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Industrie

Anne Hidalgo : "J'adore la voiture mais il faut dire stop à la pollution"

Publié le 13 juin 2018

Par Catherine Leroy
5 min de lecture
Anne Hidalgo s'est prêtée au jeu des questions avec la presse spécialisée. Le Journal de l'Automobile était présent : Autolib, la fin des véhicules diesel et thermiques à Paris... la Maire de Paris a répondu sans détour !
Anne Hidalgo, Maire de Paris.

 

Fin du diesel dans Paris, déficit d'Autolib, circulation, pollution... le sujet automobile crispe toujours autant les automobilistes, constructeurs et professionnels du secteur face à la Maire de Paris. Lors d'une rencontre avec la presse automobile (Le Journal de l'Automobile, Autoplus, L'argus et RMC), Anne Hidalgo a accepté de répondre à nos questions.

 

Vous avez, le 11 juin 2018, réuni des constructeurs, des loueurs et des sociétés d'autopartage. Comment se sont déroulées les discussions ?

Cette semaine, sur fond de crise Autolib, la réunion avec les constructeurs a été très enthousiasmante. Nous étions dans une vision partagée sur la fin d’un modèle. Beaucoup d'intelligence a été partagée autour de la table. Nous allons sortir de cette crise avec, à nouveau, un temps d’avance sur l'offre de mobilité de la Ville.

 

Où en sont les négociations avec le groupe Bolloré et comment pensez-vous sortir de la crise financière que vit Autolib ?

Tout d'abord, notre intention n’était pas de casser le contrat. Autolib est une magnifique invention qui a permis d’équiper la ville en bornes de recharge électrique, ce qui nous donne un avantage certain. Nous avons d’ailleurs commencé à travailler avec Enedis sur l’évolution de ces bornes et les futurs besoins.

 

Mais aujourd'hui, le groupe prévoit un déficit de 293 millions d'euros...

Le contrat, tel que signé, prévoit que s’il y a un déficit, les collectivités prennent en charge au-delà de 60 millions d’euros, une part de ce déficit. Cela, personne ne le conteste mais, pour le coup, les demandes nous paraissent extravagantes. J’ai toujours très bien discuté avec Vincent Bolloré avec lequel nous sommes dans une relation de confiance. Nous avons beaucoup d’échanges. Bien sûr, il a des exigences d’une société coté en Bourse, mais nous avons aussi des contrôles et je dois défendre les intérêts des contribuables parisiens.

 

Comment va se passer la fin de contrat en 2024 ?

Nous avons décidé, ensemble, d’un audit, qui a fait une proposition de conciliation, que nous avons acceptée, et qui prévoit sur plusieurs années la prise en charge de ce déficit, mais qui indique aussi, à un moment donné, un solde de tout compte. Il n'est certainement pas prévu de faire vivre des déficits potentiellement à venir. Le système devait être rentable, mais il ne l’est pas. Le groupe a envoyé un courrier au syndicat Autolib pour un paiement du déficit sous peine de rupture. C’est bien sûr une situation compliquée. Au-delà d'Autolib, notre volonté est qu’assez vite, nous puissions proposer une charte ou un modus vivendi du développement d’une offre d’autopartage. J’ai deux éléments en tête : je dois veiller à ce que l’intérêt des Parisiens en tant que contribuables soit respecté, donc je ne peux verser une somme que je conteste, mais je dois aussi veiller à ce qu’ils aient un service qui leur permette d’utiliser un véhicule électrique, de préférence.

 

Quelles décisions avez-vous prises suite à la réunion avec les constructeurs et les loueurs ?

Nous avons convenu de trouver un système où, bien évidemment, chacun a l’intelligence de sa solution avec ses clients, ses données et son modèle, mais le tout doit être compatible dans une plateforme qui permet une régulation de l’ensemble. Nous devons faire attention à ce que la ville ne soit pas submergée de voitures électriques avec des offres d’autopartage. Nous avons identifié les différents usages. Nous avons conclu la réunion en demandant à chacun de faire l’état de ce qu’il peut proposer, mais aussi de ce que cela signifie, d’un point de vue des modifications de la ville, en terme d’infrastructures, de places de parking, de bornes de recharge... Nous allons poursuivre avec des rendez-vous bilatéraux avec chacun de ces opérateurs. En tout cas, la délégation de service public n'est plus à l'ordre du jour. Nous sommes plutôt sur le principe d’une plateforme de régulation.

 

La fin des véhicules diesel est-elle toujours prévue pour 2024 et allez-vous réellement interdire aux provinciaux de venir à la capitale avec cette motorisation ?

Je suis Maire de Paris et pas ministre de l’Industrie. Bien sûr, la situation n’est pas la même à Paris ou à... Tulle. Quand je dis interdiction du diesel à Paris en 2024, c’est au vu d’une situation parisienne qui n’est plus vivable et viable, mais je ne suis pas en train de dire à des gens qui n’ont plus de train, pas de service public dans des territoire français, de ne plus utiliser leur voiture. Il faut travailler la mobilité de chaque territoire. Mon travail se focalise sur Paris. Aux autres élus locaux d'avancer. Mais il faut quand même préciser que, pire que la fin du diesel à Paris en 2024, la France a prôné la fin des véhicules thermiques en 2040. C’est un objectif fixé par le ministre de la Transition écologique et le Gouvernement. Cela devrait pousser chaque maire, élu… à mettre en place des diagnostics de mobilité, à étudier combien de véhicules diesel existent et quelle est leur durée de vie, comment accompagner les propriétaires de ces véhicules diesel. Il ne faut pas demander à la Maire de Paris de venir régler le problème national. Mais une chose est certaine, aucune voiture diesel de province ou de Paris ne rentrera en ville en 2024. J'adore la voiture, mais il faut dire stop à la pollution.

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