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Industrie

L'ANEA s'intéresse à la fraude dans le VO

Publié le 23 avril 2019

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Le 29 mars dernier, l'association nationale des experts de l'automobiles (ANEA) s'est concentrée sur le sujet de la fraude dans l'industrie du véhicule d'occasion. Un symposium dont on retient que la branche de métier pourrait saisir des opportunités.
François Mondello, président de l'Anea, lors du symposium, le 29 mars 2019.

 

La fraude est un fléau difficile à endiguer. Il l'est d'autant plus dans le secteur de la transaction automobile. Motif pour lequel, l'association nationale des experts de l'automobiles (ANEA) a consacré son dernier symposium à ce sujet. Le 29 mars dernier, à Paris, ce sont quelque 200 professionnels de tout bord qui ont assisté à l'événement avec la même question sur toutes les lèvres : comment se prémunir ?

 

"Il importait de faire un point sur la situation, commente Laurent Hecquet, directeur général du MAP, l'observatoire des mobilités de l'ANEA, et l'organisateur de la rencontre. La fraude est omniprésente et il y a un véritable besoin de réassurance, sans forcément nécessiter d'ajouter une couche réglementaire". De la matinée d'échanges, il retient que la pluralité d'outils à disposition, en France, pourrait suffire à sécuriser le marché, "si on crée du lien entre eux", souligne-t-il la condition. 

 

Participants au symposium de l'ANEA, les représentants de la société belge Carpass ont démontré comment la filière outre-Quiévrain a su se fédérer et s'organiser pour construire un outil performant qui considère les intérêts de tous les acteurs. Créé au lendemain de l'instauration de la loi de 2004, à l'initiative de l'association des importateurs, le système Carpass nourrit désormais des échanges avec les Pays-Bas, afin de maitriser l'historique des véhicules en provenance du pays batave. Et à partir de janvier 2020, la France et l'Allemagne, entre autres, rejoindront la base de données en conséquence de la loi antifraude sur l'importation.

 

Certificare à la recherche de partenaires

 

En France, l'entrée en fonction du système Histovec a fait bouger les lignes. Il a ses limites néanmoins. Cette initiative, à mettre au crédit d'une démarche ministérielle, se cantonne au marché des transactions VO entre particuliers et présente un aspect centralisé. Là encore, l'existant peut combler le trou. C'est en tout cas ce que défend avec vigueur Bruno Nedelec, le cofondateur de Certificare, start-up bretonne qui, en s'inspirant de Carfax aux Etats-Unis, tend à digitaliser et sécuriser les informations des véhicules pour protéger les distributeurs des fraudes à l'odomètre ou encore au VHU. "Après la deuxième main, 60 % des véhicules ont perdu les informations d'historique d'entretien", remarque l'entrepreneur.

 

En cours de déploiement, Certificare a rencontré le succès chez des premiers concessionnaires. Cautionné par la CNIL et labellisé French Mobility, l'outil est considéré par le législateur à la veille de la définition d'une stratégie qui gagnera en densité. "Nous orchestrons une levée de fonds, confie Brunon Nedelec. Elle n'a pas pour but ultime de constituer une enveloppe à dépenser, mais de trouver des partenaires industriels prêts à s'engager dans le développement commercial".

 

6 milliards d'euros de préjudice annuels

 

Députée européennes écologistes et présidente de la Commission transports et tourisme au Parlement européen, Karima Delli a rappelé l'impact de la fraude. D'après les statistiques de la Commission européenne, la seule fraude à l'odomètre concerne 30 à 50 % des véhicules transitant à travers les frontières. Une part qui porte le préjudice à près de 6 milliards d'euros chaque année.

 

A la Matmut, le constat n'est pas si éloigné. L'assureur estime que 13,5 % des appels reçus par le service de traitement des litiges concernent l'automobile. Et dans cette part, un quart des contacts sont relatifs à des affaires de VO vendus par un professionnel à un particulier. Dans 90 % des cas, le plaignant se manifeste pour un motif de vice caché à la transaction. La DGCCRF rapporte un taux de fraude relevé chez les professionnels de 47 %. L'organisme soutient de fait le rétablissement de la commission disciplinaire et le durcissement du ton vis-à-vis des commerçants afin de "redonner confiance aux consommateurs".

 

Besoin de lieu tiers de confiance

 

Les experts ont un rôle à jouer. L'ANEA s'en dit convaincu. "Ils peuvent être des acteurs de la filière au titre d'accompagnement", exhorte Laurent Hecquet. Toutefois, les plateformes spécialisées ne décollent pas pour autant. Le doux rêve de parvenir à impliquer des experts lors des transactions entre deux individus n'a pas franchi ce stade. "Les Français ne sont pas prêts à payer pour ce type de service, des start-up telle que PayCar se sont bien heurtées à ce paramètre", regrette le directeur du MAP. Sans disposer de chiffres précis sur l'activité, il estime que la réticence des consommateurs à être épaulés et le manque de réactivité des experts sollicités ont achevé de tuer la poule dans l'œuf.

 

Il reste un levier à actionner. Sur une idée de la DGCCRF et des forces de l'ordre, les experts peuvent fournir un autre type de service. En France, le risque de vol de véhicule durant une transaction reste élevé. "Il y a un besoin de lieu neutre, tiers de confiance, pour organiser les rencontres en toute sécurité", soumet-il à la profession. Mais en ces temps brouillés par une législation changeante, les acheteurs auront besoin de plus en plus de conseil pour choisir ne serait-ce que le type de motorisation au VO. Comment monétiser l'aide à la décision ?

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