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Industrie

Michelin tire la sonnette d'alarme sur la compétitivité

Publié le 22 janvier 2025

Par Christophe Jaussaud
3 min de lecture
Florent Menegaux, le patron de Michelin, a été reçu devant la commission des affaires économiques du Sénat. Il a évoqué les problèmes rencontrés en France et en Europe pour rester compétitifs, notamment les coûts de l'énergie, la hausse des salaires, l'hyperconcurrence et la surcapacité.
Michelin Florent Menegaux commission des affaires économiques du Sénat le 22 janvier 2025
Florent Menegaux, le patron de Michelin, est revenu devant la commission des affaires économiques du Sénat le 22 janvier 2025. ©Capture d'écran de l'audition

Après avoir annoncé des fermetures d'usines en Allemagne et en France, Florent Menegaux, le patron de Michelin, s'en est expliqué devant la commission des affaires économiques du Sénat.

 

Si le géant mondial du pneu exporte toujours plus qu'il n'importe depuis l'Europe, "ce n'est plus tenable" a souligné Florent Menegaux, "on a une hyperconcurrence, des surcapacités massives" dans les usines.

 

Produire en Europe coûte deux fois plus cher qu'en Asie

 

Depuis 2019, entre la hausse des coûts de l'énergie et l'inflation qui "s'est retraduite dans les salaires", il est devenu globalement "deux fois plus cher" de produire des pneus en Europe qu'en Asie.

 

"Pour maintenir notre outil industriel en Europe, il faut qu'on ait un outil ramassé, hyperproductif (...). Il faut qu'on investisse massivement dans la robotisation", a encore expliqué Florent Menegaux.

 

Le groupe a ainsi annoncé, fin 2024, la fermeture de deux usines, à Vannes (56) et à Cholet (49), dans lesquelles travaillent 1 254 personnes. Certains d'entre eux manifestaient mercredi 22 janvier 2025 à Paris à l'appel de la CGT.

 

Cholet était le site du groupe "le plus cher au monde pour fabriquer des pneus de camionnette", selon le patron de Michelin. Vannes, qui fabrique des renforts métalliques pour des pneus destinés aux poids lourds – un marché en crise –, a été sacrifié plutôt que l'usine de Golbey (88) car "le bassin d'emploi du Morbihan était beaucoup plus actif et dynamique".

 

"Nos activités de production en France perdent de l'argent"

 

Si le groupe a son siège et de nombreuses activités de recherche dans l'Hexagone, "nos activités de production en France perdent de l'argent", a souligné le patron de Michelin. "En France, il n'y a pas beaucoup d'autres solutions que d'aller dans le haut de gamme."

 

L'usine de pneumatiques agricoles de Troyes (10) est par ailleurs concurrencée par "un manufacturier indien qui produit en Inde et exporte massivement en France", tandis que l'Inde a interdit les importations de pneus. "Et on laisse faire ! C'est ce type de choses-là qu'il faut (résoudre)", a souligné le dirigeant.

 

Si la France a des "atouts formidables" avec "une infrastructure remarquable, une électricité décarbonée d'ampleur, un peu trop chère mais disponible, des personnes bien formées, un tissu industriel préexistant", le patron de Michelin a répété que l'industrie avait "besoin de stabilité réglementaire, fiscale, environnementale".

 

Le patron a en revanche défendu le dispositif du crédit impôt recherche, qui doit être raboté et que Michelin a touché à hauteur de 40 millions d'euros en 2023, estimant qu'il "permet de rendre compétitive la recherche en France" par rapport à l'Espagne ou à l'Italie.

 

"Si on le supprime, Michelin ne mourra pas, mais pourra réfléchir à comment réallouer ses efforts de recherche dans le monde (...) On a un attachement historique à la France mais il faut quand même que je sois capable d'expliquer que je gère l'argent des actionnaires et des investisseurs correctement dans un environnement concurrentiel débridé", a indiqué Florent Menegaux. (avec AFP)

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