2012 ne sera pas pire que 2009

Les conséquences d'une nouvelle crise économique mondiale devraient être moins douloureuses pour nombre de constructeurs. Ils ont quasiment tous revu leurs stratégies, réduit leurs coûts et reconfiguré leurs outils de production au lendemain de la crise 2009, explique dans un rapport Fitch Ratings ("2012 Outlook : Global Automotive Manufacturers").

Toutefois, certains constructeurs sont en meilleure position que d'autres, et ce, que leur marché historique vienne à se retourner ou que celui des pays émergents vienne à se ralentir par rapport à ces deux ou trois dernières années. Fitch Ratings inclut dans cette catégorie de "privilégiés" les groupes Volkswagen, Ford, Daimler, Hyundai, Kia et GM.  Ces constructeurs ont plus de chances de conserver leurs profils financiers car ils se sont restructurés, exploitent un portefeuille produits très diversifié ou évoluent sur le marché très convoité des marques Premium, considère Fitch Ratings. Et autant dire qu'il s'agit de véritables atouts compte tenu des scenarii susceptibles de se produire en 2012.

Fitch Ratings n'exclut pas un nouveau "credit crunch" et s'attend à un ralentissement important des ventes sur de nombreux marchés, à commencer par la Chine. L'agence estime que les volumes de ventes augmenteront de 6 à 8 % dans l'Empire du Milieu sur 2011, contre 48 % en 2009 et 31 % en 2010. "Une croissance moindre et des profits en baisse sur ce marché pourraient devenir un sujet d'inquiétude pour nombre de constructeurs", analyse Fitch Ratings.  Ils sont nombreux à avoir misé sur ce marché pour compenser la faible croissance enregistrée sur leurs marchés historiques. Pourront-ils trouver une alternative ailleurs ? Pas sûr. Si l'agence de notation considère que les ventes de véhicules devraient croître de 30 % cette année en Russie (- 50 % en 2009), elle estime aussi que les ventes à venir dans ce pays seront très dépendantes de l'évolution des prix et des volumes d'exportation qui y seront enregistrés sur 2012. De son côté, l'Inde a vu ses ventes de modèles compacts reculer ces derniers mois, avec, d'une part, la hausse du prix des carburants, et d'autre part, le renchérissement des coûts de refinancement. Or, ces types de véhicules participent à son marché intérieur à hauteur de 75 %.

Sur le Vieux Continent, Fitch Ratings s'attend bien évidemment à un recul des ventes en 2012, mais seulement d'un peu plus de 1 %.  "Ces dernières années, l'âge moyen des véhicules a progressé dans nombre de pays", explique Fitch Ratings. Ceci étant dit, l'agence n'exclut pas non plus d'assister à un retournement massif du marché européen dans la mesure où ce dernier dépend beaucoup de la confiance des consommateurs et des réformes fiscales qui y entrent en vigueur. Ses prévisions pour le marché américain ? Elles sont relativement positives. L'agence estime qu'il y aura de l'ordre de 13,2 millions de véhicules vendus l'an prochain aux Etats-Unis, soit plusieurs centaines de milliers d'unités supplémentaires par rapport à 2011. "Il faudra au moins une année supplémentaire pour qu'il atteigne les 15 millions de véhicules vendus", ajoute Fitch Ratings.  

Toutes ces évolutions devraient logiquement avoir des incidences sur les constructeurs.  Elles ont de fortes chances d'entraîner chez certains à la fois une sous-utilisation de leur outil de production et une détérioration de leurs marges opérationnelles. Et une fois de plus, les constructeurs qui devraient s'en tirer le mieux feront sans doute partie du petit groupe cité plus haut. Les marges opérationnelles de nombre d'entre eux sont sensiblement supérieures à celles des marques généralistes. Par exemple, en incluant les services financiers, sur  les neuf premiers mois de l'année, la moyenne a été de 5 % pour les généralistes (2,4 % pour PSA , 2,5 % pour Renault). En revanche, BMW affiche 12,8%, Audi 12,4 %,  Mercedes 9,4 %, Hyundai 8,9 % et Kia 7,6 %.