dépenser beaucoup d’énergies pour produire une batterie lithium-ion”

Aussi, rien d’étonnant s’il y a également sur le marché de l’électro-mobilité plusieurs types de bornes de recharge et plusieurs approches en matière de rechargement. “Nous proposons des bornes de 16 Ampères Mono à 125 Ampères”, illustre Hervé Borgoltz, le P-dg de DBT. Elles correspondent respectivement à des bornes de recharge lente et rapide. “Nous avons déjà mis en place 600 bornes en France et en Europe”, poursuit Hervé Borgoltz, DBT travaillant aussi sur des projets en Syrie et en Jordanie. SFC Energy revendique pour sa part plus de 20 000 véhicules équipés de piles à combustible estampillés SFC. “Elles permettent de chauffer les batteries et donc de faire en sorte que ces dernières aient une autonomie similaire ou quasi-similaire aussi bien par + 20 °C que par - 20 °C”, note Kai Steckmann, chef de produit chez SFC Energy AG. Les batteries lithium-ion seules ne représentent donc pas la panacée en matière d’alimentation de véhicules électriques. “Cette technologie est versatile et il faut encore dépenser beaucoup d’énergies pour produire une batterie lithium-ion”, confirme Jean-Marie Tarascon, spécialiste de la chimie et de l’électrochimie du solide et professeur à l’université Jules Verne d’Amiens. Ce dernier estime qu’il faut “consommer” 287 kWh pour produire une batterie de 1 kWh. Côté tarification, il considère que le prix actuel de ce type de batterie provient de la cathode à 48 % et de l’électrolyte à 23 %. “Mais des progrès sont possibles grâce au développement d’électrodes organiques, poursuit le professeur. Les prochaines générations de batteries devraient donc être plus “vertes” et plus performantes. Elles auront une densité énergétique trois plus importante que celle des batteries lithium-ion actuelles.” Jean-Marie Tarascon reconnaît aussi qu’il y a encore des défis technologiques à relever avec les batteries lithium-air (Li-Air) et donc qu’il convient toujours de s’intéresser aux batteries au sodium (Li-S). Des constructeurs n’en prennent pas moins des décisions, à l’instar de Toyota avec le lancement de son hybride Prius + prévu pour 2012. “Il sera doté de batteries lithium-ion et non de batteries nickel métal”, indique Daniele Schillaci, le P-dg de Toyota France. Une chose est sûre : ce constructeur mise sur l’hybridation. “Nous souhaitons que 25 % de nos ventes totales soient réalisées avec des hybrides en 2013”, souligne Daniele Schillaci. Sur le 1er trimestre, cette part était déjà de 15 % (Toyota + Lexus). Toyota désire qu’il y ait systématiquement un modèle hybride dans chacune de ses gammes à l’horizon 2020.

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ZOOM

Lancement du projet SAVE

La concession Renault de Mantes-la-Ville dans les Yvelines a été le théâtre du lancement officiel de l’expérimentation baptisée SAVE (Seine Aval Véhicules Electriques). En effet, les clés des tout premiers véhicules électriques de ce projet mené par l’Alliance Renault-Nissan et EDF, en collaboration avec Schneider Electric, ont été remises à des représentants des sociétés EDF et Sotrema (elles ont réceptionné respectivement une Fluence Z.E. et une Kangoo Z.E.). Destinée à tester en grandeur nature l’utilisation des véhicules électriques jusqu’en juillet 2012, cette expérimentation doit impliquer à terme une centaine de véhicules électriques, aboutir à la mise en place de près de 250 points de charge (chez des utilisateurs mais aussi sur la voie publique, des stations services et des parkings d’hypermarchés) et impliquer une quinzaine d’entreprises et collectivités locales (Conseil Général des Yvelines, Eiffage, Carrefour, Colizen et Etablissement public d’aménagement du Mantois Seine Aval ou Epamsa, notamment). Le coût total du projet a été estimé à 23 millions d’euros. Il a fait l’objet d’un dépôt de dossier auprès de l’Ademe dans le cadre d’un Appel à Manifestation d’Intérêt courant 2009.

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