"Un développement qui passe par un partenariat avec un constructeur"
JA. Quels résultats pour MVO après dix mois d'exercice ?
JEROME NOËL. Nous réalisons pour l'instant une année sensiblement identique à celle de 2015 en ayant notamment connu un creux sur la période avril-mai-juin, lequel s'est traduit par un problème de demandes de trafic. Cela dit, l'activité s'est à nouveau accélérée à compter du mois d'août et, depuis, nos résultats restent très satisfaisants.
Pour revenir à cette baisse de trafic, nous avons en effet connu quelques difficultés à trouver du matériel car nous sommes positionnés sur un créneau de véhicules d'occasion âgés de 3 à 7 ans, qui nous échappe d'ailleurs aujourd'hui par le biais des enchères. En outre, comme nous avons eu du mal à trouver du matériel auprès des fournisseurs français, nous avons dû nous tourner vers l'étranger, ce qui a provoqué une certaine inertie pour trouver le bon tempo en termes de réglages d'achats. En somme, comme nous avons progressé sur l'export, il nous faut aussi pouvoir acheter autant que nous en avons envie, ce qui n'est pas évident dans le sens où le type de matériel recherché est aussi très prisé.
JA. Comment cela se traduit-il en termes de volumes ?
JN. Notre année comptable n'est pas, je le précise, une année calendaire. Cela dit, nous devrions approcher les 700 véhicules sur l'ensemble de l'année 2016. Un volume globalement satisfaisant dans la mesure où notre société, MVO, n'existe que depuis sept ans. A ce titre, je rappelle aussi que notre objectif est d'atteindre les 1000 unités d'ici deux ans.
JA. Justement, quels seront les moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif de 1000 unités ?
JN. Nous allons d'abord nous fixer un nouveau palier, lequel sera d'atteindre dans un premier temps les 800-850 unités dès 2017, et donc les 1000 début 2019. Mais nous ne voulons pas réaliser ce chiffre n'importe comment, il convient aussi de faire de la qualité. Si cet objectif est atteint, il sera de toute façon associé à de la qualité.
JA. Qu'entendez-vous par "qualité" ?
JN. C'est avant tout une qualité financière, c’est-à-dire dégager une marge suffisante afin de pouvoir nous développer à nouveau et aller de l'avant. Quand je parle de développement, je pense notamment à une collaboration avec un constructeur qui chercherait un partenaire capable de diffuser ses produits de la façon dont nous savons faire au sein de MVO. Sachez que nous disposons d'un carnet d'adresses qualifié avec plus de 25000 professionnels ! Imaginez ce qu'un constructeur peut réaliser en passant par MVO pour remarketer certains de ses VO ! Pourquoi ? Sans prétention, parce que nous avons une certaine expertise dans ce domaine et que nous savons communiquer auprès des autres marchands avec une clientèle répartie dans toute la France. En outre, et bien que nous soyons basés au nord du pays, nous vendons aussi 40% de nos produits au sud de la Loire.
JA. Ce partenariat est donc votre grand dessein, à terme ?
JN. Nous y pensons très fortement depuis deux ans, ce qui nous permettrait de passer un palier. Mais quand je dis un constructeur, cela peut très bien se réaliser également avec un loueur. Parallèlement, nous ne sommes pas forcément axés sur le segment des VO de 3 à 7 ans. Si nous sommes connus sur ce type de produits, nous avons aussi des VO récents. Nous nous adapterons à l'analyse de l'éventuelle offre que nous ferait ce partenaire. Je pense sincèrement que remarketer des VO est réellement notre métier, contrairement aux constructeurs ou aux loueurs. Tout véhicule qui passe chez nous est immédiatement pris en main. Dès réception, ce VO est le soir même en ligne !
JA. Quelles sont les autres évolutions structurelles au sein de MVO ? La digitalisation y fait-elle aussi son œuvre ?
JN. Nous avons un projet qui permettrait de mieux présenter nos produits en ligne, mais très sincèrement, ce projet est encore à l'état embryonnaire, et je ne peux en dire plus. D'ici quelques mois, nous communiquerons…
JA. Vous évoquiez précédemment les produits. Quels sont ceux qui réussissent actuellement ?
JN. Si nous représentons 65% de VP pour 35% de VU, nous sommes aussi connus pour disposer d'une offre très large sans type de produits phares. Je reste évidemment très attentif aux modèles qui restent les plus vendus, de façon à les proposer. Cela dit, nous osons aussi les produits atypiques, lesquels "partent" très vite.
JA. Quelle est votre vision sur l'évolution, sur toutes ses formes, du marché VO ?
JN. Les enchères nous ont fait beaucoup de tort. En effet, beaucoup de concessionnaires travaillent avec les sociétés d'enchères, or, je ne pensais pas, à tort, que ce type de collaboration pouvait être fructueux. C'est donc un matériel qui nous échappe, ce qui nous oblige à nous tourner vers l'étranger.
Par ailleurs, on voit une tendance très nette en faveur des motorisations essence même si, là encore, il existe une certaine inertie car nous "récupérons" pour l'instant des véhicules immatriculés chez les loueurs il y a deux ou trois ans. Il faudra donc encore attendre un peu avant de disposer de motorisations essence en plus grand nombre.
Enfin, je reste très étonné du changement de cap opéré par les constructeurs et distributeurs en faveur du marché VO et de ses acteurs. Quand on voit le rachat de VO 3000 par un grand groupe de distribution ou celui d'Aramis par PSA, c'est une évolution que nous aurions à peine imaginée il y a quelques années encore ! Ces rapprochements, ces évolutions sont aussi le signe que le marché de l'occasion se professionnalisera encore plus, ça va dans le bon sens, mais cela nous oblige aussi à nous remettre perpétuellement en question.
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