Dirk van der Werf, cofondateur de AB Intermédiaires
Journal de l'Automobile. Comment se porte actuellement le marché de l'occasion en Hollande et comment évolue-t-il ?
Dirk van der Werf. Hormis certains modèles comme les 4x4, les grosses berlines et quelques monospaces, le marché de l'occasion n'est pas trop en difficulté. Contrairement à la France, la prime à la casse n'a eu que peu d'impact sur le marché du VN. Nous avons constaté que la valeur des véhicules a baissé à partir de janvier et commence à repartir à la hausse depuis mai. Comme l'économie ne se porte pas très bien, les loueurs longue durée conservent les véhicules plus longtemps. Ils rallongent la durée des contrats à 5 ans et 180 000 km contre 4 ans et 150 000 km auparavant. Dès lors, nous assistons à une pénurie de voitures entre 2 ans et 8 ans. Il est aussi difficile de trouver des VO essence.
JA. Quelles sont les caractéristiques des principaux acteurs de ce marché ?
DVDW. Il n'y a pas en Hollande de réseaux de distribution 100 % VO ou de gros marchands indépendants présents sur plusieurs villes comme en France. Les ventes entre particuliers sont moins importantes qu'en France. Les Hollandais préfèrent se faire reprendre le VO par le concessionnaire. Les distributeurs sont ensuite soumis au label occasion des constructeurs. Mais l'activité occasion n'est pas délaissée et les constructeurs essayent vraiment d'aider le réseau sur le VO.
JA. Ce marché demeure-t-il peu orienté vers l'exportation ?
DVDW. Il est devenu intéressant d'exporter des voitures d'occasion depuis seulement octobre 2006 et l'instauration de la loi qui permet de récupérer les taxes à l'exportation*. Avant, il y avait un gros blocage. Seuls les véhicules utilitaires et les véhicules industriels sont vendus à l'étranger depuis longtemps. Aujourd'hui, par exemple, sur une 207 HDi de 2007, je peux récupérer 2 500 euros à l'exportation.
JA. Les professionnels hollandais se sont-ils engouffrés dans cette brèche ?
DVDW. Nous n'avons pas observé une forte augmentation de sociétés qui se sont spécialisées du jour au lendemain sur les exportations. Nous avons vu cependant des entreprises qui existaient déjà, qui avaient une activité de ventes de VO à professionnels, et qui ont commencé à vendre en Allemagne ou dans les pays de l'Est. Nous sommes l'un des seuls à exporter vers la France.
JA. Quel est l'intérêt pour des professionnels français d'acheter des voitures en provenance de Hollande ?
DVDW. Notre pays est tout plat, les voitures sont bien entretenues et de qualité, occasionnant généralement peu de frais de remise en état malgré l'âge. Nous avons des bons retours de nos clients qui nous disent que nos VO sont de bien meilleure qualité qu'en Espagne, par exemple.
JA. Quel a été le développement de votre société en France ?
DVDW. Avec mon associé, Leo Lafleur, nous étions déjà organisés pour exporter des VO vers la France en 1994 car la loi qui permet de récupérer les taxes à l'exportation de VO devait déjà être effective à cette époque. Depuis 1991, nous sommes déjà actifs sur l'exportation de voitures neuves avec la France mais nous avons donc dû attendre 12 ans pour commencer à vendre des VO ! Aujourd'hui, nous travaillons avec environ trente clients réguliers, essentiellement des professionnels indépendants ainsi que quelques agents de marque. Nous ne travaillons pas sur commande, c'est très difficile. La plupart des VO que nous proposons sont des voitures de retour de location longue durée avec une totale transparence sur l'historique du véhicule grâce au système SchadeCheck. Il s'agit de VO de 3 ans maximum qui ne dépassent pas les 100 000 km.
JA. Quel bilan tirez-vous de votre activité en 2009 ?
DVDW. Nous allons vendre 500 VO en 2009 dont 250 à l'import et 250 à l'export. Même si je pense que l'exportation vers la France va commencer à prendre le pas sur les importations en fin d'année. C'est lié notamment à la demande et à la disponibilité des véhicules aux Pays-Bas. Au final, le bilan est très bon et nous allons augmenter nos ventes de VO en France par rapport à l'an passé.
Propos recueillis par Benoît Landré
*Cette taxe appelée BPM, payable lors de l'immatriculation, et dont le montant correspond à 45,2 % du prix hors taxe du véhicule a été mise en place en 1990. Depuis le 16 octobre 2006, il est désormais possible de récupérer une grosse partie de la taxe pour l'exportation des VO.
FOCUSLe VO néerlandais • Immatriculations de janvier à juillet 2009 : 1 586 820 unités |
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