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Industrie

La rentabilité des équipementiers mise à mal

Publié le 9 décembre 2022

Par Florent Le Marquis
4 min de lecture
Le contexte inflationniste a impacté la croissance des équipementiers automobiles en 2022, selon une étude de Roland Berger et Lazard. Surtout, 2023 ne devrait pas connaître d'amélioration, d'autant que la hausse des taux d'intérêt fragilise les investissements technologiques.
Un retour à la normale n'est pas espéré avant 2025 concernant les bénéficies des fournisseurs automobiles. ©Roland Berger
Un retour à la normale n'est pas espéré avant 2025 concernant les bénéficies des équipementiers automobiles. ©Roland Berger

2021 était mieux, 2022 fait figure de rechute. Alors que l'an dernier, la marge bénéficiaire moyenne des équipementiers automobiles avait retrouvé son niveau pré-pandémique, à 5,3 %, la reprise s'est brutalement arrêtée en 2022, selon une étude mondiale, menée sur environ 600 fournisseurs, par le cabinet Roland Berger et la société Lazard.

 

Pas d'amélioration avant 2025 ?

 

Les raison de cette rechute sont nombreuses : guerre en Ukraine, pénuries de semi-conducteurs, ou encore hausse des prix des matières premières et de l'énergie, que les fournisseurs n'ont pas été en mesure de répercuter. Les auteurs de l'étude y voient une conséquence majeure : en tenant compte de l'inflation, le chiffre d’affaires mondial du secteur des équipementiers sera de nouveau inférieur aux niveaux de 2019 au cours des douze prochains mois.

 

Et les équipementiers doivent encore s'attendre à vivre des temps difficiles, car aucune amélioration n'est espérée en 2023 dans le contexte économique actuel. Pire encore, "un retour aux niveaux d'avant-crise n'est pas attendu avant 2025", ajoute Eric Espérance, associé chez Roland Berger.

 

Les équipementiers plus performants sur la rechange

 

En revanche, la situation varie selon les segments. Les fournisseurs d'électronique ont notamment tiré leur épingle du jeu avec une marge d'EBIT moyenne de 9,4 %. L'aftermarket a été également salutaire pour les équipementiers proposant une offre en seconde monte (marge d'EBIT moyenne de 10,5 %).

 

"Les fournisseurs d'électronique et les équipementiers automobiles qui approvisionnent le marché des pièces de rechange ont dépassé de loin la rentabilité moyenne du secteur, alors que la plupart des fournisseurs de composants traditionnels sont confrontés à une nouvelle baisse de leurs marges sur ce marché. En particulier, les petits fournisseurs qui n'ont pas un positionnement régional fort et une large diversification des produits seront probablement les plus lents à se redresser", analyse Eric Espérance.

 

Roland Berger et Lazard différencient les méga-fournisseurs (plus de 10 milliards d'euros de CA), qui ont enregistré une marge d’EBIT de 5,9 % en 2021, des petites entreprises (moins de 500 millions de CA), qui ont réalisé des marges moindres, de 2,8 % en moyenne. Mais les premiers subiront eux aussi la hausse des coûts pour leurs marges de 2022. La faiblesse des volumes de production a entraîné une sous-exploitation structurelle des capacités de production des fournisseurs, faisant reculer de cinq ans les équipementiers en termes de croissance de chiffre d'affaires.

 

La hausse des taux d'intérêt pénalise les investissements

 

Outre cette baisse des marges, l'inflation entraîne une autre conséquence préjudiciable : une hausse des taux d'intérêt, ce qui rend moins abordables les investissements nécessaires dans les technologies d’avenir du secteur. Ce facteur, "combiné à la fluctuation du volume de production et à une baisse potentielle de leur propre notation, représente un risque substantiel pour les fournisseurs", affirme Christof Söndermann, directeur général de Lazard.

 

A lire aussi : Les équipementiers face au défi de l'inflation

 

Il poursuit : "Nous ne pensons pas que le climat d'emprunt s'améliorera dans les douze à dix-huit prochains mois. Plusieurs fournisseurs automobiles ont été déclassés de la catégorie investissement à la catégorie non-investissement depuis 2019. Il s'agit d'une évolution critique, car le capital nécessaire pour financer une réponse aux défis industriels est important et l'accès aux fonds propres est limité pour les fournisseurs automobiles en place."

 

L’étude insiste sur le fait que les bénéfices des fournisseurs ne remonteront que si leur croissance est couplée au développement de nouvelles technologies. "Si la technologie de propulsion électrique ne représentait que 4 % du marché des pièces en 2019, elle devrait représenter 25 % du marché d'ici 2030", concluent les auteurs de l'enquête.

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