Le groupe Legrand se lance dans la déconstruction
Le groupe Legrand ne voit pas les choses en petit. C’est cette force qui lui permet d’envisager l’avenir sereinement, malgré le contexte inédit. En pleine transformation, le groupe se donne pour ambition de devenir une référence en termes de stratégie marketing et commerciale dans le monde de la distribution. Mais l’entreprise familiale, dirigée conjointement par les deux frères, Frédéric et Georges Legrand, avec, au poste stratégique de directeur du commerce et du marketing, Eric Legrand, ambitionne également d’ajouter plusieurs cordes à son arc. "Nous nous apercevons que nous devions entamer une phase de diversification sectorielle. Nous maîtrisons la distribution au sens large, nous savons vendre un véhicule, le financer, gérer la réparation, les pièces, et nous souhaitons aujourd’hui transposer ce savoir-faire dans la distribution dans d’autres secteurs", explique Eric Legrand.
En l’occurrence, cette diversification passera très bientôt par la distribution de produits récréatifs de la marque BRP, Bombardier Produits Récréatifs. Le groupe Legrand se porte acquéreur de la moitié du capital de deux concessions distribuant notamment les scooters à trois roues, quads et motomarines de la marques."Nous croyons beaucoup à la mobilité au sens large et à cette marque aux produits très novateurs. Nous devons penser à toutes les alternatives possibles et aux clients finaux", commente Eric Legrand.
Situées au Mans et à Nantes, ces deux affaires, qui représentent environ 6 millions d’euros, devraient passer sous pavillon Legrand début octobre, avec, à l’avenir, des perspectives de développement dans tout l’Ouest du pays. "Nous nous associons avec l’investisseur qui garde l’exploitation des deux concessions et lui apportons tout notre savoir-faire en termes de call-center, de marketing ou encore de fonction RH ", complète le directeur commercial et marketing. Le distributeur ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et confie se tenir au fait des opportunités de rachat d’affaires commercialisant des deux roues.
Conscience écologique de groupe
Deuxième piste de diversification, la déconstruction. Une activité qui fait sens pour Eric Legrand. "Nous lancer dans la déconstruction est un prolongement de notre métier de distributeur. Ce qui nous anime, c’est de pouvoir intégrer la chaîne de valeur d’un bout à l’autre. Si nous ne pouvons évidemment pas nous placer en amont en tant que constructeur, nous pouvons au moins devenir déterminant en aval." Sans oublier l’aspect écologique, cher à l’entreprise familiale. "C’est bien de distribuer, mais nous avons aussi le devoir d’être responsable dans cette distribution. S’engager dans la déconstruction, en plus d’être un projet intéressant au niveau savoir-faire, répond à des enjeux écologiques, en revalorisant les matières, en donnant une seconde vie aux véhicules."
Un projet raccord avec les engagements déjà pris par l’opérateur. Ce dernier affiche désormais sur les annonces des véhicules vendus une vignette qui représente le nombre d'arbres qu’il plantera pour compenser les émissions de CO2 sur la durée de l'utilisation du modèle. De cette façon, ces ventes présenteront théoriquement un bilan carbone nul.
Mais l’idée est aussi de faire de la déconstruction une activité rentable. L’optimisation de trois activités piliers, l’achat et la revente de pièces de rechange, la valorisation de la matière et la revente de carcasse passe, pour le distributeur, par une réorganisation des process. "Nous nous apercevons par exemple que le secteur, à quelques exceptions près, est à des années-lumière du digital", constate Eric Legrand. Le groupe, appuyé par une enseigne spécialiste de la déconstruction, annonce ainsi être en discussion avec deux intervenants, dans sa zone de chalandise. "L’opération pourrait être scellée très prochainement", conclut Eric Legrand.