Fermeture d'usines : passe d'armes entre Michel Barnier et Michelin
Ce n'est que le début, et pourtant la volonté exprimée par Michelin de fermer ses sites industriels de Cholet (49) et de Vannes (56) fait déjà couler beaucoup d'encre. Notamment dans la classe politique. Élus locaux ou nationaux, nombreux ont été les représentants à prendre la parole ces dernières heures. De Marc Ferracci, ministre délégué chargé de l'Industrie, à Fabien Roussel (PCF), en passant par Marine Le Pen (RN), plusieurs figures politiques se sont emparées du sujet.
Entre toutes ces réactions, celle de Michel Barnier n'a pas manqué de faire grincer quelques dents. Parce que l'annonce de Michelin était concomitante à celle de l'enseigne de grande distribution Auchan, portant sur la suppression de 2 389 emplois, le Premier ministre a expliqué vouloir "savoir" ce que ces groupes ont fait "de l'argent public qu'on leur a donné". "Je ne suis pas fier (...) d'une politique qui détruirait des emplois, jamais", a-t-il déclaré.
Michelin se défend
Devant l'Assemblée nationale, le chef du gouvernement a expliqué avoir "le souci de savoir ce qu'on a fait dans ces groupes avec l'argent public qu'on leur a donné". "Je veux le savoir. Et donc nous allons poser des questions et nous verrons si cet argent a été bien ou mal utilisé pour en tirer les leçons", a-t-il développé, en réponse à une question sur le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) dont ont profité Michelin et Auchan lorsqu'il existait encore.
Michelin a rappelé à nos confrères de l'AFP ne plus toucher le CICE, transformé en 2019 en baisse durable de cotisations sociales. Le fabricant de pneumatiques a par ailleurs indiqué avoir reçu de l'État, en 2023, 42 millions d'euros, essentiellement par le biais du Crédit d'impôt recherche, qu'il juge "très important" pour "rendre les chercheurs compétitifs".
"Ce crédit a permis de rapatrier des activités de recherche et développement du Japon et des États-Unis en France, rendant le coût d'un chercheur en France compétitif avec l'Allemagne et d'autres pays." Un porte-parole du manufacturier indique que Michelin investit chaque année 1,2 milliard d'euros en dépenses d'innovation.
Au soutien des salariés et des territoires
De son côté, Auchan a rétorqué que "la réduction de charges annuelle de 83 millions accordée au titre du CICE entre 2013 et 2018 a été intégralement utilisée pour les objectifs ciblés par ce dispositif", notamment la redistribution "du pouvoir d'achat à ses collaborateurs." L'entreprise indique par ailleurs avoir payé 258 millions d'impôts et de taxes et 607 millions d'euros de "charges sociales pour la part patronale au seul titre de 2023".
Michel Barnier a dit être "en désaccord" avec la décision du groupe automobile Michelin de fermer ses sites vannetais et choletais. Le Premier ministre souhaite que ces groupes puissent "travailler avec le tissu local, les élus locaux (...), les syndicats, le patronat local, les chambres de commerce" pour "mettre (...) ensemble tous les outils dont nous disposons pour accompagner individuellement chacun des salariés et accompagner ces territoires dans la possibilité de reconversion". (Avec AFP)
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