Le conte de fées !

...y a cinq ou six mois, Rubens et moi n'étions pas sûrs de poursuivre notre carrière. Et me voilà en pole position ! Merci à Ross (Brawn) et à Nick (Fry), sans lesquels nous n'en serions pas là. Après les épreuves que nous avons traversées, en particulier la saison dernière qui a viré au cauchemar tant la voiture était mauvaise, je crois que nous méritons pleinement ce bonheur". Les essais qualificatifs du premier Grand Prix de la saison viennent de se terminer, et les deux Brawn à moteur Mercedes monopolisent la première ligne. En 1'26''202, Jenson Button, le britannique un peu trop vite oublié au profit du jeune prodige Hamilton, se rappelle au bon souvenir de tous. A commencer par les membres du F1 circus. Juste retour des choses pour le vainqueur du GP de Hongrie 2006. Confirmation, également, du potentiel des deux monoplaces concoctées par l'ex directeur technique de La Scuderia, entrevu début mars sur le circuit de Barcelone… Restait toutefois une incertitude : la fiabilité de l'ensemble. La réponse viendra en un peu plus d'une heure trente de course, à 9 h 30 heure française. Sur le podium du GP d'Australie, Jenson Button, Rubens Barrichello et Ross Brawn sont dans un autre monde. Bien aidé par la chance il est vrai, les monoplaces blanches et jaunes ont respecté à la lettre la hiérarchie de la grille de départ. Qui l'eut cru ? Comme pour rendre hommage à son partenaire moteur, Brawn GP vient de rééditer l'exploit de Mercedes-Benz en 1954, qui s'était imposé en signant le doublé, Fangio devant Kling, dès sa première participation en Grand Prix !

Sans doute un peu trop impatient, Kubica a laissé passer une belle opportunité

La chance, disions-nous ? Elle ne concerne en rien l'exploit du britannique, souverain du début à la fin dans le cadre d'une course limpide. Non, il s'agit plutôt de la 2e place du vétéran des Grands Prix, dont la prestation fut quelque peu désordonnée avec un départ raté suivi d'un accrochage au premier virage avec la Red Bull de Webber, puis enfin d'un contact sévère avec la Ferrari de Kimi Räikkönen qui détériorera l'aileron avant de sa Brawn. Bref, à trois tours du drapeau à damiers, Barrichello était toutefois parvenu à remonter à la 4e place. C'est alors que survient le principal événement de ce Grand Prix. Chaussées de pneus tendres complètement en bout d'exploitation, les monoplaces du futur vainqueur et de Sebastian Vettel (Red Bull-Renault) perdent du terrain face à la BMW Sauber de Robert Kubica, chaussée de pneus durs plus performants (3'' au tour !). Troisième derrière le jeune allemand, le polonais croit dur comme fer en ses chances de victoire. Au 56e tour, sans doute un peu trop impatient, il essaie de passer Vettel à l'extérieur du virage n°3. Lâché par ses pneus, ce dernier ne réussit pas à maîtriser un fort sous-virage et vient percuter son adversaire. Quelques mètres plus loin, les deux voitures abandonnent, provoquant la sortie de la voiture de sécurité. Jugé fautif, le jeune allemand écope d'une pénalité de 10 places dans le cadre de la qualification du prochain GP. Maigre consolation pour Kubica, qui a laissé passer là une belle opportunité de marquer de gros points (pour la victoire, en revanche, rien ne dit qu'il aurait réussi à passer le leader). Et voilà comment Barrichello a retrouvé la place qui était sienne sur la grille de départ ! Un beau podium, assurément, duquel Jarno Trulli (3e) fut exclu en fin de soirée. Ultime rebondissement de ce GP. En effet, les commissaires de piste décidaient d'infliger 25'' de pénalité au pilote Toyota, après que celui-ci (4e) eut dépassé Hamilton (3e) alors que la voiture de sécurité était en piste. Du coup, tout le monde remonte d'un cran, à commencer par le britannique qui offre à Mercedes l'intégralité du podium ! Quant à Toyota, en net progrès, le constructeur japonais pourra se consoler avec la 4e place de Timo Glock d'autant que les deux TF 109 se sont élancées des stands, pénalisées à l'issue des qualifications pour des ailerons arrières trop flexibles. Sans doute la première victoire n'est plus très loin pour l'équipe de Cologne. Autre motif de satisfaction de ce Grand Prix d'ouverture du championnat du monde 2009, la bonne prestation d'ensemble de Toro Rosso-Ferrari, qui place ses deux pilotes aux 7e (Buemi) et 8e (Bourdais) rangs, marquant d'emblée trois points précieux.