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Industrie

La tension monte autour du dossier Bridgestone

Publié le 17 septembre 2020

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Depuis l'annonce de la fermeture programmée de l'usine Bridgestone de Béthune, les réactions vont bon train. Hommes politiques et syndicats montent au créneau, pointant les choix du manufacturier, mais aussi le rôle de l'Etat et des aides qu'il distribue.
pour Bruno Le Maire, ministre français de l'Economie, la décision de Bridgestone est révoltante.

 

Comme c'était malheureusement à craindre, après la crise sanitaire -qui est loin d'être terminée- la crise économique se fait sentir. Des dossiers sont plus médiatiques que d'autres mais les cessations de paiement, les redressements judicaires ou les fermetures sont bien réels. Le dernier exemple en date, très médiatique, est l'usine Bridgestone de Béthune. Et les réactions ne manquent pas.

 

Pour Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, interrogé sur CNews, la décision de Bridgestone "est une décision révoltante, avec une méthode révoltante et des conséquences révoltantes." "Nous allons nous battre" a assuré le ministre, dans un premier temps pour tenter de "développer une autre activité avec des pneus plus larges que ceux qui sont produits actuellement sur le site de Béthune". "Et si jamais nous n'arrivons pas à cette solution-là, (pour) trouver des solutions de réindustrialisation du site pour qu'il y ait, pour chaque ouvrier de Bridgestone, une solution qui soit une solution cohérente et acceptable pour eux", a-t-il ajouté.

 

Le gouvernement et Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, ont dénoncé de concert "la brutalité "de l'annonce. Dans un communiqué commun, fait rare, "ils en contestent" aussi "la pertinence et les fondements" et "demandent à l'entreprise que soient ouverts et analysés en détail l'ensemble des scénarios alternatifs" à cette fermeture. A l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a dénoncé "une trahison de la confiance" placée dans Bridgestone, qui doit "assumer ses responsabilités plutôt que de chercher des prétextes. C'est l'entreprise qui a sous-investi dans le site de Béthune au profit d'autres sites", et qui "a été incapable d'instaurer les conditions d'un dialogue social sain".

 

Xavier Bertrand a laissé éclater sa colère alors qu'il était sur le site : "on a affaire à des menteurs, des cyniques. Ce plan est inacceptable". Bridgestone a "dit non à toutes les propositions qu'on lui a faites, c'est quelque chose qu'ils avaient en tête depuis longtemps", a-t-il accusé avant d'ajouter : "notre rôle n'est pas seulement d'être en colère" mais "de trouver des solutions".

 

"C'est bien que les politiques s'indignent aujourd'hui" de la décision de Bridgestone "mais il faut être plus vigilant quand on nous promet des choses et il faut vérifier qu'elles sont bien tenues", a insisté le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. "L'argent qu'on a donné avec le CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, ndlr), à quoi il a servi, est-ce qu'on a investi, modernisé ?"

 

La question des contreparties aux aides publiques "s'est posée encore dans le plan de relance" et "c'est pour ça qu'on parle de conditionnalité des aides", a-t-il souligné. "Des aides publiques, il y en a beaucoup aux entreprises et, du jour au lendemain, elles font ce qu'elles veulent", a déploré Philippe Martinez. "Il faut être plus ferme. Il faut que ce soit notifié", il faut préciser "combien d'emplois, quels investissements, comment vous aidez à la préservation de la planète, un genre d'accord, conclu, écrit noir sur blanc, avec des sanctions, des amendes pour les entreprises qui ne respectent pas, non seulement rendre l'argent mais avoir des amendes", a-t-il détaillé. Depuis la crise sanitaire, "le moins qu'on puisse dire, et l'exemple de Bridgestone en est un admirable, c'est que du point de vue du patronat, rien n'a changé", a-t-il regretté. "Voyez les premiers de corvée comment ils sont remerciés !"

 

Un avis sur les aides publiques partagé par Yves Veyrier, secrétaire général de Force Ouvrière : "On a beaucoup débattu de la question des contreparties aux aides publiques" et Bridgestone "fait partie des entreprises qui savent faire la recherche aux aides publiques et une fois qu'elles ont été absorbées, on va voir ailleurs", a-t-il lancé au micro d'Europe 1. "Il faut absolument mettre une pression, les moyens, pour maintenir l'activité parce qu'on a vu venir les choses", même si "l'annonce est soudaine", car "depuis longtemps, il y avait insuffisamment d'investissements" sur le site, a continué Yves Veyrier. "Dans l'immédiat", le responsable de FO "pense qu'il faut mettre la direction de l'entreprise autour de la table avec les pouvoirs publics, il faut un discours ferme, mais aussi regarder comment on peut appuyer et les pouvoirs publics doivent y mettre aussi les moyens peut-être nécessaires pour qu'on maintienne l'activité". (avec AFP)


 

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