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Industrie

Lubrifiants, matières premières : La tendance haussière, bien sûr !

Publié le 14 juin 2012

Par Marc David
5 min de lecture
Tandis que le cours du baril de brent vient de subir les fluctuations que l’on connaît, les huiles de bases minérales ne sont pas en reste, engendrant un marché toujours très tendu.

Impossible d’analyser le secteur des lubrifiants sans évoquer le cours du brut. A ce niveau, 2011 peut être considéré comme un 3e choc pétrolier avec une hausse record de 30 % en euros et de 40 % en dollars. Influencé par la pression des marchés et la géopolitique mondiale, le prix moyen annuel du baril de brent a été le plus haut jamais enregistré. En effet, à 111 dollars, il se révèle 32 dollars supérieur à celui de 2010. Et ne parlons pas du nouveau record à quelque 130 dollars enregistré en février 2012 ! “Nous sommes tenus dans nos formulations de travailler avec des huiles de base de plus en plus qualitatives par définition et, comme le mouvement est général sur le marché, la demande est plus importante sur ce type de produits, explique Martial Sauvee, pour ExxonMobil. En outre, qu’on le veuille ou non, notre secteur demeure tributaire du brent, avec les fluctuations que l’on connaît. Certes, la période haussière vient de se ralentir mais, de toute façon, nous savons que le brent va également se raréfier à moyen ou long terme, cela en dépit de nouvelles capacités de production qui se créent aux Etats-Unis, en Asie et même en Europe, qui permettent de répondre un peu mieux à la demande.”

De son côté, le cours des huiles minérales de Groupe 1, soit le 150 neutral que gère l’indice de cotation Icis, est resté relativement stable entre novembre 2011 et fin février 2012. Depuis, il a littéralement “explosé”. Ainsi, tandis que ce cours se situait à 1 040/1 050 dollars la tonne à fin février 2011, il a réalisé un bond à 1 385 dollars/tonne au 1er mai 2012 ! La raison ? Le fait que le marché des huiles de base demeure particulièrement court, et donc “tendu”, avec une demande supérieure à l’offre. Une situation résultant de la fermeture de certaines raffineries en Europe, à l’instar de Petroplus, acteur important (avec près de 500 000 tonnes par an) puisqu’il avait racheté les raffineries de la Société des Pétroles Shell et notamment celle de Petit-Couronne, près de Rouen. Une précision : aujourd’hui, pour ce qui est d’une éventuelle reprise de l’entreprise, les administrateurs judiciaires de la raffinerie n’ont pas reçu d’offre ferme de reprise “en l’état”, sachant que des pistes existent toujours. “Une chose est certaine, ce facteur met plus de pression sur la disponibilité du Groupe 1 en Europe”, souligne François Dol, pour Motul. Quant aux huiles de base synthétiques de Groupe 3, la hausse se révèle légèrement moins soutenue, mais de très peu. En effet, en prenant en compte le début d’année 2011, le cours se situait en moyenne à 1 045 dollars la tonne, contre 1 360 dollars/tonne aujourd’hui. “Là encore, la demande devient de plus en plus forte, dans le cadre d’une offre non pléthorique, indique François Dol. Un constat qui pourrait également s’appliquer aux bases non cotées par l’Icis, soit les PAO (Polyalphaoléfines) de Groupe 4, ainsi qu’aux esters et autres bases synthétiques (Glycol, etc.) de Groupe 5.”

80 % d’huiles de base et 20 % d’additifs pour un lubrifiant fini

Une précision. ExxonMobil est aujourd’hui le seul pétrolier à jouir d’une totale intégration en matière de production de PAO, avec notamment l’unité de production de Notre-Dame-de-Gravenchon pour ce qui est de la France. Une démarche à l’origine de l’élaboration des huiles de synthèse et en particulier la désormais célèbre Mobil 1. Bref, à cela se sont ajoutées également des augmentations régulières au niveau des additifs, avec au cumul une hausse équivalente à presque 20 %. En effet, comme le rappelle fort justement Patrick Thevenard pour le groupe Total, l’élaboration d’un lubrifiant fini repose sur environ 80 % d’huiles de base et 20 % d’additifs, sachant que ces derniers représentent aisément un niveau de coût se situant entre 4 000 et 6 000 euros la tonne. “Le marché des additifs est un marché assez fortement valorisé”, dit-il. Et pour cause. Les “additiveurs” détiennent un monopole. Dans ce contexte, selon lui, le début d’année 2012 commence à nouveau à voir reposer sur le prix des produits finis l’augmentation du coût des matières premières, dont la disponibilité demeure source d’inquiétude. Et François Dol d’aller dans le même sens : “Mises bout à bout, ces hausses sur les matières premières ont été assez préjudiciables et il est clair que les fabricants de lubrifiants ont dû en absorber une bonne partie, note-t-il. En ce qui nous concerne, nous ne dérogeons pas à la règle.” Une démarche qui n’est pas sans impact sur les résultats en fin d’année, bien évidemment. Dans ce contexte, la hausse instaurée sur le produit fini, prix de vente consommateur, aurait été de 5 % en moyenne sur 2011, sachant que certains acteurs auraient également fait passer une hausse de 3 % en ce début d’année 2012. Mais, là encore, le renchérissement du coût des matières premières n’a pas été totalement répercuté dans les augmentations tarifaires. Dans la lignée des années précédentes, finalement !

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