Voiture d'occasion : la balance commerciale en déficit de 545 millions d'euros
Les records sont faits pour être battus. Fort heureusement, la France n’a pas réussi à dépasser la marque réalisée l’année précédente. Alors qu’en 2020, la balance commerciale des voitures d’occasion avait terminé avec un déséquilibre sans précédent de 955,68 millions d’euros, le bilan présenté par les douanes au titre de l’exercice 2021 se révèle moins défavorable.
Entre les véhicules qui ont été exportés et ceux ayant fait le trajet vers l’Hexagone, le déficit n’a été "que" de 544,82 millions d’euros. Un chiffre qui reste cependant 36 % supérieur à celui de 2019, quand les rapports affichaient 400,14 millions d’euros de déséquilibre. Il faut dire qu’après l’année exceptionnelle qu’a été 2020, le marché des véhicules d’occasion a connu une situation à sa manière tout aussi particulière en 2021.
Confrontés aux premiers effets de raréfaction des produits, les professionnels ont adopté de nouvelles mesures. Appliquer une hausse significative des prix a été l’une d’elles. Les vendeurs étrangers se sont sans nul doute frotté les mains.
En 2021, la France a importé 117 711 véhicules d’occasion de partout dans le monde, selon les douanes. Une volumétrie en berne de 11,5 % sur un an. Pourtant, la valeur totale des biens a fait un bond de 11,1 %, à 2,102 milliards d’euros. Et pour cause, le prix moyen des véhicules s’est élevé à 17 861 euros, soit 25,7 % d’inflation d’une année sur l’autre ! Un calcul qui vient au passage confirmer les propos tenus depuis plusieurs mois par les commerçants tricolores qui faisaient tous état d’une hausse de "20 à 25 %" des prix d’achat du matériel à l’international.
L’importation de véhicules diesel résiste
Avec 32 104 unités au compteur, l’Allemagne conserve sa place de pays depuis lequel la France importe le plus de véhicules. La pratique s’est accélérée en 2021, puisque ce chiffre a augmenté de 18,7 % en comparaison à l’année d’avant. En revanche, la voilure a été nettement réduite en ce qui concerne la Belgique et l’Espagne, d’où ont été respectivement importés 14 313 (‑ 15,8 %) et 13 606 (‑ 45,1 %) véhicules d’occasion. Et que dire de l’Italie qui a fourni 7 011 VO, soit 44,5 % de moins que l’année précédente.
Dans tous ces cas de figure, les prix se sont eux envolés. À titre d’exemple, la hausse a été de 26,8 % depuis l’Allemagne (à 24 162 euros), de 30,1 % depuis l’Espagne (à 16 225 euros) ou encore de 37,7 % depuis l’Italie (à 18 904 euros).
En matière de motorisations, les Français sont allés chercher des véhicules carburant au sans‑plomb avant toute chose. Avec 66 888 unités en 2021 (contre 78 286 VO l’année précédente), la pénétration des véhicules essence a été de 56,8 %, en perte de 2 points. N’en déplaise à certains détracteurs de la technologie, les VO diesel ont fait de la résistance avec un total de 44 498 importations. Un nombre en déclin de 15,2 % mais une part de marché qui s’est effritée d’à peine 1,6 point, à 37,8 %.
Un mouvement baissier des énergies traditionnelles qui traduit la volonté des acheteurs de se tourner vers l’électrification. Les hybrides en ont tiré profit. En pénétration, les HEV ont pris près de 2 points, à 3,15 % du mix, et les PHEV ont grappillé 1,41 point, à 1,71 %.
La Pologne pour le volume, l’Algérie pour les prix
Dans le sens inverse, comment les activités d’exportation de véhicules d’occasion se sont‑elles comportées ? Le bilan du service des douanes est sans équivoque : les chiffres ont explosé. Sur un an, le volume a grimpé de 70,6 %, à 203 463 unités. Et malgré le prix de transaction moyen en contraction de 2,4 %, à 7 655 euros, la valeur générée au cumul a gonflé de 66,4 %, à 1,557 milliard d’euros.
Sur le plan du volume des ventes, la Pologne reste le premier débouché des véhicules d’occasion produits en France, avec 31 259 exportations. Les rythmes ont accéléré de 67,6 % en comparaison à l’année 2020. Derrière, l’Espagne passe du 8e au 2e rang avec 22 415 unités en multipliant par plus de 4 les cadences.
Créditée de 12 959 véhicules (+ 11,3 %), l’Allemagne glisse alors d’un cran, au 3e rang. La Lituanie (+ 89,4 %, à 12 465 unités) et le Portugal (+ 87,3 %, à 11 348 unités) complètent le top 5 des destinations pour les VO.
Sur le plan de la valeur, l’analyse des statistiques fait apparaître une autre hiérarchie. La Pologne (116,27 millions d’euros ; + 65 %) tombe alors du podium pour le laisser être occupé par l’Espagne (148,13 millions d’euros ; + 166,1 %), l’Allemagne (120,07 millions ; ‑ 18,5 %) et les Pays‑Bas (118,44 millions d’euros ; + 138,6 %). À noter la bonne dynamique du marché italien qui, en 2021, a pris 130 % pour terminer avec un montant d’exportation de 102,2 millions d’euros. Ce qui ne reflète pas exactement la classification en termes de montants moyens de transaction. Tandis que la Pologne plonge bien plus bas dans le classement, à 3 720 euros (‑ 1,5 %), l’Allemagne aussi descend de son perchoir (9266 euros ; ‑ 26,8 %).
Les produits les mieux valorisés partent vers l’Algérie (16751 euros ; + 14 %), la Tunisie (12 321 euros ; + 13,4 %) et l’Italie (10 940 euros ; + 0,6 %). À noter que le prix moyen dans les 10 premiers pays significatifs du classement recule de 11,4 % sur un an, à 9 772 euros. D’aucuns pourraient y voir le signe d’une rétention des modèles à valeur ajoutée par les revendeurs français. D’autres feront le lien avec la pénurie de véhicules récents issus des loueurs à proposer sur les plateformes de remarketing. La vérité se trouve probablement à mi‑chemin entre les deux.
Par Catherine Leroy et Gredy Raffin
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