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Distribution

Mont-Blanc Automobiles, l’ascension à deux versants

Publié le 12 septembre 2011

Par Benoît Landré
7 min de lecture
Entité historique de la distribution automobile en Savoie et Haute-Savoie, le groupe familial Mont-Blanc Automobiles a bâti sa réputation en lançant et en accompagnant, étape par étape, les marques Mitsubishi et Porsche dans l’Hexagone. Une union lointaine que le groupe s’est attaché à pérenniser au fil des années. Reportage.
Jean-Paul Gonguet, à gauche, président-directeur général, et Jean Gonguet, à droite, accompagnés de leurs deux commerciaux.

Entamée en 1970 à Aix-les-Bains (73) avec la marque BMW, l’aventure automobile du groupe familial, impulsée par Jean Gonguet, a véritablement décollé avec une autre marque germanique, Porsche. Nous sommes en 1973, en plein choc pétrolier. En 1979, l’entreprise reprend le panneau Mitsubishi qui fait son apparition en France via l’importateur Sonauto, le même qui a intronisé Porsche dans l’Hexagone. Un développement logique en parfaite adéquation avec les produits proposés par la marque japonaise et les caractéristiques géographiques de la région. “Nous étions tous intrigués par l’arrivée de voitures en provenance du Japon, mais très vite, nous avons été rassurés par ces produits qui avaient une longueur d’avance en termes de finitions et d’options. Dès la première année, nous avons commercialisé 300 Colt”, raconte Jean Gonguet, fondateur du groupe et aujourd’hui président du groupement des concessionnaires Mitsubishi.

D’abord simple curiosité, la marque nippone s’est installée dans le paysage automobile français grâce à la fiabilité de ses produits, mais surtout au dynamisme de l’importateur Sonauto. “Nous avons eu la chance de croiser la route de trois dirigeants particulièrement percutants à cette époque, Norbert Wagner, Hans Kling et Edgar Becker qui ont fortement participé au déploiement de la marque Mitsubishi en France en considérant, notamment, les clients de cette marque avec la même attention que ceux de Porsche”, ajoute Jean Gonguet, un “acharné de l’après-vente” qui a su cultiver cette caractéristique propre aux deux marques.

Cession puis rachat de 50 % de l’activité

Depuis, les interlocuteurs sont passés, les dirigeants se sont succédé, mais le lien qui unit le groupe aux marques Porsche et Mitsubishi reste indéfectible. “Nous sommes encore quatre ou cinq groupes actuellement en France à poursuivre depuis le début la distribution de ces deux marques”, précise Jean-Paul Gonguet, le fils, qui occupe le poste de président-directeur général depuis 1987. Cependant, cette fidélité sans faille à la marque nippone ne s’est pas toujours forgée dans la facilité et la continuité. En effet, le constructeur, qui a succédé à Sonauto en 2000, a aussitôt opté à son arrivée pour un changement de politique radical en décidant de filialiser la distribution de la marque. “Comme nous étions à l’époque le plus gros représentant Mitsubishi en France, nous avons tout de même conservé 50 % de la distribution de la marque”, raconte Jean-Paul Gonguet. Une stratégie très vite révisée.

Quatre ans plus tard, MMC France, la filiale française de Mitsubishi Europe, faisait machine arrière en décidant de revendre ses succursales, trop coûteuses, se retirant ainsi de la distribution de la marque. “En 2005, nous avons donc racheté les 50 % que nous avions cédés et repris également le site de Bourg-de-Péage (26)”, explique Jean-Paul Gonguet. Le groupe Mont-Blanc Automobiles a donc reculé pour mieux avancer. Rôdé aux changements de directions, il ne s’est donc pas offusqué, en mai dernier, de l’annonce du retrait de la filiale MMC France et de la désignation du groupe Frey comme importateur de la marque : “Nous n’avons pas encore eu de discussions précises avec le groupe Frey (au 17 juin) et aucune information ne circule sur l’avenir de la marque. Mais cela ne représente pas un inconvénient et n’influera en rien sur nos performances puisque nous avons toujours eu de bons résultats, que ce soit avec l’importateur Sonauto ou la filiale. C’est davantage une question de personnes et de volonté”.

Plus de 1 % de pénétration sur la zone avec Mitsubishi

Aujourd’hui, le groupe représente la marque nippone sur les villes d’Annecy (74), Annemasse (74), Sallanches (74), Chambéry (73) et Valence (26). Début juillet, l’entité familiale a cédé son affaire de Grenoble (38) à l’investisseur Seyssinet Alpes Auto (Suzuki), les volumes étant insuffisants pour amortir les loyers plus coûteux. En 2010, la société a commercialisé 550 véhicules neufs et 450 voitures d’occasion. En raison de son historique et de son positionnement géographique, elle revendique une pénétration supérieure à 1 % pour une moyenne nationale de 0,3 %. “Cette fidélité des clients s’exprime à travers la qualité de nos produits, mais également par la stabilité de nos équipes en place. Par ailleurs, notre maillage nous permet d’assurer des économies d’échelles qui nous permettent d’atteindre une rentabilité supérieure à la moyenne du réseau”, développe le dirigeant. Un partenariat fort et des bons résultats qui légitiment les ambitions et les exigences de Mont-Blanc Automobiles à l’égard de Mitsubishi. “J’attends davantage de volumes. La marque représente aujourd’hui entre 5 000 et 6 000 unités en France, mais nous avons la capacité de réaliser facilement 15 000 VN. Nous sommes prêts pour monter en régime et faire le double avec les produits qui arrivent”, annonce Jean-Paul Gonguet.

Des 4x4 moins influents

Le temps de la mauvaise presse incriminant les 4x4 en 2008, associé à l’impact négatif né de l’instauration des mesures gouvernementales, semble révolu. En 2010, la marque a enregistré une croissance de 64,9 %, grâce aux bons résultats de l’ASX, “un produit familial qui permet de faire de la conquête”, et s’est fixé un objectif de 5 000 VP et 1 800 VUL cette année. “La marque a bien réagi. Nous revendons des Pajero même si nous sommes attaqués par les concurrents sur ce segment. En 2007, le 4x4 représentait 50 % de notre chiffre d’affaires, nous vendions 250 Pajero contre une moyenne de 100 à 120 aujourd’hui, constate Jean-Paul Gonguet. Le seul reproche que je peux faire concerne le manque de suivi dans la gamme. Le plan de développement est trop saccadé et nous observons régulièrement des trous entre deux générations de modèle.” La Lancer a, par exemple, disparu du catalogue et la Colt devrait connaître le même sort avant l’arrivée de la version suivante. “Si nous ajoutions un modèle de plus en entrée de gamme, une petite voiture comme la Swift, nous augmenterions les ventes rapidement. Nous devrions également faire évoluer le Pajero qui jouit d’une forte notoriété en le déclinant en SUV, avec un look plus routier”, conseille le dirigeant.

Arrivée de Suzuki et Mazda à Valence

En 2008, le groupe a étendu son expertise dans le véhicule japonais en ajoutant le panneau Suzuki à son affaire de Valence, développement qui a permis de compenser la baisse des volumes en Mitsubishi. Mazda est venue en renfort il y a six mois, suite à l’agrandissement du site et à la construction d’un nouveau hall. “Il est nécessaire d’atteindre un certain chiffre d’affaires sur ce site et les trois marques réunies permettent de compenser l’érosion des ventes”, explique Jean-Paul Gonguet, avant d’analyser plus en profondeur : “Les marques japonaises souffrent en raison des mesures sur le CO2, du yen qui est cher et de la catastrophe du tsunami qui a repoussé les délais de production et de livraison. Elles sont sérieusement attaquées par les Européens au niveau des produits et n’arrivent pas à suivre le rythme des remises. Par conséquent, il faut jouer la niche, la qualité, la fidélité. Les produits sont bons chez Mazda, mais les réajustements commerciaux sont plus longs, ou alors ne s’inscrivent pas dans la continuité, c’est-à-dire que quand un véhicule ne fonctionne pas, ils l’arrêtent.”

2011, l’année Porsche

Comme l’automobile est souvent une affaire de compensation, le groupe surfera surtout cette année sur le succès incontesté et le déploiement de la marque Porsche. Début juillet, il a ouvert les portes de sa nouvelle concession Porsche / Mitsubishi d’Annecy, répondant aux nouvelles normes du constructeur allemand, soit un investissement de 4,5 millions d’euros. L’annexe de Grenoble arborera également les nouveaux standards à compter de septembre. Deux emplacements qui permettent à la société de couvrir les départements de Savoie, Haute-Savoie, Isère et Hautes-Alpes. Le contrat porte sur 105 voitures pour les deux sites et autant de VO. “2011 sera l’année Porsche avec le développement des véhicules d’occasion, qui sont très demandés, que nous alimenterons avec des approvisionnements en provenance directe d’Allemagne, mais également les services, la vente d’accessoires ou encore la restauration de vieux véhicules. Avec ces ouvertures, nous envisageons une progression de 20 % de notre chiffre d’affaires sur Porsche au niveau de l’après-vente et de l’activité occasion”, confie Jean-Paul Gonguet. Les dirigeants envisagent également d’étendre ce développement de l’activité occasion à la marque Mitsubishi, suite à la récente embauche d’un responsable des achats.
 

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