Le groupe Chabot, la nouvelle étoile du Nord

Dès le mois de mars 2013, nous relations dans nos colonnes la probable revente de la filiale Mercedes-Benz de Lille au réseau privé. L’identité du repreneur restait cependant en suspens. Beaucoup de noms ont alors circulé : le groupe PGA, comme souvent, mais aussi un repreneur luxembourgeois. Le groupe Gorias, qui distribue la marque dans les départements voisins, représentait également un candidat crédible. Finalement, c’est le groupe Chabot qui représentera la marque à l’étoile dans le Nord, à compter du 1er septembre prochain. Contacté il y a quelques semaines, Ronan Chabot avait pourtant démenti être sur les rangs, probablement pour mieux préserver la confidentialité des discussions.

Une plaque de 1 300 VN

Le protocole d’accord en vue de la cession des parts de la filiale lilloise de Mercedes-Benz France au groupe RCM – Ronan Chabot Management – a été signé le 27 juin dernier. Cette acquisition englobe ainsi les activités vente et après-vente des établissements voitures particulières de Villeneuve-d’Ascq, de Dunkerque et de Valenciennes, où la marque est présente via deux établissements. En 2012, Mercedes-Benz Lille VP, qui emploie aujourd’hui 184 personnes, a immatriculé 1 300 Mercedes et Smart, 1 500 véhicules d’occasion et facturé 72 300 heures atelier. “Cette cession rentre dans la lignée de la stratégie réseau de Mercedes-Benz France, qui consiste à proposer aux partenaires de la marque engagés et performants, et souhaitant continuer à se développer avec la firme à l’étoile, des opérations de reprise ou de rachat au sein de son réseau national”, explique Mercedes-Benz, qui avait repris cette plaque en 2003.

En début d’année, un membre d’un réseau offrait une version plus tranchée : “D’une part, la marque n’a aucun intérêt à posséder des sites en propre dans le nord de la France et, d’autre part, les structures de ces filiales sont lourdes à supporter financièrement. Enfin, les filiales ne sont plus dans l’air du temps. Un constructeur est fait pour produire et un distributeur pour distribuer.” Depuis, les faits semblent donner raison à ce dirigeant. En effet, Automotive News et Reuters rapportaient en mai que le constructeur était sur le point de céder quatre sites en propre en Allemagne, deux au Nord du pays et deux autres à l’Ouest, afin de réduire ses coûts de distribution et d’augmenter la rentabilité de l’ensemble de son réseau. Outre-Rhin, des trois marques Premium, Mercedes serait celle la plus dépendante de ses filiales en termes de distribution. En France, c’est surtout les marques Peugeot et Citroën qui défilialisent depuis plusieurs mois. Quoi qu’il en soit, toutes ces marques montrent encore leur besoin d’actifs et de faire rentrer du cash.

Dans le Top 3 des distributeurs Mercedes

L’opérateur vendéen représente la firme à l’étoile depuis 1970 à travers ses établissements majeurs Saga La Roche-sur-Yon et Angers-Villevêque, pour la distribution et la réparation Mercedes-Benz VP, VUL et VI et Smart, mais aussi à travers des points de vente et de service aux Sables-d’Olonne (85), à Cholet (49) et Thouars (79). Début 2014, le groupe dirigé par Ronan Chabot poursuivra son développement avec Mercedes par l’ouverture de deux nouvelles affaires à Challans (85) et Saumur (49). Si la logique de marque est respectée, la cohérence géographique, chère aux dirigeants de groupe, n’est désormais plus de mise. Implanté dans l’Ouest de la France, du Maine-et-Loire (49) jusqu’aux Pyrénées-Atlantiques (64), le groupe vendéen inaugure ainsi une nouvelle plaque dans une quatrième région, plus éloignée. L’opérateur, qui a commercialisé un total de 4 060 VN en France en 2012, dont 1 340 Mercedes, deviendra ainsi l’un des trois principaux distributeurs de la marque à l’étoile avec près de 2 600 VN, derrière les groupes PGA et De Willermin. Avec l’acquisition de la filiale lilloise, le groupe Chabot comptera 640 collaborateurs et 26 concessions, soit un chiffre d’affaires estimé à plus de 310 millions d’euros en 2013. L’an passé, la rentabilité des sites Saga était de 2,4 %.

Benoît Landré et Tanguy Merrien