Les équipementiers exclus de toutes les protections européennes contre l'industrie automobile chinoise
Le 1er novembre 2024, les droits de douane compensatoires envers les constructeurs chinois de voitures électriques vont définitivement entrer en vigueur. Avec des niveaux de taxation qui oscillent entre 17,4 % et 35 %, en plus des 10 % habituels, les conséquences ne seront peut-être pas celles espérées par la Commission européenne.
En premier lieu, les mesures de rétorsion du gouvernement chinois ne font que commencer. Déjà d’autres secteurs économiques, comme celui des alcools tels que le cognac, font l’objet de dommages collatéraux.
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Ensuite, la Chine commence à faire pression sur ses constructeurs nationaux pour qu’ils fassent une pause dans les installations envisagées de sites d’assemblage sur le sol européen.
"Pékin dit aux fabricants de mettre en attente les recherches actives de sites de production dans la région et de signer de nouveaux accords, et de garder généralement un profil bas pendant que les négociations sur les tarifs de l'UE sur les véhicules électriques chinois sont en cours ", annonçait récemment Bloomberg.
Les équipementiers automobiles dans la tourmente
Enfin, ces droits de douane laissent sur le carreau les équipementiers automobiles. Cet abandon a notamment été mis en lumière par Christophe Perillat, directeur général de Valeo, lors du Paris Automotive Summit qui se déroulait en marge du Mondial de l’Auto 2024.
"La compétition avec la Chine s'est creusée au cours des cinq dernières années. Les taxes ne protègent pas l'industrie. Elles protègent juste les constructeurs. Mais 75 % de la valeur d'une voiture sont entre les mains des fournisseurs", expliquait-il.
L'Association européenne des fournisseurs automobiles (Clepa) a tiré la sonnette d'alarme face au nombre inédit de suppressions d'emplois dans le secteur. 32 000 suppressions de postes en Europe ont été annoncées au premier semestre 2024, soit plus que pendant la pandémie de Covid, chez ces fournisseurs qui emploient 1,7 million de salariés en Europe. Depuis l'année 2020, 86 000 suppressions de postes ont au total été annoncées, notamment en Allemagne et en France.
"C'est la pire période qu'on ait connue, et aussi la plus difficile en termes de durée", a souligné le secrétaire général du Clepa, Benjamin Krieger à l'AFP.
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Des bonus contre un minimum de contenu local
Les sous-traitants des constructeurs automobiles demandent à la Commission européenne une révision des objectifs de décarbonation de l'automobile dans les années à venir. En ligne de mire, la révision des normes d'émissions de CO2 dites CAFE. En France par exemple, la Fiev, présidée désormais par Jean-Louis Pech craint une baisse de la production des véhicules thermiques. Les constructeurs automobiles pourraient en effet baisser le mix de vente des moteurs thermiques, pour relever mécaniquement la part de vente des véhicules électriques.
Le Clepa, de son côté, réclame de laisser la porte ouverte dans les prochaines années à d'autres technologies que l'électrique, que ce soit des moteurs à combustion plus efficients ou des hybrides rechargeables.
Enfin, les grands équipementiers, dont Valeo, souhaitent que des taxes soient appliquées si un minimum de 75 % de contenu n'est pas produit sur le sol européen.
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