Entretien avec Jean-Marie Boistard, président de SGS Automotive : "La profession ne va pas aussi vite qu’on l’aurait souhaité"
...Comment se portent le groupe SGS Automotive et ses deux réseaux de contrôle technique Auto Sécurité et Sécuritest ?
Jean-Marie Boistard. Le groupe SGS Automotive va très bien, j'en veux pour preuve les parts de marché obtenues à fin mai par les deux réseaux du groupe : 16,96 % pour Auto Sécurité avec 878 centres et 17,64 % pour Sécuritest avec 855 centres. Au total, le groupe occupe 34,6 % du marché pour un nombre total de 1 733 centres.
Ces deux réseaux se sont rapprochés en mettant en commun la formation et le savoir-faire technique, tout en gardant leur propre philosophie. Auto Sécurité conserve ainsi son siège à Clichy et Sécuritest reste au Mans. Dès le rapprochement sous la bannière SGS, nous avons entrepris de travailler et de nous améliorer sur trois axes : la technique/formation, la qualité/audit et l'informatique. Nous n'en avons pas encore terminé, mais c'est très encourageant. D'ailleurs, un récent rapport de l'audit annuel de la Drire a conclu de la manière suivante : "Nous n'avons pas grand-chose à mettre dans notre rapport."
JA. Quelle est l'actualité des deux réseaux ?
J-MB. Nous avons bien sûr quelques projets mais je ne peux pas tout dévoiler. Pour l'heure, la priorité c'est la refonte du système informatique. Chacun des réseaux possédait le sien (Adélaïde pour Sécuritest et Autosoft pour Auto Sécurité). Nous allons le repenser en un seul logiciel : Adelsoft. Pour le reste de l'actualité, nous poursuivons notre campagne médias. Ainsi, nous allons parrainer l'émission Turbo sur M6 avec Sécuritest et RTL ouvrira ses programmes à notre réseau Auto Sécurité pour une campagne sur la sécurité.
JA. Le groupe SGS n'est toujours pas intéressé par un développement dans l'activité poids lourds ?
J-MB. Il serait faux de dire que nous ne sommes pas intéressés par l'activité du contrôle technique poids lourds. Au contraire, nous la suivons de près. Toutefois, au moment où l'activité PL a été externalisée au secteur privé, le groupe avait d'autres ambitions. Ainsi, en 2004, je vous rappelle que le groupe SGS avait repris Auto Sécurité puis Sécuritest un an après. Il aurait été difficile de s'engager parallèlement dans le rachat de sites poids lourds. Aujourd'hui, nous digérons ces acquisitions et consolidons nos deux réseaux.
JA. Quel regard portez-vous sur la profession aujourd'hui ?
J-MB. Je trouve que cette profession du contrôle technique ne va pas aussi vite qu'on pourrait le souhaiter. La réglementation n'a pas ou peu évolué. Même si les nouveaux arrêtés et les changements de réglementation concernant l'OBD et le contrôle des amortisseurs nous ont fait faire un pas en avant. Nous allons dans le bon sens et peu à peu nous sentons une profession qui mûrit et finit par se stabiliser.
Je me souviens il y a quelque temps j'avais défrayé la chronique en affirmant que d'ici la fin de la décennie il y aurait moins de centres. La tendance actuelle semble me donner raison. Ainsi, à la fin mars, le nombre de centres n'avait quasiment pas bougé, ce qui est un signe encourageant. Nous sommes actuellement en plein cœur de la génération baby-boom, beaucoup de dirigeants de centres devraient quitter leurs fonctions d'ici peu ce qui suppose que de nombreux centres sont condamnés. Sans parler des difficultés comme la faible rentabilité, le manque de place ou l'activité peu développée.
JA. Après ce constat, comment voyez-vous l'avenir de la profession à court et moyen terme ?
J-MB. Ce que je viens de dire n'est pas forcément pessimiste mais résulte d'une certaine logique. Malgré tout, je vois l'avenir très sereinement et il n'y a aucune crainte à avoir sur l'avenir du contrôle technique en France mais également dans le monde. Il y a quelques années cette profession n'existait pas dans certains pays et il se trouve qu'elle se développe désormais.
En outre, je parlais de l'OBD plus haut mais ce n'est qu'un premier stade, d'ici peu nous pourrons intervenir dans d'autres domaines et pourquoi pas déterminer en profondeur l'état d'un véhicule ? Nous pourrons peut-être intervenir sur le moteur et l'origine du moteur ? Ce sont pour l'heure des hypothèses qui seront peut-être à l'ordre du jour. C'est enthousiasmant et passionnant.
Propos recueillis
par Tanguy Merrien
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