Quand le constructeur se fait distributeur
...2004, les dirigeants du groupe Volkswagen France et Daniel Coppens, son dirigeant, en tête (JA n°892) ne cessent de répéter "il n'y a aucune politique de filialisation prévue". Cette phrase faisait suite à la reprise des sites parisiens du groupe Lamé. Le distributeur avait en effet décidé de céder les marques Volkswagen et Skoda dans les 12e et 20e arrondissements. Plutôt que de laisser la voie libre à d'autres marques voire à d'autres distributeurs, le constructeur a préféré occuper la place laissée vacante par le groupe de distribution. Deux ans plus tard, le discours du constructeur n'a pas changé : "Nous n'avons pas la volonté de créer des filiales mais nous occuperons les villes stratégiques en cas de départs de nos investisseurs", affirme encore aujourd'hui, Daniel Coppens (lire entretien page 30). Pourtant, les forces en présence ont, il faut bien le reconnaître, quelque peu changé.
Les sites détenus en propre sont aujourd'hui plus nombreux. En effet, au mois de mars dernier, le groupe Heyberger qui distribuait les quatre marques du constructeur (1 300 VW, 450 Audi, 460 Seat et 130 Skoda) tirait sa révérence en se séparant des sites de Mougins, Nice, Antibes, Le Cannet et Saint-Laurent du Var laissant ainsi une plaque azuréenne en proie à la concurrence. Au regard de la localisation de ces concessions, difficile pour un constructeur de laisser à l'abandon un tel endroit stratégique. En outre, le coût de l'immobilier, exorbitant sur la Riviera française, dissuade également les potentiels repreneurs. Rappelons que dans cette zone, d'autres constructeurs, Renault, Peugeot et Mercedes notamment, ont dû investir les lieux en propre. Ainsi le groupe Volkswagen France a respecté son discours et n'a pas longtemps attendu pour reprendre les sites du groupe Heyberger.
Une personne chargée de gérer les filiales pour le groupe
Ce fut tout d'abord la marque Skoda, puis vint le tour des marques Seat et Volkswagen. Enfin, cet été, Audi France nous annonçait que la marque allait, également, être filialisée sur la Côte d'Azur.
Parallèlement en mai dernier, Skoda France nous annonçait que son showroom parisien, vitrine de la marque, était confié à Arnaud Neveu. Or, c'est ce même Arnaud Neveu qui gère les plaques azuréennes et parisiennes. "Arnaud Neveu est un ancien cadre du groupe PGA recruté par le constructeur pour prendre en charge les filiales du groupe. A ce titre, Arnaud Neveu est spécialement détaché auprès de Daniel Coppens", confie un distributeur.
En outre, la création de filiales au sein du groupe ne s'est pas arrêtée là. Au même moment, Seat annonçait l'ouverture d'une deuxième succursale dans le 17e arrondissement, un an après celle du 19e arrondissement. Simple coïncidence ? "Oui", nous a répondu Antoine Collomba, directeur de ces deux sites parisiens (JA n°964), qui poursuit : "cette succursalisation s'inscrit dans la stratégie mondiale de Seat qui souhaite posséder en propre plusieurs sites dans les grandes métropoles. En outre, ces deux sites appartiennent à la division ventes directes et nous dépendons ainsi de l'Espagne qui reste notre interlocuteur privilégié et surtout notre actionnaire principal", avait alors précisé Antoine Collomba.
Néanmoins, ces successions d'ouvertures de sites peuvent susciter l'inquiétude des distributeurs. "Je ne vois pas pourquoi le groupe Volkswagen France n'y viendrait pas. Mercedes l'a fait (30 % de sa distribution est gérée par des filiales), BMW s'y est lancé, Toyota également, il serait donc logique que ces constructeurs soient imités", confie un autre distributeur.
Un autre concessionnaire conclut : "Cela suit malheureusement une certaine logique. A moyen terme, les distributeurs ne pourront plus exister dans les grandes villes françaises. Nos marges sont trop faibles pour supporter des coûts immobiliers de plus en plus élevés."
Tanguy Merrien
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