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Industrie

Electrifier les routes coûterait-il moins cher à l’Europe ?

Publié le 6 décembre 2018

Par Gredy Raffin
3 min de lecture
Le débat sur l’avenir des véhicules électriques alimente toutes les théories. Sur la base des projets menés en Suède, il apparaît pour certains que se concentrer sur l'électrification des routes allégerait le poids sur les finances publiques.
Elonroads, l'une des solutions de rails pour véhicules électriques en cours de développement.

 

Hochements de têtes et échanges à voix basses. La présentation de l’étude de Mats Alaküla, professeur à l’universitéde Lund, en Suède, a retenu l’attention du public. A l’occasion de la grand-messe annuelle de la FFC (Fédération française de la carrosserie), ce 5 novembre 2018 à Lyon, l’expert en mobilité électrique a soutenu qu’une stratégie d’électrification des routes serait financièrement plus acceptable qu’une double course à l’augmentation de la puissance des véhicules et au déploiement de bornes de recharge.  

 

L’équation du professeur suédois table sur plusieurs paramètres. Il estime qu’un parc automobile français composé de 35 millions de véhicules électriques équipés de batteries de 75 kWh (sur la base de 100 euros/kWh et d’une durée de vie de dix ans) coûterait 26 milliards d’euros par an. A ceci s’ajouteraient les 20 milliards d’euros de budget annuel pour les 800 000 poids lourds dotés de batteries de 500 kWh (deux ans de durée de vie), puis le milliard d’euros annuel nécessaire pour les 350 000 super chargeurs de 150 kWh et 160 millions d’euros annuels pour des méga-chargeurs. Au final, la stratégie de la montée en puissance des capacités serait facturée 47 milliards d’euros par an à l’Europe.  

 

A l’inverse, Mats Alaküla soutient qu’une électrification de la route réclamerait à peine 10 milliards d’euros par an. Une facture qui comprend 5 milliards d’euros pour ce même parc de 35 millions de VE, 4 milliards d’euros pour le parc PL et 1 milliard d’euros annuel pour équiper et entretenir les 21 000 km de routes nationales et européennes. Un schéma qui s’affranchit des réseaux de bornes de recharge et qui allège donc de 37 milliards l’enveloppe à consacrer chaque année à l’électromobilité.

 

Alstom à la recherche de financement français

 

Présent à la table ronde, Patrick Duprat, directeur du programme d’électrification des routes d’Alstom, soutient cette perspective. Engagé dans un vaste projet de recherche, le groupe est toujours en lice pour remporter un appel d’offres en Suède qui vise à électrifier un tronçon d’autoroute dans le cadre d’un essai en condition réelle. Toujours en quête de financement, le concept traîne en longueur en France, en revanche. “Nous estimons que la mise en place d’un démonstrateur réclame 10 millions d’euros. Il nous manque 6 millions d’euros”, rapporte-t-il.  

 

Les concessionnaires autoroutiers pourraient se manifester, se montrent convaincus les experts du sujet, estimant qu’un modèle économique sera trouvé afin de facturer la consommation électrique. “Il faut un axe à forte fréquentation”, prévient Patrick Duprat. Concrètement, il existe plusieurs technologies concurrentes. Alstom comme l’université de Lund misent sur l’aménagement de “rails” à la surface de la chaussée. Une solution par laquelle l’industriel atteint un taux de délivrance de l’énergie de 97 %,soit bien plus que par l’induction, qui coûtera plus cher à mettre en œuvre. Encore faut-il convaincre les constructeurs de suivre. “Un poids lourd doit transporter des marchandises et non des tonnes de batteries”, glisse le représentant d’Alstom, comme un message adressé à Tesla.  

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