CO2 : les propositions des constructeurs automobiles à la Commission européenne
Le 12 septembre 2025, l'automobile a rendez-vous à Bruxelles. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, va recevoir les constructeurs automobiles pour préparer la clause de revoyure sur le règlement d'émissions de CO2 et entamer un dialogue stratégique.
D'ores et déjà, l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) et celle des équipementiers (Clepa) ont rédigé une lettre pour préparer le terrain et le niveau des discussions. "Respecter les objectifs stricts de réduction des émissions de CO2 des voitures et utilitaires pour 2030 et 2035 n’est tout simplement plus réaliste dans le monde d’aujourd’hui. La révision à venir des normes CO2 pour les voitures et utilitaires est une occasion de corriger le cap et d’ancrer dans la loi la flexibilité indispensable, une perspective industrielle et une approche guidée par le marché", précise le courrier.
Prise de conscience de la Commission européenne
Un constat que visiblement la Commission européenne partage. Celle-ci a déjà réalisé un premier pas en avril dernier en acceptant le principe du lissage du calcul des émissions de CO2 sur trois ans (de 2025 à 2027) à la place d'un calcul annuel plus "meurtrier" en termes d'amendes à payer par les acteurs automobiles.
Reste que cet aménagement ne suffira pas, notamment pour les objectifs d'émissions des véhicules utilitaires. Au début de cet été, Jean-Philippe Imparato, patron de Stellantis en Europe, a même évoqué le "drame à venir" pour les usines d'assemblage de ces véhicules si les ventes de véhicules utilitaires électriques ne progressent pas.
"On a le sentiment que la Commission européenne ne se rend pas compte de ce qu'elle demande sur le véhicule utilitaire", nous explique une source proche des discussions. "En revanche, sur le sujet global des émissions de CO2, beaucoup d'acteurs, y compris Ursula von der Leyen, ont pris conscience que le zéro émission en 2035 est de la folie en termes d'impact économique et sur l'emploi."
Le mix de ventes des véhicules utilitaires électriques en Europe atteint 8,2 % au premier semestre 2025 alors qu'elle devrait atteindre 17 %, pour éviter que les constructeurs soient pénalisés par des amendes. Quant aux voitures particulières, la part des modèles 100 % à batterie pèse 15,6 % alors que la limite est fixée à environ 25 %.
Transformer le zéro émission de la voiture en économies de tonnes de CO2
Si la Commission européenne semble prête à quelques assouplissements, visiblement, toute la difficulté réside dans la stratégie sans perdre la face. L'ACEA ménage ses effets mais devrait se mettre d'accord lors d'une réunion préliminaire, qui aura lieu le 9 septembre 2025, afin d'amener une solution à l'exécutif européen entraînant le moins de critiques possible.
L'idée générale est de garder l'objectif du zéro émission prévu pour 2035 et de calculer les tonnes de CO2 économisées. Reste ensuite à transformer cet objectif au pot d’échappement des véhicules en volume de tonnes de CO2. Si une grande partie de ces tonnes de CO2 évitées viendrait de la vente de voitures 100 % électriques, d'autres activités viendraient en appui, comme l'utilisation d'acier faible émission ou encore l'assemblage des modèles dans des usines 100 % à énergies renouvelables...
Ajouter la neutralité technologique
Enfin, pour compléter l'éventail, les constructeurs et les équipementiers voudraient appuyer sur le bouton de la neutralité technologique, selon l'engagement pris par l'Europe à la demande des Allemands. Un sujet hautement délicat d'un point de vue politique qui signifie également l'acceptation de commercialiser des véhicules hybrides rechargeables, les modèles à prolongateurs d'autonomie, l'hydrogène mais aussi les carburants décarbonés.
"Sur le sujet des hybrides rechargeables, le facteur d'utilisation en mode électrique sera un sujet important. Aujourd’hui, la Commission ne veut pas en entendre parler, alors que c'est une vraie solution pour la décarbonation du parc", nous précise ce professionnel.
Or, pour les constructeurs, il est primordial de trouver un accord sur ce sujet sans lequel l'objectif intermédiaire de 2030 (49 g d'émissions de CO2) est irréalisable.
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