Quand les marques partent en pôle

...trois projets en cours : à Reims, Calais et Givors.

En lisière de la cité des Gones, investisseurs locaux et municipalité s'apprêtent à donner naissance à un pôle automobile où chaque distributeur tiendra un rôle prépondérant.

Les travaux commenceront dans les deux mois qui viennent. A proximité du centre commercial "Givors 3 vallées", en bordure du périphérique lyonnais et de l'embranchement pour l'autoroute du Sud, cette zone de 5 hectares accueillera bientôt un pôle automobile pour le moins inédit. Loin des zones auto qui se multiplient ici et là en lisière des grandes cités, celle qui va naître prochainement à Givors affiche un certain côté "participatif", voire une notion de collectivisme qui la fait sortir du lot. Un caractère que les futurs acteurs doivent sans doute à la volonté d'un homme : Martial Passi, le maire de la commune.

Le maire communiste de Givors souhaite en effet faire jouer la concurrence entre les marques dans sa commune. En compagnie de quelques concessionnaires, il crée donc une société d'économie mixte, dont 50 % du capital est détenu par la municipalité, et rachète le terrain d'un promoteur trop gourmand pour 10 millions d'euros. Affluent donc les distributeurs Ford et Renault de Givors, puis ceux de Citroën et de Fiat Alfa Romeo Lancia de Grigny, la commune voisine. Tous se connaissent. D'ailleurs, le groupe Ravon, distributeur Mercedes, Volkswagen, Seat, Skoda, Chrysler, Jeep, Dodge, une autre connaissance de ces concessionnaires, profite de l'aubaine et s'invite dans la partie, sans toutefois encore avoir décidé la marque qu'il y représentera. "C'est une nouvelle implantation qui avait été prévue au départ pour Volkswagen. Mais les choses évoluent. Nous allons statuer dans les semaines qui viennent", commente Xavier Ravon, cogérant du groupe éponyme et futur locataire. En août dernier, un peu plus de deux ans après le début des réflexions, la société d'économie mixte reçoit donc son permis de construire. Ils sont désormais 7 investisseurs, puisqu'un centre de contrôle technique les a rejoints dans le projet. Les grandes manœuvres peuvent commencer.

De neuf à onze marques en autogestion

"Dans cette partie de l'agglomération, les distributeurs sont trop dispersés. Nous sommes en concurrence avec le pôle automobile de Vénissieux. Il fallait faire quelque chose", explique Jacques Rolland, président du groupe Magris, distributeur Ford Mazda qui laissera bientôt tomber les murs de sa concession actuelle pour les 5 700 m2 qu'il occupera au sein de cette cité de l'automobile, où neuf à onze marques seront ainsi représentées (Renault, Dacia, Ford, Mazda, Citroën, Fiat, Alfa Romeo, Lancia, puis Mercedes ou Volkswagen, Seat, Skoda, ou Chrysler, Jeep, Dodge).
Grâce à cette société commune, les différents distributeurs gèrent eux-mêmes la structure, sans l'intervention d'un quelconque promoteur commercial. En conséquence, ils ont édité un certain nombre de règles. Interdit, par exemple, d'exposer des véhicules d'occasion dans ces showrooms et sur les petits parkings individuels. Seuls les véhicules de démonstration sont en effet autorisés. Le pôle dispose d'un showroom collectif de 5 200 m2, pouvant accueillir jusqu'à 250 véhicules, dans lequel chaque marque représentée exploitera une ligne. Côté carrosserie, même prérogative. Il n'en existe qu'une et c'est le distributeur Fiat qui l'abritera. Quant à la livraison de pièces de rechange, c'est la division logistique du futur distributeur Renault qui s'en chargera. Le concessionnaire de la marque au losange livrera même les MRA de ses marques partenaires. "C'est plus économique pour tout le monde", se justifie Jacques Rolland. Une aire de stockage VN collective prend place juste derrière le pôle et un parking commun a même été imaginé au centre des différentes structures, histoire de faire voyager le badaud entre les concessions. Pas de grillage, les distributeurs se côtoient et se font face au milieu d'allées piétonnes ouvertes bordées d'arbres et de verdure. Ce sont ainsi 2 000 VN et 1 500 VO qui pourraient être écoulés chaque année.

Photo : Chaque samedi, la zone commerciale voisine attire environ 20 000 personnes.