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Distribution

On prend les mêmes…

Publié le 18 décembre 2009

Par Gredy Raffin
6 min de lecture
ENCHERES PHYSIQUESLes commissaires-priseurs ont pour ainsi dire vécu une année 2009 identique à celle de 2008. D'abord une...
...période d'ajustement, ensuite une bonne dynamique interrompue par un second semestre sur la pente déclinante. Comme l'an passé, ils n'ont pas échappé à une problématique des stocks. A une différence près : à la surabondance s'est substituée la pénurie…

Les années se suivent et se ressemblent. Un adage qui collent aux sociétés de ventes aux enchères physiques. Le profil de leur activité 2009 se calque sur celui de 2008. Cette année, comme un an auparavant, l'entame a été relativement bonne. Certes, il y a eu une période de réglage, mais les acheteurs se sont vite remis à signer le carnet de chèque. "Il y avait une demande en fin d'année 2008, estime Serge Rivals, commissaire-priseur de la société Australe. Une fois que les loueurs ont repositionné leurs prix, tout est rentré dans l'ordre". Le marteau a connu un exercice "à deux vitesses". Une expression que les commissaires avaient déjà employée l'an passé et que Me Jérôme Bergel, de Mercier Automobiles, emploie à nouveau. "Nous avons réalisé plus de 50 % de nos volumes sur le premier semestre", souligne-t-il. Soit plus de 5 000 ventes sur un total qui devrait avoisiner les 10 000. Me Alexis Duhamel, de Nord Enchères, allait jusqu'à qualifier de "merveilleux" le premier trimestre.

Lors de cette période, les taux de vente ont retrouvé de leur superbe, allant de 75 à 80 %, voire 86 % pour Australe. Des scores qui n'avaient pas été enregistrés depuis juin 2008. D'autant qu'avec les volumes, les montants moyens des transactions ont été tirés vers le haut. Pour Australe, ceux-ci ont grimpé de 20 %, à 5 500 euros. Ce phénomène n'est pourtant pas généralisé. Chez Nord Enchères, la situation diffère un peu : "Nous avons gagné en volume, en chiffre d'affaires et en rentabilité, mais nous reculons en prix moyen", analyse Alexis Duhamel. Il a atteint 82 % de taux de vente dans ses salles de vente de Béthune (62) et Valenciennes (59).

Tous ou presque se sont tournés vers des véhicules âgés et kilométrés pour attirer la clientèle, qu'elle soit professionnelle ou particulière. Lors des séances d'enchères physiques, les commissaires-priseurs ne reculent pas devant l'idée de présenter des voitures ayant plus de 100 000 km. "Il faut savoir expliquer que la voiture commence une deuxième vie, avec des pièces neuves, conformément au carnet d'entretien du constructeur", s'accordent-ils sur le sujet. Encore est-il que malgré ce positionnement "nous ressentons la concurrence du VN", lâche Serge Rivals qui pourtant traite à 80 % des professionnels.

Les établissements financiers, la réponse à la "crise LLD"

La seconde moitié de l'année s'est voulue nettement plus complexe. Les sources d'approvisionnement se sont "appauvries". Comme toute la filière de revente de véhicules d'occasion, le canal des enchères a dû composer avec le changement de politique des loueurs de longue durée. Ils disent ainsi avoir perdu près de 50 % de volume en stock. Maître Alexis Duhamel raconte "travailler avec très peu de stock, presque au coup par coup. Il y a un problème avec certains constructeurs, tels que Renault ou Peugeot qui n'ont plus de buy-back", observe-t-il. Ses commerciaux ont redoublé d'efforts sur le terrain. "On a ramé comme on n'a jamais ramé. Il a fallu trouver de nouveaux partenaires tels que les établissements financiers, témoigne le commissaire-priseur de Nord Enchères. Ces apporteurs d'affaires sont bien meilleurs et il faut y revenir, au dépend des loueurs". "Les sociétés de crédit et les banques des constructeurs de Renault et Peugeot ont été privilégiées", solutionne-t-on chez Mercier Automobiles. Dans les rangs d'Australe, autre son de cloche : "Nous restons fidèles à nos partenaires que sont 3 ou 4 loueurs, amorce Serge Rivals. Notre mission est de leur apporter des solutions. Renault est la marque la plus difficile car la volumétrie est importante par rapport aux capacités d'absorption." Avec Arval, ils ont mis en place un système de session privée. En 2009, Serge Rivals aura écoulé quelque 5 000 unités pour le compte de la filiale de BNP Paribas.

Le point positif de ce second semestre, c'est que les salles ne se sont pas désemplies. "La crise encourage les acheteurs à fréquenter nos établissements", se réjouit Me Jérôme Bergel. Mercier Automobiles accueille de plus en plus de particuliers, même si paradoxalement leur part diminue. En effet, les marchands gagnent en représentativité, à 40 % du mix, contre seulement 15 % en 2008. "Nos clients sont rassurés et ont confiance dans les produits vendus aux enchères, martèle le commissaire-priseur de Marcq-en-Baroeul (59). Il faut juste les satisfaire à l'après-vente". A ce titre, il annonce un taux de retour d'environ 1 voiture pour 72 vendues, "généralement par faute d'inattention de l'acquéreur", avance-t-il. A l'inverse, Nord Enchères a constaté un recul. Le public a boudé les séances, ce qui a directement impacté les taux de vente, qui ont chuté à 50 %. Faut-il préciser aussi qu'un pan entier de la clientèle a déserté. Les marchands étrangers pointent désormais aux abonnés absents. Seuls quelques-uns d'entre eux se déplacent encore pour faire leur shopping par chez nous. "La crise et leurs politiques de taxes à l'import ont fait fuir les investisseurs de l'Est", relate Me Duhamel. A fin novembre, ils revenaient, au compte-gouttes.

Mercier Automobiles testera Internet

Il faut être honnête et reconnaître que la concurrence d'Internet se fait de plus en plus sentir, parfois de façon oppressante. La seule conjoncture ne peut expliquer le ralentissement de fin d'année, force est d'admettre que les enchères électroniques ont gagné en notoriété, sinon en agressivité. En termes de tarification notamment, puisque en moyenne, les opérateurs Internet se rémunèrent 2,5 % HT par vente, contre 10 % HT pour les commissaires en salle. Et les propos volontiers rassurants de Serge Rivals ne font que cacher une réalité observée de tous : la rivalité est belle et bien là. "Il y a de la place pour tout le monde", avance-t-il avant d'ajouter : "Australe reste en attente par rapport à ce canal. Rien n'est encore décidé". "La vente en ligne a un statut bâtard", coupe Alexis Duhamel. Ce dernier a pourtant investi dans le monde virtuel. Depuis peu, le réseau auquel il adhère, Five Auction, a développé une plate-forme de versement de dépôt de garantie en ligne, sécurisée par Pay-Pal, l'organisme de référence. "Internet est un outil de communication qui offre de la visibilité et de la transparence", reconnaît-il. Un pas vers la conversion ? Quoi qu'il en soit, en adéquation avec la cure de rajeunissement de sa page Web, il prévoit la réfection de ses centres de Béthune et Valenciennes.
Quant à Mercier Automobiles, les choses sont à une étape plus avancée. En janvier, la société pilotera une phase de tests de vente en ligne. "Un essai à blanc", recadre Jérôme Bergel. Et même s'il table sur 1 000 adjudications supplémentaires par an au moyen de ce canal, la date de baptême du feu n'est pas encore fixée. D'ailleurs, d'après le nordiste, "les enchères physiques, dont les volumes annuels ne cessent d'augmenter, ont encore de belles années à vivre".

Photo : Après une année 2008 compliquée, la société Anaf Auto Auction dresse un bilan plus favorable de l'exercice 2009, avec notamment un retour des particuliers.

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