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Distribution

Résiliés de tous les pays, regroupez-vous !

Publié le 14 mai 2004

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Troisième et dernière chronique sur les concessionnaires résiliés. Ernest Ferrari propose cette fois un regroupement des résiliés en une centrale d'achat européenne indépendante et multimarque. Les prophètes Charles et Frédéric, que l'on vient de pasticher, auraient-ils ajouté : "les...
Troisième et dernière chronique sur les concessionnaires résiliés. Ernest Ferrari propose cette fois un regroupement des résiliés en une centrale d'achat européenne indépendante et multimarque. Les prophètes Charles et Frédéric, que l'on vient de pasticher, auraient-ils ajouté : "les...

...résiliés n'avaient rien à perdre que leurs chaînes ; ils ont un monde (de bénéfices) à gagner…" ? Nous en doutons, mais comme il s'agissait de garçons modérément doués, qui peut le savoir ? Quoi qu'il en soit, rien ne pourrait être plus fécond qu'une association européenne (nous allions écrire "internationale", mais trop, c'est trop) des concessionnaires résiliés. Du reste, certaines des remarques que nous allons faire valent aussi pour les concessionnaires encore lourdement adoubés. Nous y reviendrons sans doute un jour, mais ce qui importe ici, c'est que les résiliés tirent leur épingle du jeu. Pour cela, il serait utile qu'ils se comptent, qu'ils se pèsent, qu'ils se connaissent. Entendons-nous : chaque entreprise peut s'en sortir, et brillamment, toute seule. Mais chacune d'entre elles aurait tort de négliger la force de frappe considérable que représenterait un groupement européen.

D'abord l'information et l'approvisionnement

En un premier temps, un réseau d'informations étendu sur quelques marchés d'Europe constituerait déjà un progrès considérable. Dans le monde commercial qui est en train de naître, il faut d'abord être au courant des variables de marché. Le cas le plus évident concerne les écarts de prix à travers l'Europe ; mais l'autre phénomène, auquel on pense moins naturellement est tout aussi important : c'est celui des écarts locaux entre l'offre (nombre de véhicules d'un modèle donné) et la demande (nombre de clients pour ce même modèle). Un réseau européen organisé pour échanger l'information, et constitué par des concessionnaires résiliés provenant des marques les plus diverses, constituerait une arme redoutablement efficace. Tous les adhérents pourraient savoir tout ce qui peut leur être utile. De par la force des choses, l'information sur les produits disponibles s'accompagnerait d'une information sur les sources d'approvisionnement possibles, sur leur fiabilité et sur les différentiels de rentabilité d'une source à l'autre. On n'oubliera pas, par ailleurs, que nombre de concessionnaires résiliés par une marque sont encore, ou sont devenus, concessionnaires d'une autre marque. A l'échelon européen, ceci signifie que la quasi totalité des marques pourrait être représentée. Comme un concessionnaire d'une marque X peut opérer en tant qu'intermédiaire pour toutes les autres, suivez mon regard… C'est aussi, soit dit en passant, une aubaine pour les résiliés "rancuniers", qui veulent non seulement continuer à vendre la marque qu'ils représentaient (ils ont bien raison), mais aussi créer des soucis à leur successeur (ils ont bien tort… sauf si leur intention est de l'éliminer pour récupérer la marque en question).

Un groupement européen et multimarque des résiliés

Il faut s'habituer à raisonner en termes d'entreprises hybrides, comme celles qu'on vient d'évoquer. Mais ceci n'ôte rien au fait que tout concessionnaire résilié doit être prêt à s'engager dans le commerce automobile indépendant, parce c'est pour lui l'occasion de créer une entreprise vraiment rentable et non soumise aux décisions d'autrui, indépendamment du fait que le même entrepreneur soit aussi concessionnaire par ailleurs. Ceci étant, l'échelon du groupement national peut-il, doit-il, être évité ? Il le devrait sans aucun doute, mais cela ne sera probablement pas possible, compte tenu des habitudes, pendant un ou deux lustres. Il faudra donc penser à une fédération européenne des groupements, ce qui est un pis aller. Ce qui, ipso-facto, sera évité d'emblée, c'est l'organisation cloisonnée par marque. Et ceci n'est pas un mince avantage, si l'on considère que les interlocuteurs naturels d'un tel groupement, ce sont les constructeurs (tôt ou tard et qu'ils le veuillent ou non), les autres acteurs du marché (concessionnaires, réparateurs agréés…), les instances européennes et nationales (direction de la concurrence) et surtout (mais oui !) les consommateurs et leurs associations. A ces derniers, le vieux commerce automobile, quelle que soit sa bonne volonté, ne peut pas dire grand-chose : ce qu'il offre est cher, cloisonné, et souffre d'une image négative, pas toujours méritée mais persistante. Le nouveau commerce automobile peut, en revanche proposer aux consommateurs beaucoup de choses correspondant à leurs attentes exprimées ou implicites. Les nouveaux acteurs de la distribution automobile, à travers leur association, pourraient même être proactifs… Méditez !

Ernest Ferrari

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