"Notre ambition est de devenir le premier site de VO CtoC en France"
JOURNAL DE L'AUTOMOBILE. Vous venez d'annoncer le lancement de "la première plate-forme de vente de VO entre particuliers". Qu'attendez-vous de ce développement ?
JOSE SENENT. Aujourd'hui, l'acheteur de voitures sur Internet se trouve confronté à deux problématiques majeures : le financement et la reprise de son VO. Jusqu'ici, nous proposions à nos clients acheteurs de les aider à revendre leur VO sur Le Bon Coin. Nous avons essayé également d'assurer les reprises en nous associant à des professionnels. Seulement, les particuliers étaient très déçus, parfois même outrés par les sommes proposées par ces derniers. Ce deal se révélait également dégradant pour notre image. Aussi, nous avons décidé de développer cette plate-forme CtoC, en test depuis cet été et accessible via notre vitrine AutoRéduc. Si le succès est rapidement au rendez-vous, nous n'excluons pas de créer un nouveau site dédié.
Nous attaquons un marché très important en France, qu'aucun acteur professionnel n'est parvenu à appréhender. Or, les outils Internet le permettent. Notre ambition est de devenir le premier site de VO CtoC en France et nous visons les deux millions de voitures vendues par an entre particuliers. L'autre finalité est de transformer ces vendeurs de VO en acheteurs de VN ou de VO 0km sur notre site.
JA. A l'image d'un AramisAuto, le VO semble aujourd'hui prendre le dessus sur le neuf ?
JS. Le VN et le VO 0km ont représenté le début de notre action. Il s'agissait d'une porte d'entrée logique dans l'univers automobile, qui a permis de lancer notre marque et de créer de la confiance. Mais notre profitabilité et notre croissance futures passent par le VO.
JA. Ne craignez-vous pas un risque de confusion, voire de dispersion, à travers tous vos développements*?
JS. Non, car l'ensemble est cohérent, avec une juxtaposition de briques qui participent aux synergies de la marque. Nous avons toujours annoncé notre volonté de verticaliser le secteur automobile. Par ailleurs, sur l'activité occasion, nous sommes sur un schéma CtoC, il n'y aura bientôt plus d'offres émanant de professionnels, tandis que nous sommes dans une logique BtoC pour la vente de VN. Il n'y a pas de malentendu pour le client.
JA. Quelles sont les prochaines "briques" que vous souhaitez apporter ?
JS.Il nous manque la partie financement ainsi que l'entretien, deux sujets sur lesquels nous travaillons. Nous n'avons pas encore trouvé le partenaire idéal pour apporter des conditions de financement optimales. C'est un projet qui est encore délicat à mener sur le Net même si, avec le développement du financement participatif, à l'image de Prêt d'Union, avec qui nous menons des discussions, cela aboutira forcément. Il faut suivre tous les changements de près.
JA. Quelle est la provenance des voitures neuves que vous proposez dans le cadre de vos Ventes "Flash" ou "Privée" ?
JS.Entre 60 et 70% des véhicules proviennent des groupes de distribution et de concessionnaires, et entre 30 à 40% de gros mandataires et importateurs français. Ensuite, nous assurons nous-mêmes la logistique via nos propres chauffeurs indépendants.
JA. Les distributeurs automobiles sont-ils réceptifs à votre discours très marketing ?
JS. Tout dépend de l'interlocuteur, mais le discours passe bien avec les managers car ils ont conscience des tendances à suivre. Surtout, ils n'ont rien à perdre, aucun frais, car nous nous occupons de tout. De plus, notre approche d'achats groupés et de ventes privées justifient de manière transparente les remises affichées, sans dégrader la marque représentée.
JA. Vous êtes très présents sur les réseaux sociaux. Quels en sont les bénéfices ?
JS.Nous ne pouvons pas mesurer le retour sur investissement d'un Facebook ou d'un Pinterest. En revanche, il faut être présent sur ces médias car, d'une part, cela rassure et, d'autre part, cela démontre que nous sommes innovants et réactifs. Toutefois, nous avons décidé, il y a six mois, de boycotter Facebook. Autant j'ai défendu ce site au lancement de notre aventure, autant il est devenu absurde d'y investir désormais en tant que société. En effet, vous devez payer pour que vos "fans" voient vos commentaires et vos posts sur leurs pages, comme s'il s'agissait d'une publicité.
JA. Où en êtes-vous de vos ambitions internationales ?
JS. Nous sommes en retard par rapport à notre promesse d'internationalisation. Nous avons cependant la conviction que celle-ci se fera par le VO, vraisemblablement en Allemagne et en Espagne, où le potentiel de ce marché est important.
*La société AutoRéduc a également lancé, en septembre, CarDirect.fr, le comparateur de prix de vente VN et VO.
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AutoRéduc-Occasions en bref
Avec sa place de marché VO de particulier à particulier, baptisée "AutoRéduc-Occasions", la société entend se distinguer en proposant un service complet, qui comprend l’expertise du véhicule au domicile du vendeur, la livraison chez l’acheteuret la sécurisation de la transaction. "Une fois la voiture inscrite sur AutoRéduc-Occasions, le site envoie un expert au domicile du vendeur pour réaliser un examen complet du véhicule et un test routier. Ensuite, l’expert prend quinze photos du véhicule pour les publier sur le site et calcule une valorisation qui sera la promesse d’achat d’AutoRéduc", détaille la société. L’équipe d’AutoRéduc se donne quinze jours pour "essayer de vendre la voiture sur le site". Si elle n’y parvient pas, elle s’engage à l’acheter au prix indiqué initialement, soit, selon elle, une offre de prix supérieure de 1000€ par rapport à l’offre proposée par les garages. "Le vendeur est assuré de vendre son véhicule à un particulier ou, dans le pire des cas, à AutoRéduc au prix plancher", assure la société.