ACC : un premier pas vers l'indépendance européenne en batteries
Pas moins de 3 capitaines d'industrie, 5 ministres français, italien et allemand s'étaient donné rendez-vous ce 30 mai 2023 à l'usine d'ACC, dans le Pas-de-Calais. Inhabituel pour la petite ville de Billy-Berclau, près de Douvrin, qui sera donc le berceau de la première gigafactory à sortir de terre en France.
Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, Ola Källenius, président de Mercedes, et Patrick Pouyanné, président de TotalEnergies, se sont donc félicités de la concrétisation de ce projet qui a pris corps dès 2020 avec la création de cette coentreprise. Chacun des partenaires disposant de 33 % du capital.
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En 2030, lorsque toutes les lignes de production seront construites, près de 2 000 salariés travailleront sur ce site qui devrait produire jusqu'à 40 gigawattheures de batteries. Les deux autres sites de production en Allemagne (à Kaiserslauten) et en Italie (à Termoli) disposeront de la même capacité, portant la puissance globale d'ACC à 120 Gwh. De quoi alimenter entre 2 millions et 2,5 millions de voitures à cette même échéance.
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"Grâce à ACC et son directeur général Yann Vincent, nous serons à même de contribuer à l'objectif européen d'être à l'origine de 23 % de la production mondiale de cellules de batteries", a indiqué Carlos Tavares, lors de l'inauguration.
Saluée par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, cette nouvelle filière industrielle est la première création européenne depuis Airbus. "En matière industrielle, l'Union européenne doit montrer ses muscles. La Chine ne nous fera aucun cadeau a-t-il souligné, tout en faisant remarquer que les machines de la première chaîne de production sont toutes de fabrication asiatique, coréenne ou chinoise".
La vallée de la batterie
Pour cette inauguration, un premier bloc de 4 lignes de production est en phase de finalisation pour un début de production vers le mois de juillet, qui montera progressivement en puissance jusqu'à la fin de cette année.
Ce premier bloc de production est calibré pour sortir 56 000 cellules par jour (soit entre 7 000 et 8 000 modules), qui seront ensuite assemblées en packs, eux-même livrés à Stellantis, mais aussi à Mercedes. Par la suite, l'objectif est d'en faire un centre de profit et de vendre la production excédentaire à d'autres groupes automobiles.
Pour l'instant, les deux constructeurs restent discrets sur la répartition de la production. Seule information, les premières batteries viendront équiper un véhicule de segment C-SUV, assemblé sur le site de Sochaux. Deux modèles entrent en lice : les futurs 3008 ou 5008.
A Billy-Berclau, au cœur de la vallée de la batterie, c'est donc toute une industrie qui se remet en place et qui vise la création de près de 10 000 emplois à terme. "Nous voulons étendre cette vallée à d'autres parties du territoire, prêts à financer d'autres projets, que ce soit en matière de recyclage ou même de raffinage pour compléter toute la chaine industrielle", a indiqué Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France.
Pour l'instant, le site utilise la technologie NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt) sur laquelle Carlos Tavares estime qu'ACC sera en pointe. Mais gourmande en métaux stratégiques, la production pourrait à terme se déployer également vers la technologie de la batterie solide.
Le recyclage des matières est également un axe vers plus d'autonomie et pour lequel Stellantis compte annoncer de nouveaux investissements.
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