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Distribution

France Gérard, directrice du groupe Gemy

Publié le 16 juillet 2010

Par David Paques
6 min de lecture
"Nous devons nous appuyer sur notre politique d'amélioration permanente"Après une période agitée et une restructuration inéluctable, le groupe Gemy, 2e plus important distributeur Peugeot en France, affiche aujourd'hui...
...ses certitudes et entend s'appuyer sur son esprit d'entreprise pour retrouver la voie du succès.

Journal de l'Automobile. Voilà quelques mois, de nombreuses rumeurs ont couru au sujet du groupe Gemy. Jusqu'à parler d'éclatement. Qu'en a-t-il été réellement et comment vous portez-vous désormais ?
France Gérard. Nous sommes un groupe jeune qui a grandi très vite. Il y a 20 ans, nous n'avions qu'un seul site. Aujourd'hui, nous comptons 18 points de vente, une plate-forme PR et un centre VO. Quand la crise est arrivée en 2008, nous l'avons subie de plein fouet. Nous avons fait une mauvaise année. Il a fallu prendre de suite des mesures draconiennes et nous restructurer de manière intelligente. Nous l'avons fait. Dès 2009, nous nous sommes bien ressaisis et avons même dégagé un résultat net positif de 1,3 million d'euros à la fin de l'exercice (N.D.L.R. : ce qui correspond à une profitabilité moyenne de 0,3 % d'un chiffre d'affaires établi à 420 millions d'euros l'an dernier).

JA. Quelles sont précisément les mesures que vous avez prises ?
FG. Nous avons commencé par baisser notre masse salariale. Il n'y a pas eu de vaste plan de départs, mais en 18 mois, nous avons tout de même perdu 150 salariés. Nous sommes aujourd'hui 854 dans le groupe. Ensuite, nous avons également baissé notre stock. Nous étions obligés de nous y attaquer parce que cela immobilisait de la trésorerie de manière importante. Il y a eu naturellement un peu de dépréciation sur certains véhicules, mais, au final, pas énormément. Nous avons surtout opéré cette baisse en réduisant nos achats. Sur le VO, comme sur le VN, d'ailleurs. Ce qui n'a pas forcément plu au constructeur. Mais c'était essentiel et cela ne nous a, de toute façon, pas empêchés de réaliser nos objectifs. Enfin, la dernière mesure radicale a été de vendre de l'immobilier que nous possédions personnellement de manière à recapitaliser le groupe. J'insiste sur le fait que nous pouvions céder tout ou partie de nos affaires. Nous ne l'avons pas souhaité. Et si nous avons fait tout cela, c'est parce que nous sommes sûrs de ce que nous faisons. Nous avions confiance en notre stratégie.

JA. Quelle a été l'attitude du constructeur à l'époque où le groupe ne se portait pas bien et affichait notamment un taux d'endettement important ?
FG. Il y a eu deux choses. Les services financiers de Peugeot n'étaient pas inquiets. Nous leur avons détaillé notre plan d'action et ils nous ont témoigné leur confiance. Ils nous ont soutenus. C'était d'ailleurs assez étonnant que le soutien vienne des financiers. Car, du côté commerce, la seule chose qui comptait, c'était de réaliser nos objectifs de pénétration. Ce n'était pas gagné, mais nous l'avons fait. Et heureusement pour nos primes. Nous avions un contrat de 14 000 VN et en avons finalement écoulé 15 218. D'un certain côté, nous faisons plus, mais les marges sont plus faibles. Ce qui n'apporte pas autant de profits que nous l'espérions. Fort heureusement, nous savons très bien qu'il est de plus en plus compliqué d'augmenter son résultat net par le seul biais de l'activité VN. C'est pour cette raison qu'en marge de mesures drastiques prises en 2008, nous avons également mis des actions intelligentes en place dans divers domaines.

JA. Quelles sont ces actions dont vous parlez ?
FG. Sur le véhicule d'occasion, nous avons, par exemple, mis en place notre label Easy Gemy. Ce sont des offres VO de 1er prix avec une garantie boîte, pont et moteur de trois mois. Cela a bien fonctionné. Nous avions commencé sur les sites d'Angers et Toulon, puis nous l'avons déployé sur presque tous nos sites. Désormais, cela représente 15 % de nos volumes VO. C'est donc un succès (voir page 52).

Nous avons également créé un poste transversal au groupe pour l'après-vente, de manière à fluidifier l'activité et la logistique. Il s'agissait pour nous de capitaliser sur notre démarche "5S" un process qualité japonais qui tient en 5 maîtres mots : débarrassage, nettoyage, rangement, ordre et rigueur. Une philosophie se rapprochant du lean management et qui colle aux valeurs de notre entreprise. Sans cesse, nous devons nous appuyer sur notre politique d'amélioration permanente.

JA. Observez-vous des effets visibles de ces deux "nouveautés" dans votre organisation ?
FG. Il est trop tôt pour observer de réels gains en la matière, mais nous voyons en revanche des effets positifs à plusieurs niveaux. A commencer par le comportement de nos conseillers commerciaux services. C'est pour nous très important de nous structurer sur le sujet car tout va passer par l'après-vente à l'avenir. Parce que, encore une fois, les marges sur les véhicules neufs baissent, mais aussi parce qu'il y a fort à parier que nous ne connaîtrons pas un nouveau boost de l'activité VN de sitôt. Le constructeur se penche d'ailleurs sur ce programme "5S" et songe à en faire un standard pour ses réseaux de marque. Ils sont récemment venus voir notre organisation.

JA. Comme vous le précisiez, le groupe Gemy a connu un développement rapide et important qui s'est interrompu brusquement. Cela vous a-t-il forcés à renoncer à certains projets ?
FG. Nous avions en projet de créer un centre Gemy VO puis une nouvelle plateforme PR pour notre plaque Sud. Lorsque nous avons racheté la plaque Sud, le deal était en effet de dupliquer le modèle que nous avions déployé à l'Ouest. Mais depuis, il s'est passé pas mal de choses. Et étant donné notre situation, nous avons donc repoussé ces projets. Celui du centre de véhicules d'occasion est toujours en attente. Nous allons voir comment se porte le marché sur le 2e semestre puis nous prendrons une décision en début d'année prochaine. Quoiqu'il arrive, ce sera rapide. Le terrain nous appartient déjà et il ne tient qu'à nous de mettre les choses en œuvre. Concernant la structure PR que nous voulions ériger sur l'Est de la région varoise, nous allons opérer différemment. Nous allons sans doute davantage en faire un site secondaire de notre plate-forme de Torcé (35). Mais sur le fond, ça n'a rien changé à notre philosophie.

JA. C'est-à-dire ?
FG. Nous avons un projet d'entreprise avec lequel nous fonctionnons depuis toujours. Ce qui permet de manager les équipes de manière différente. Nous voulons laisser la place aux expressions et aux idées du terrain. Nous avons d'ailleurs relancé "Comex", notre comité de réflexion interne. Celui dont les échanges avaient notamment abouti à la création de Gemy PR et de Gemy VO. Nous relançons ce comité de manière à remettre le client au centre de nos préoccupations. Pour l'heure, je ne sais pas ce qui va en sortir, mais je sais que c'est essentiel. Cela nous permet d'être toujours dans l'action, dans la réaction, de créer, d'anticiper, de continuer à nous améliorer en somme. C'est une sorte de kaizen qui est le symbole de notre groupe.

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