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Industrie

Florent Menegaux, Michelin : "Sur les compétences, la dynamique en France est alarmante"

Publié le 10 octobre 2022

Par Romain Baly
4 min de lecture
A l'occasion d'une rencontre avec la presse au sein de l'usine Michelin de Cuneo, en Italie, le président du groupe tricolore s'est exprimé sur différents sujets dont ceux de la réindustrialisation et de l'emploi en France. Extraits.
Florant Menegaux assure la présidence du groupe Michelin depuis 2019. ©Michelin

Loin d'être la plus connue, l'usine Michelin de Cuneo (Italie) est un site stratégique pour le manufacturier tricolore. De par son ancienneté (59 ans d'existence), ses volumes (13 millions de pneus fabriqués chaque année), ses effectifs (3 700 employés) ou encore son niveau de modernité (site pilote pour le groupe sur de nombreux sujets de développement), l'outil de production piémontais compte beaucoup dans le microcosme du Bibendum.

 

En accueillant la presse à Cuneo, début octobre 2022, Michelin a offert aux observateurs une vision de l'industrie de demain et donné à son président, Florent Menegaux, l'occasion de s'exprimer sur quelques sujets importants. Sans langue de bois et sans jamais s'échapper face aux questions sensibles (la Russie, l'inflation, les suppressions de postes…), le dirigeant s'est notamment attardé sur la problématique de la réindustrialisation et sur celle de l'emploi dans l'Hexagone.

 

Innover sans oublier les individus

 

Prenant pour exemple cette usine italienne, Florent Menegaux a ainsi souligné "qu'un site industriel est un organisme vivant qui doit se renouveler en permanence". "Mais si la technologie est indispensable à la transformation de cette même industrie, elle doit toujours être pensée pour celles et ceux qui travaillent dans les usines. Il faut concevoir les innovations, les nouvelles technologies, pour les individus, rappelle-t-il. Il faut replacer l'humain au cœur de nos préoccupations".

 

Une introduction qui a eu le mérite de galvaniser le président du groupe tricolore. Relancé sur cette question de la réindustrialisation, ce dernier a expliqué : "Aujourd'hui, en moyenne, un emploi industriel génère entre cinq et dix emplois indirects. Une usine a donc un grand impact sur son environnement local. Mais pour développer une industrie pérenne et donc, puisque c'est votre question, réussir à réindustrialiser, il faut réunir plusieurs éléments".

 

Un appel du pied aux pouvoirs publics

 

Et de détailler : "Avoir une vision à long terme, savoir s'entourer, déterminer ce que vous voulez faire, se structurer, aider les salariés à s'épanouir ou encore avoir des règles du jeu équitable, pour être compétitif". Celui qui a succédé à Jean-Dominique Sénard en 2019 juge ainsi que "si la France est très performante sur bien des points, elle ne l'est pas sur le plan de la taxation. Chez nous, pour créer 100 euros de marge, il aura fallu dépenser auparavant 160 euros en taxes et impôts. Dans le pays de l'UE le moins compétitif après nous, il ne faut dépenser que 82 euros". Un appel assez clair aux pouvoirs publics français à soutenir des groupes comme Michelin.

 

Autre enjeu, celui de l'emploi, a aussi animé les échanges entre le dirigeant et la presse. Avant même de mettre en exergue le manque de main d'œuvre, qui comme partout ailleurs dans le secteur freine pourtant énormément le groupe, Florent Menegaux a mis l'accent sur les compétences. "On en manque terriblement ! insiste-t-il. La dynamique en France est alarmante. L'une des raisons pour lesquelles Michelin peine à recruter tient précisément dans ce manque de compétences".

 

Démystifier les maths, séduire les femmes

 

"Je crois par exemple qu'il faut démystifier les mathématiques. Toutes les études montrent que notre niveau se dégrade alors qu'il s'agit là d'une matière cruciale pour notre univers, poursuit le président d'un groupe qui emploie près de 130 000 personnes dans le monde. Nous, on investit énormément chaque année dans la formation. C'est très bien, c'est aussi dans notre culture, mais il nous faut pouvoir compter sur une base de talent solide à l'entrée (dans l'entreprise, ndlr)".

 

Dans une certaine logique, la question du manque de femmes est revenue dans les débats. A Cuneo, par exemple, ces dernières représentent moins de 15 % des effectifs. C'est peu et Florent Menegaux y voit le résultat d'un système au sein duquel, dès le départ, les représentantes féminines se font rares. "Si on manque de femmes dans nos usines, c'est parce qu'il y en a peu dans les filières de formation. Nous n'avons pas suffisamment de candidates !" Et le dirigeant de conclure : "Il faut valoriser toute nature industrielle. Chaque personne a du talent".

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