Florence Gete : "Les agents doivent s'ouvrir à la mobilité au sens large"
L’électrification est-elle un vrai sujet d’inquiétude exprimé par les agents ?
L’électrification est même source de plusieurs inquiétudes. La première d’entre elles concerne l’après-vente à moyen terme. Les agents se demandent ce que vont devenir leur métier de la mécanique et si, à long terme, il y aura encore un parc à entretenir avec le virage technologique vers l’électrique. Une fois que nous avons levé cette inquiétude en répondant que l’impact sur l’après-vente sera certes bien réel, dans un avenir plutôt lointain d'ailleurs, mais qu’il restera toujours un volume conséquent de modèles thermiques à entretenir, reste une deuxième préoccupation, celle de la formation des techniciens. Si les projections tablent sur une part de marché encore restreinte de véhicules tout électriques – de 15 % environ – à l’horizon 2030, il faudra bien que les agents sachent travailler dessus.
Justement, quelles formations reçoivent les agents ?
Il y a eu une première vague de formation lancée sous l’égide du constructeur et avec l’appui du GNFA, afin que l’ensemble des techniciens et des mécaniciens soient habilités à intervenir sur des véhicules électrifiés. Avec l’arrivée imminente de la nouvelle 208, nous avons en ce moment même un autre gros plan de formation pour les collaborateurs en première ligne qui devront conseiller les clients et répondre à leurs interrogations concernant la recharge par exemple. Autre investissement à consentir pour les agents, celui relatif à l’infrastructure puisque le constructeur va rendre obligatoire un certain nombre de normes et d’équipements. Tous les agents seront par exemple équipés, d’ici la fin de l’année 2020, de deux bornes de recharge standard, l’une dans l’atelier, l’autre sur le parking. L’électrification revêt ainsi un coût non négligeable pour ces petites structures, soit environ entre 5 000 et 10 000 euros selon s’il y a des travaux de génie civil ou non.
Les agents savent-ils déjà quelle proportion de véhicules électrifiés ils devront vendre ?
Nous n’avons pas encore les objectifs 2020, le sujet est actuellement en discussion. Ce qui est certain, c’est que nous n’aurons pas le choix, nous devrons vendre de l’électrifié pour atteindre les objectifs européens d’émissions de CO2 de véhicules neufs. Nous serons donc forcément animés sur ces ventes. Mais même si l’électrification s’effectue à marche forcée, nous sommes tout même plutôt contents de l’arrivée de ces véhicules électrifiés qui répondent à la demande d’une certaine partie des clients. Avec la 208 nous avons une vraie alternative aux propositions de nos concurrents Renault ou Toyota par exemple.
Comment les agents envisagent-ils l’évolution de leur business model ?
Comme nous l’avons souligné, l’électrification aura forcément un impact à long terme sur l’activité après-vente puisque le coût d’entretien des véhicules électriques, qui ne nécessitent ni vidange, ni remplacement de filtres, s’annonce en repli de 30% par rapport à un modèle équivalent thermique. Nous devrons donc nous tourner vers les nouveaux services. On peut par exemple penser que, grâce à leurs bornes électriques, les agents Peugeot pourront devenir des fournisseurs de charge. Bien sûr, ce n’est pas cela qui va nous faire vivre. Nous devons nous ouvrir à la mobilité au sens large à travers la location courte durée de véhicules, de scooters, de vélos. En somme, proposer des services que nous ne considérions pas dans notre giron autrefois. Nous ne pouvons pas nous contenter d'être réactifs, en se demandant en attendant si nous allons perdre une partie de notre business, nous devons anticiper ce mouvement.