"Les professionnels ont une carte à jouer sur ce marché VO"
Journal de l'Automobile. Vincent Hancart, quelles principales observations faites-vous concernant le marché du véhicule d'occasion en France après neuf mois d'exercice ?
Vincent Hancart. Nous pouvons remonter aux deux derniers mois de l'an passé pour constater que le marché du véhicule d'occasion n'a cessé de reculer. Les premiers résultats de l'année 2018 ont d'ailleurs ensuite confirmé cette tendance même si le marché de l'occasion a connu quelques soubresauts. Au global, le marché accuse donc un retard par rapport à l'exercice antérieur, ce qui est anormal quand on sait que, normalement, le marché VO croit de façon naturelle de 1 à 2 % par an.
Comment expliquez-vous cela ?
VH. Je crois toujours au marché du VO car cela reste la meilleure façon de se procurer un moyen de mobilité économique. D'ailleurs, ce marché reste toujours très important car le ratio reste de 1 VN pour 3 VO en France, et bien au-delà si on ne s'intéresse qu'aux particuliers. Toutefois, le problème réside dans le déséquilibre existant entre l'offre et la demande, notamment en raison des transformations intervenant sur le marché VN pour les multiples raisons que l'on sait. En outre, nous constatons aussi qu'il y a une forte attractivité pour les jeunes VO et les buy backs qui deviennent aujourd'hui très compétitifs quand, parallèlement, le marché des VO de plus de 5 ans souffre nettement plus désormais, quand celui des plus de 10 ans s'écroule.
Pourquoi ?
VH. Il y a une sorte de basculement dans la mentalité des particuliers qui ont changé, si je puis dire, leur fusil d'épaule, dans leur façon d'acheter un véhicule. Ils ont notamment compris qu'ils n'avaient plus forcément besoin d'acheter un diesel pour rouler peu et qui coûtera plus cher à l'entretien par exemple. Quand on regarde l'offre en diesel sur Autoscout24, celle-ci s'établit à 68 %, quand la demande est à 54 %. Tout le déséquilibre est là.
Quelles évolutions à terme ?
VH. Je pense que la tendance se poursuivra de façon à obtenir une offre plus en ligne avec ce que les clients demandent. Nous verrons alors de nouveaux VO venir alimenter le marché, voire un peu plus de véhicule essence dans les différentes catégories d'âge, quand, en revanche, le marché des VO de plus de 10 ans va continuer à souffrir car il reste très diésélisé. Cependant, je tiens aussi à ajouter que la baisse du diesel constatée sur le VN ne sera pas forcément suivie sur le marché du VO : la pénétration du diesel sur les VO baisse de 1 à 2 % seulement, loin de ce que nous voyons sur le marché VN. L'inertie reste bien plus longue…
Quelles conclusions pouvons-nous alors faire pour les professionnels qui sont au cœur de ces mutations ?
VH. Je pense très sincèrement que les professionnels et les concessionnaires ont un rôle et une carte à jouer car ils restent à la source des offres les plus intéressantes plébiscitées par les Français. Je suis en revanche plus inquiet pour ceux qui ont privilégié les VO plus âgés pour leur business : en effet, il existe un risque important de se retrouver avec des véhicules qui n'intéressent plus la demande. D'où la nécessité de bien réussir ses achats. Les concessionnaires sont à mon sens aujourd'hui mieux équipés que les indépendants.