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Industrie

L’E10 “insuffisant” pour les constructeurs

Publié le 8 mai 2009

Par Sarah Motro
3 min de lecture
Dans le cadre des objectifs fixés par le Grenelle de l'Environnement, l'E10 est arrivé dans les stations-service de l'Hexagone. Pour les constructeurs, ce nouveau carburant n'apporte qu'une faible contribution à la réduction des...
...émissions de CO2.

Avec l'E10, l'Etat entend respecter les objectifs fixés par le Grenelle de l'Environnement, soit l'incorporation de 7 % de biocarburants dans tous les carburants d'ici à 2010 et de 10 % en 2015. Les pouvoirs publics anticipent ainsi sur les seuils fixés par Bruxelles : 2,75 % d'ici 2010 et 10 % en 2020. Destiné aux véhicules essence, l'E10 est composé de 10 % d'éthanol, énergie renouvelable produite, notamment, à partir de céréales ou de sucre, et de 90 % d'essence sans plomb 95. Selon le ministère de l'Ecologie, ce supercarburant est compatible avec 60 % des véhicules essence en circulation "et la très grande majorité des véhicules essence neufs vendus depuis 2000". Une liste de ces véhicules est disponible sur le site carburantE10.fr. Les constructeurs se disent favorables à l'arrivée de ce nouveau carburant et en profitent pour mettre en avant la conformité de leurs gammes. "Aujourd'hui, 2 millions de véhicules Peugeot-Citroën en circulation peuvent utiliser l'E10", se félicite Virginie de Chassey, déléguée au développement durable pour le constructeur français. "Tous nos véhicules vendus depuis 2000 sont compatibles", affirme-t-on au service communication de Renault. Enfin, Christophe Lefevre, responsable technique et qualité chez Honda France, mentionne la compatibilité de tous les véhicules de la marque vendus par Honda depuis 1994 : "Nous sommes passés à l'injection essence à cette date-là, nos réservoirs supportent donc les carburants les plus corrosifs."

En attendant B 10

Cependant, les constructeurs ne souhaitent pas commenter les polémiques suscitées par la mise en service de l'E10, à commencer par les problèmes de distribution. 200 stations-service seulement proposaient le carburant lors de son lancement. L'Ufip (l'Union Française des Industries Pétrolières) espère équiper 70 % du réseau français d'ici à la fin de l'année. Autre frein à l'utilisation de ce carburant, sa consommation, supérieure de 1,7 % à celle du SP95, même si son coût devrait être moindre, jusqu'à 3 centimes d'euros environ le litre. Les constructeurs préfèrent se positionner sur la réduction des émissions de CO2 engendrées par l'E10. Renault "soutient la démarche" engagée par les pouvoirs publics sur les biocarburants bien qu'il faille travailler sur plusieurs leviers : "10 % d'éthanol, ce n'est peut-être pas suffisant, mais c'est une avancée", estime le service communication de la marque. Si la France veut atteindre ses objectifs environnementaux, ce carburant doit, en théorie, représenter 80 % des ventes essence en 2009 et 100 % en 2010. "Il est important de respecter la réglementation et que les véhicules soient adaptés aux biocarburants mais pour Honda, la limitation des gaz à effets de serre passe avant tout par l'hybridation", insiste Christophe Lefevre. Du côté de PSA, Virginie de Chassey estime que L'E10 est "intéressant parce qu'il peut être utilisé immédiatement, mais ce n'est qu'une toute petite réponse au problème des émissions de CO2". Peugeot et Citroën souhaiteraient que l'Etat "engage en parallèle une réflexion" sur le B10, l'équivalent Diesel de l'E10 : 5 millions de leurs véhicules pourraient utiliser ce carburant et réduire leurs émissions de façon conséquente. Selon les calculs de PSA, la mise en service du B10 sur 1 an permettrait d'économiser 750 000 tonnes de CO2 sur le parc roulant du groupe, contre 300 000 tonnes pour l'E10 sur la même période.

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